OBUS ET URANIUM APPAUVRI, LA CRIIRAD CONTRE ATTAQUE L'INTOX MÉDIATIQUE !
En mars 2023, le Royaume-Uni a annoncé son intention de livrer à l'Ukraine de munitions supplémentaires : des obus à l’uranium appauvri.
"Prisé par l’industrie militaire, l’uranium appauvri est un sous-produit de l’enrichissement de l’uranium. Il est bon marché et 1,7 fois plus dense que le plomb, ce qui lui permet de perforer n’importe quel blindage, même ceux des chars les plus résistants.
Les obus en uranium appauvri ont été massivement utilisés lors des guerres du Golfe en 1991 et 2003 ainsi que dans les Balkans, en Serbie et au Kosovo. Durant les deux guerres du Golfe, 480 tonnes de munitions de ce type ont été utilisées en Irak."
https://reporterre.net/En-Ukraine-des-chars-avec-de-l-uranium-appauvri
La plupart des médias ont minimisé le danger de ces armes. Euronews l'explique pourtant dans un article.
"Avant le tir, les militaires affirment que ces projectiles sont sûrs, dans la mesure où les règles de sécurité les plus élémentaires sont respectées : les faibles radiations ne peuvent pas pénétrer la peau et les vêtements.
Mais lorsque ce type de projectile pénètre un blindage, un nuage de minuscules fragments, sorte de poussière, est produit. C'est cette poussière radioactive et toxique - constituée en grande partie d'oxydes d'uranium - qui constitue un danger tant pour l'équipage du véhicule touché, car la poussière peut pénétrer dans les poumons et le tube digestif, que pour les civils, car elle peut s'infiltrer dans le sol et l'eau.
Les premières études sur les dangers de la poussière d'uranium sont apparues au milieu des années 1990, après l'opération Tempête du désert, au cours de laquelle des obus à uranium appauvri ont été utilisés pour la première fois et en très grande quantité.
Plusieurs dizaines de chars et de véhicules américains d'infanterie ont été neutralisés par des "tirs accidentels" venant du camp allié. Environ 170 soldats américains ont été blessés ou ont été en contact d'une manière ou d'une autre avec de la poussière d'uranium.
À ce titre, des études menées sur ces hommes n'excluaient pas que l'uranium appauvri puisse être l'une des causes du "syndrome de la guerre du Golfe", ces affections chroniques et variées, mal expliquées, dont souffrent les anciens soldats.
Les opérations en ex-Yougoslavie ont pour leur part donné naissance au "syndrome des Balkans", où l'uranium appauvri a été évoqué : des soldats issus de plusieurs pays européens semblent avoir été affectés, des cas de leucémie ayant été signalés. Dans le seul contingent belge, cinq militaires sont décédés subitement"
https://fr.euronews.com/2023/03/29/ukraine-ce-quil-faut-savoir-sur-les-munitions-a-uranium-appauvri
L'article de Reporterre apporte des informations complémentaires :
"Des médecins et experts en santé publique ont ainsi avancé l’hypothèse que l’uranium appauvri pourrait être à l’origine de la hausse sans précédent des cas de malformations congénitales et de cancers observés dans les régions d’Irak où les combats ont été les plus violents. En 2021, une étude publiée dans la revue scientifique BMJ Global Health concluait que « les preuves disponibles suggèrent des associations possibles entre l’exposition à l’uranium appauvri et les effets néfastes sur la santé de la population irakienne »."
Depuis le début des années 2000, un certain nombre d'organisations réclament l'interdiction ou la limitation de l'utilisation des projectiles à l'uranium appauvri.
C'est notamment le cas de la CRIIRAD, qui s’est battue (avec succès) pour que l’utilisation de l’uranium appauvri soit interdite dans les biens de consommation courante en France (même si des personnes possèdent encore sans en être conscientes, des objets divers qui contiennent des colorants à base d’uranium appauvri). Interviewé le 27/3/2023 à 9H40 sur LCI, Bruno Chareyron a contredit un amiral qui affirmait que « l’uranium appauvri a moins de radioactivité qu’un granite de Bretagne ».
En effet, la radioactivité totale d’une tête d’obus à l’uranium appauvri est de plusieurs dizaines de millions de Bq/kg quand celle du granite est de quelques milliers de Bq/kg.
>> https://youtu.be/xP-sqP-MsUQ
Les discours scientifiquement erronés sur la radioactivité de l’uranium appauvri sont à l’origine de la banalisation de l’utilisation de cette matière pour des usages civils et militaires. Voir l’ouvrage « Les armes à l’uranium appauvri, jalons pour une interdiction » auquel la CRIIRAD a contribué.
>> https://www.grip.org/product/les-armes-a-uranium-appauvri-jalons-pour-une-interdiction/
Dans le film documentaire “Dans les poubelles des marchands d’armes” de Sophie Le Gall et Linda Bendali (2012) qui porte sur les impacts sanitaires liés à des tests d’armes près de Bourges, ainsi que sur le centre militaire de Salto Di Quirra en Sardaigne, Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD effectue des mesures sur un obus contenant de l’uranium appauvri puis sur un objet contenant du thorium 232.
>> https://www.youtube.com/watch?v=uP_UECJBc9o (extrait du documentaire)
Dans cet extrait vidéo, des mesures sont effectuées avec un scintillomètre gamma sur un obus à l’uranium appauvri. Le débit de dose gamma est 50 fois supérieur au bruit de fond. D’autres mesures (qui n’apparaissent pas dans la vidéo) montrent que le débit de dose beta-gamma à la peau est de 2 000 microSieverts par heure (TLD LiF CENG) soit 20 000 fois le niveau naturel. A 30 centimètres, le débit de dose beta-gamma à la peau est encore de 25 µSv/h (TLD LiF CENG).
Voir aussi la vidéo de 2023 où des mesures sont effectuées avec un contaminomètre alpha-bêta-gamma sur un carreau coloré avec des pigments d’uranium appauvri. Il contient moins de 0,5 grammes d’uranium appauvri quand un obus contient des centaines de grammes, voire plusieurs kilogrammes.
>> https://www.youtube.com/shorts/dJW2zvXRf0Q.
Source, article du 27/03/2023 de la CRIIRAD, "Désinformation sur la radioactivité de l’uranium appauvri" : https://www.criirad.org/27-03-2023-desinformation-sur-la-radioactivite-de-luranium-appauvri/