GÉO-INGÉNIERIE

Publié par Résistance verte

PROJETS FOUS DE LA GÉO-INGÉNIERIE POUR CONTRER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

« Géo-ingénierie » : ce terme désigne les interventions à grande échelle sur l’environnement destinées à contrer le changement climatique. Mais manipuler la nature comporte des risques inconnus, et la mise en place de politiques d’intervention climatique à l’échelle planétaire serait sans doute complexe. Florilège des projets les plus fous.

Éliminer le dioxyde de carbone

Environ la moitié des émissions mondiales annuelles de CO2 s’échappent naturellement de l’atmosphère. En général, les stratégies de séquestration que nous imaginons (restauration des forêts ; fertilisation des océans avec des ions de fer pour accélérer la croissance du plancton…) stimulent des processus naturels. Autre approche : deux start-up nord-américaines et une firme suisse ont construit des usines pour piéger de petites quantités du carbone présent dans l’air.

Injecter des aérosols stratosphériques

L’éruption du mont Pinatubo, aux Philippines, en 1991, a craché du dioxyde de soufre dans la stratosphère. Ce SO2 a renvoyé une partie du rayonnement solaire vers l’espace, abaissant momentanément la température sur la Terre d’un demi-degré. Une idée inspirée de cet événement (injecter des particules de sulfate dans l’atmosphère supérieure) est la proposition de géo-ingénierie ayant suscité le plus d’intérêt. Mais ce ne serait qu’un moyen de masquer temporairement les effets du réchauffement climatique.

Lancer un parasol spatial

Le projet de géo-ingénierie le plus audacieux : envoyer des milliers de milliards de disques super fins et légers en orbite, à 1,5 million de kilomètres de la Terre, pour réfléchir la lumière du Soleil. Mais déployer cet écran pourrait être extrêmement coûteux et long : vingt lanceurs électromagnétiques devraient larguer 800 000 disques dans l’espace toutes les cinq minutes pendant dix ans.

Ensemencer des nuages marins

Les nuages marins couvrent un cinquième de la surface terrestre et contribuent déjà à abaisser les températures. Les faire grossir pourrait accentuer le phénomène. John Latham, un physicien, propose d’injecter des gouttelettes d’eau dans les nuages pour bloquer plus de rayonnement solaire. Stephen Salter, un ingénieur, imagine des navires sans pilote, contrôlés par satellite et alimentés à l’énergie éolienne, qui sillonneraient les océans en projetant de l’eau de mer en l’air. Deux idées pas encore testées

http://www.nationalgeographic.fr/environnement/2015/12/les-projets-fous-de-la-geo-ingenierie-pour-contrer-le-changement-climatique


SCIENTIFIQUES, MILLIARDAIRES ET MILITAIRES
S’ALLIENT POUR MANIPULER L’ATMOSPHÈRE

Sophie Chapelle 2013

Pulvériser du soufre dans la stratosphère, modifier la chimie des océans… Pour contrer le réchauffement climatique, des techniques de manipulation du climat à grande échelle sont à l’étude. Des projets déjà expérimentés, hors laboratoire et sans aucun contrôle international, qui attirent scientifiques, milliardaires et compagnies pétrolières. Alors que des organisations de la société civile demandent un moratoire, les militaires s’y mettent et appellent à se doter d’armes météorologiques. La « géo-ingénierie », une nouvelle menace environnementale et… anti-démocratique ?
Dans les arcanes gouvernementales, on la surnomme « le plan B ». Son vrai nom, la « géo-ingénierie ». Pour contrer le réchauffement climatique, plutôt que de miser sur les réductions de gaz à effet de serre, des chercheurs étudient des dispositifs de manipulation du climat à grande échelle. Au menu, des techniques allant de l’ensemencement en fer des océans à la gestion du rayonnement solaire. Des expérimentations sont déjà menées. Considérées comme fantaisistes il y a vingt ans, ces recherches sont désormais suivies de près par les gouvernements. L’ONG internationale ETC Group, qui travaille sur les technologies émergentes, a publié une carte de ces expériences de géo-ingénierie et de modifications du climat, depuis 60 ans. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Australie font partie des trois zones les plus actives (en rouge sur la carte) en terme de géo-ingénierie.

Modifier la composition chimique des océans

Quelque 45 techniques de géo-ingénierie sont recensées dans l’encyclopédie Wikipedia. Clive Hamilton, dans son livre Les apprentis sorciers du climat [1], examine huit d’entre elles, considérant les autres comme « purement imaginatives », voir « spéculatives ». Chercheurs et investisseurs se concentrent principalement sur les techniques de capture du carbone, avec un intérêt particulier pour les océans. Nos océans constituent une formidable éponge à carbone grâce au rôle joué par les phytoplanctons, qui fournissent par photosynthèse plus de la moitié de l’oxygène de la planète. Pour favoriser l’éclosion de ces planctons marins, une douzaine d’expériences de « fertilisation en fer » ont été conduites par les scientifiques depuis le début des années 90.
Une expérience de trois mois conduite dans l’océan Austral en 2009 a refroidi les espoirs placés dans l’ensemencement en fer. Quatre tonnes de poussières de fer ont été éparpillées sur une zone de 300 km2. Rapidement, une efflorescence de phytoplanctons est observée, mais elle s’arrête au bout de deux semaines. La fertilisation des mers grâce au fer ne donnerait donc naissance à du phytoplancton que pour un court laps de temps. « Ensemencer les mers de fer n’est pas non plus sans conséquence écologique, ajoutent les auteurs de l’ouvrage Scénarios d’avenir [2]. Accroitre leur teneur en fer contribue à accélérer le processus déjà en cours d’acidification des océans. » La fertilisation peut aussi avoir des répercussions sur toute la chaine alimentaire marine. Ces risques n’ont toutefois pas empêché un businessman californien de déverser 100 tonnes de sulfate dans l’océan Pacifique, sur une zone de 10 000 km2, en toute illégalité, en juillet 2012 (lire notre article).

Pulvériser du soufre dans la stratosphère

Autre technique en vogue, la pulvérisation d’aérosols soufrés. En 1991, les cendres projetées dans l’atmosphère par le mont Pinutabo assombrissent suffisamment la Terre pour la refroidir d’environ 0,5°C pendant une année. Avant que la situation ne revienne à la normale une fois le nuage de cendres retombé au sol [3]. Partant de ce constat, la Royal Society, l’académie des sciences britanniques, considère la pulvérisation d’aérosols soufrés dans la stratosphère comme « la plus prometteuse » des méthodes de gestion du rayonnement solaire [4]. Ces minuscules particules d’aérosols seraient pulvérisées sous forme de dioxyde de soufre, de sulfure d’hydrogène ou d’acide sulfurique. Paul Crutzen, prix Nobel de chimie, a estimé à 5 millions de tonnes par an la quantité de soufre nécessaire pour bloquer environ 2 % du rayonnement solaire !
Imaginez une flotte d’aéronefs, volant à haute altitude, équipés de réservoirs et de dispositifs de pulvérisation. L’utilisation de canons de l’artillerie navale, de ballons ou d’un tuyau suspendu dans le ciel sont également à l’étude... Si ces aérosols étaient pulvérisés par des avions de chasse, il faudrait chaque année un million de vols d’une durée de 4h chacun ! [5] D’autres études évoquent des impacts sur le niveau des précipitations. Cette technique pourrait gravement perturber la mousson indienne, compromettant les ressources alimentaires de près de 2 milliards de personnes. Dernière objection de taille : « L’impossibilité de tester cette technique sans mise en œuvre grandeur nature », conclut Clive Hamilton.

Des brevets qui attirent les milliardaires

Un duo de scientifiques nord-américains est très impliqué dans la recherche en géo-ingénierie : David Keith, physicien, et Ken Caldeira, spécialiste des sciences de l’atmosphère. David Keith détient avec d’autres le brevet du « Planetary Cooler » (réfrigérateur planétaire), un dispositif d’absorption du carbone. Il a créé une start-up, Carbon Engineering Ltd, pour développer une technique de capture de CO2 dans l’air, à l’échelle industrielle. Parmi les investisseurs de ces sociétés : Bill Gates, mais aussi le milliardaire canadien N. Murray Edwards, magnat du pétrole qui a fait fortune dans les sables bitumineux en Alberta. Quant à Ken Caldeira, il est associé à Bill Gates au sein de la société Intellectual Ventures, qui a fait breveter plusieurs technologies, notamment le « StratoShield » (strato-bouclier) : des tuyaux suspendus à des ballons dirigeables dans le ciel permettant de disperser des aérosols soufrés.
Bill Gates a engagé plusieurs millions de dollars pour financer la recherche en géo-ingénierie [6], et aider au financement d’une série de rencontres sur la géo-ingénierie. La deuxième fortune mondiale a soutenu financièrement deux scientifiques de Harvard pour tester au Nouveau-Mexique du matériel visant à injecter des minuscules particules dans la stratosphère (lire notre article). Il a aussi investi dans la société Silver Lining qui travaille sur les techniques d’éclaircissement des nuages marins. « Pas moins de 10 personnes affiliées à Silver Lining figurent parmi les 25 auteurs d’un des principaux articles sur l’éclaircissement des nuages » relève Clive Hamilton. Richard Branson, un autre milliardaire, propose une récompense de 25 millions de dollars dans le cadre du défi « Virgin Earth Challenge » à quiconque concevra le meilleur plan pour extraire le carbone de l’atmosphère.

Solution miracle pour les pétroliers et les conservateurs

« Ceux-là mêmes qui contestent la réalité du réchauffement montrent un intérêt croissant pour l’ingéniérie du climat », souligne Clive Hamilton (lire notre article sur les climatosceptiques). Quoi de mieux que cette solution miraculeuse permettant de ne pas changer le mode de développement actuel et sa consommation massive d’énergies fossiles ? Plusieurs compagnies sont sur les rangs, à l’instar de la Royal Dutch Shell qui finance une étude sur l’ajout de chaux dans les mers. Steven Koonin, alors directeur scientifique du géant pétrolier BP (avant de travailler au département de l’Énergie des États-Unis), est à l’origine d’une réunion d’experts pour le compte de l’entreprise Novim Group. Elle a abouti en 2009 à un rapport influent sur l’ingénierie du climat.
La géo-ingénierie est aussi appuyée par plusieurs think tanks conservateurs. « La géo-ingénierie apporte la promesse d’une réponse au réchauffement climatique pour seulement quelques milliards de dollars par an. Au lieu de pénaliser les Américains moyens, nous aurions la possibilité de répondre au réchauffement climatique en récompensant l’inventivité scientifique... Stimulons l’ingéniosité américaine. Assez du diktat vert », a déclaré le républicain Newt Gingrich, ancien président de la chambre des représentants des États-Unis. Tout est bon pour maintenir la société de consommation à son niveau actuel. Un intérêt stratégique qui n’a pas échappé aux forces armées.

Développer les « armes météorologiques »

Cela fait des décennies que les stratèges militaires veulent « faire de la météo une arme ». Au milieu du 20ème siècle, Bernard Vonnegut, un physicien américain, découvre la capacité de l’iodure d’argent à agglomérer la vapeur d’eau des nuages en gouttes. II suffit donc d’ensemencer les nuages avec ce composé inorganique pour faire pleuvoir – quasiment – à volonté. En 1967, l’US Air Force lance l’opération Popeye. Chaque jour, des avions bombardent les nuages vietnamiens d’iodure d’argent, modifiant la climatologie locale, pour tenter d’embourber les lignes de communication de la guérilla communiste [7]. Ce premier usage guerrier de la géo-ingénierie sera dévoilé le 3 juillet 1972 par le New York Times. Il faudra quatre ans de négociations pour que les Nations Unies adopte une Convention interdisant la modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles [8]. Mais en 1996, des officiers de l’US Air Force rendent un rapport appelant les États-Unis à de doter d’armes météorologiques d’ici… 2025.
« Parmi les scientifiques travaillant dans l’armement s’est développée l’idée que la compréhension et le contrôle exercé sur la technologie suffiraient à les rendre sûres », analyse Clive Hamilton. Edward Teller, à qui est attribuée la co-paternité de la bombe H, propose en 1997 de prévenir le réchauffement de la planète en bombardant l’atmosphère de particules qui réfléchiraient la lumière incidente du soleil. Coût : un milliard de dollars. « Comme d’autres, Teller ressent la fascination du nucléaire et de la puissance de la technologie moderne, soulignent les auteurs de Scénarios d’avenir. C’est probablement de cet enthousiasme obsessionnel pour les armes atomiques et de cette très puissante "arrogance technologique" que Teller en est venu à la géo-ingénierie ».
En octobre 2011, un autre rapport soutenant fortement la recherche en géo-ingénierie est publié par le think tank Bipartisan Policy Center. Le journaliste du Guardian John Vidal décrit ce groupe de travail comme « la crème du lobby scientifique et militaire émergent en faveur de la gé-oingénierie » [9]. Parmi ce lobby, David Wehlan, directeur des systèmes de défense chez Boeing qui a travaillé pendant de nombreuses années sur des projets d’armement à la DARPA, l’agence de recherche du Pentagone. La DARPA a elle-même convoqué une réunion sur la géo-ingéniérie. Une étude commandée par le Pentagone en 2003 conseillait déjà d’examiner de manière urgente les options de géo-ingénierie pour contrôler le climat... [10]

Quel pays aura la main sur le « thermostat planétaire » ?

Cette arrogance technologique américaine a son pendant en Russie. Le scientifique russe Yuri Izrael, vice-président du Giec jusqu’en 2008, a été le premier à conduire une expérimentation en situation réelle de dispersion d’aérosols, par hélicoptère à basse altitude. Connu pour son climato-scepticisme, il défend la géo-ingénierie plutôt que les réductions d’émissions. « En Chine, des tensions existent déjà entre les provinces au sujet de l’ensemencement des nuages pratiqué depuis longtemps dans le pays, certaines provinces accusant les autres de "voler leur pluie" », pointe également Clive Hamilton. Aujourd’hui, la géo-ingénierie devrait requérir une gouvernance mondiale morale et politique, selon ETC Group. Or, la probabilité que les 193 membres des Nations Unies se mettent d’accord est très faible.
« Si un filtre solaire était entièrement déployé pour réduire la température de la terre, il faudrait au moins dix ans d’observations climatiques mondiales pour séparer les effets de ce filtre, des autres causes liées à la variabilité climatique », illustre Clive Hamilton. Comment savoir par exemple si une sécheresse en Inde ou au Pakistan est causée par le réchauffement climatique ou par ce filtre solaire ? « Et si l’Inde souffre des effets des variations mondiales, alors que les États-Unis bénéficient d’un temps plus clément, il importe beaucoup de connaitre le pays ayant la main sur le thermostat planétaire ».

Quand la science fiction devient une option politique

Dans les années 90, ces projets de manipulation délibérée du climat étaient majoritairement considérés comme de la sympathique science-fiction, ou comme des diversions détournant des politiques de réduction des émissions. « Ce qu’il y a de nouveau, c’est que la géo-ingénierie est sortie de certains cercles fermés de scientifiques, académiques et autres groupes de recherche pour entrer dans les salles de négociation intergouvernementales », commente Joëlle Deschambault, d’ETC Group. Ces techniques sont ainsi mentionnées dans le « résumé à l’intention des décideurs », du dernier rapport du Giec rendu public le 27 septembre 2013.
Le rapport du Giec évoque deux techniques : la gestion du rayonnement solaire et l’élimination du dioxyde de carbone [11]. Les auteurs conviennent qu’ils disposent d’une mince littérature scientifique pour véritablement évaluer ces techniques et leurs impacts. Selon une source proche du ministère du Développement durable, l’idée d’intégrer la géo-ingénierie dans le dernier rapport du Giec remonte à une réunion de 2010 en Corée du Sud. « Il commençait à y avoir des publications dans ce domaine-là, et les représentants des différents pays ont jugé qu’il valait mieux en parler », précise t-il à Basta !. Pour Geneviève Azam de l’association Attac, cette seule évocation leur donne une légitimité, en dépit du moratoire des Nations unies sur ces technologies adopté en 2011 [12].

Les lacunes du droit international

« Tant que n’aura pas lieu un débat approfondi visant à établir comment les divers pays souhaitent procéder en la matière, un moratoire sur l’ensemble des activités de géo-ingénierie hors laboratoire représente la seule voie sensée »,préconise ETC Group. Un certain nombre de traités stipulent déjà l’interdiction de causer des dommages transfrontaliers. Les pays de la Convention de Londres, qui réglemente les rejets en mer, et ceux de la Convention sur la diversité biologique, ont adopté des résolutions interdisant les expériences d’ensemencement par le fer, sauf sous certaines conditions, des études d’impact préalables et un encadrement strict.
Mais le droit international présente d’énormes lacunes. Aucun texte par exemple n’empêche un individu de déployer un bouclier solaire par dispersion d’aérosols soufrés.... Les pays ne sont pas davantage respectueux du droit international de l’environnement. En 2008, l’Allemagne a déclaré que la résolution de la Convention sur la diversité biologique était « non contraignante », lorsque son ministère de la Recherche a décidé d’approuver une expérience de fertilisation des océans avec du fer.

Les nouveaux apprentis sorciers du climat

Une des options portées par des organisations de la société civile serait de créer un nouveau traité ou une nouvelle agence internationale de supervision des différentes techniques de géo-ingénierie. En attendant, les recherches et expérimentations à ciel ouvert se poursuivent. Le gouvernement chinois a inscrit récemment la géo-ingénierie parmi ses priorités de recherche en géosciences, rappelle Clive Hamilton. En France, l’Agence nationale de la recherche finance un atelier de réflexion prospective sur la géo-ingénierie, qui devrait aboutir à un rapport fin 2013.
« Les travaux récents en sciences du système Terre ont fait progresser notre connaissance de manière significative mais ils ont également révélé l’étendue vertigineuse de notre ignorance », rappelle Clive Hamilton. Les modifications du système climatique ne peuvent être isolées des modifications des autres éléments du système Terre. Quelques individus et institutions aspirent néanmoins à mener des expériences aux conséquences bien incertaines pour l’ensemble de la planète. Et Clive Hamilton d’interroger : « Ne sommes-nous pas en train de jouer à Dieu, avec les risques que cela comporte ? »

Sophie Chapelle


[1] Clive Hamilton, Les Apprentis sorciers du climat : raisons et déraisons de la géo-ingénierie, coll. Anthropocène, Ed. Seuil, 2013. Pour le commander dans la librairie la plus proche de chez vous, rendez-vous sur lalibrairie.com.
[2] Bertrand Guillaume, Valéry Laramée de Tannenberg, Scénarios d’avenir : futurs possibles du climat et de la technologie, Armand Colin, 2012.
[3] Alan Robock, Martin Bunzl, Ben Kravitz et Georgiy L. Stenchikov, « A test for geoengineering ? », Science, vol. 327, 29 janvier 2010.
[4] La stratosphère est la couche de l’atmosphère terrestre située entre 10 et 15 km au dessus du sol (en comparaison, l’Everest culmine à environ 9 km). Lire le document de la Royal Society.
[5] Philip Rasch et al., « An overview of geoengineering of climate using stratospheric sulphate aerosols », p. 4015.
[6] Dans le cadre du fonds pour la recherche innovante sur le climat et l’énergie
[7] Cette opération visait à ensemencer les nuages d’iodure d’argent afin d’intensifier et de prolonger les moussons saisonnières au Laos, et ainsi rendre difficilement praticables la piste Hô Chi Minh aux camions de ravitaillement du Viêt Nam Nord destinés à alimenter et armer le Viêt Cong au sud.
[8] Signée en 1976, la Convention de l’ONU sur l’interdiction des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles bannit la mise en œuvre de « toute technique ayant pour objet de modifier - grâce à une manipulation délibérée de processus naturels - la dynamique, la composition ou la structure de la Terre, y compris ses biotes, sa lithosphère, son hydrosphère et son atmosphère, ou l’espace extra-atmosphérique. »
[9] Voir l’article.
[10] Voir ici.
[11] Voir page 21 du Résumé à l’attention des décideurs. Source
[12] La communauté internationale a adopté en octobre 2011 un moratoire sur les activités de géo-ingénierie, avec une exception pour les expérimentations scientifiques à petite échelle, menées dans un environnement contrôlé et sous juridiction nationale.

https://www.bastamag.net/Geo-ingenierie-scientifiques

LA GÉO-INGÉNIERIE ARRIVE DANS LE DÉBAT

Fin 2015, 195 pays se sont engagés à contenir la hausse de la température mondiale "bien en deçà de 2°C" voire 1,5°C par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle. Mais l'accord de Paris ne précise pas comment et quand ces objectifs doivent être atteints.
Or la température a déjà augmenté d'un degré, entraînant tempêtes tropicales et vagues de chaleurs meurtrières, incendies... Des conséquences dramatiques qui indiquent que le temps ne joue pas en notre faveur et que l'éventail des solutions se rétrécit.

Michael Taylor, spécialiste de l'atmosphère à la West Indies University, a rappelé cette semaine à Berlin l'urgence d'agir après les deux cyclones de catégorie 5 qui ont récemment dévasté les Caraïbes. "Le climat de la région va tellement changer qu'il ne va pas seulement être inhabituel, il sera sans précédent", a-t-il déclaré.
"Il est devenu très clair que parvenir aux 2°C, et plus encore à 1,5°, dépendra beaucoup de notre capacité à extraire de grandes quantités de CO2 de l'atmosphère", a dit Naomi Vaughan, climatologue à l'Université d'East Anglia (Grande-Bretagne), devant les scientifiques réunis pour la 2e Conférence d'ingénierie du climat.
De fait, 90% des projections climatiques du groupe d'experts du Giec donnent un rôle clé à ces "émissions négatives" (retirer du CO2 de l'atmosphère) si le monde veut rester sous les 2°C.
Parmi les projets de capture du CO2 figurent l'intensification de l'érosion des roches (phénomène qui absorbe le CO2), la production à grande échelle de charbon de bois à partir de déchets organiques, la récupération du CO2 émis par la combustion de biocarburant ou encore l'aspiration du dioxyde de carbone contenu dans l'atmosphère.
La plantation massive d'arbres - qui stockent le CO2 - est elle aussi considérée comme faisant partie des méthodes d'élimination du dioxyde de carbone.

Une pente dangereuse ?

L'autre approche, beaucoup plus controversée, le contrôle du rayonnement solaire, consiste à renvoyer assez de rayons solaires dans l'espace pour abaisser la température mondiale d'un degré ou deux.
La méthode consisterait à injecter dans la stratosphère des milliards de particules réfléchissantes, ou à accroître par des procédés chimiques la brillance de nuages.
"Il sera très difficile d'atteindre l'objectif de l'accord de Paris de rester sous les 2°C sans avoir recours à au moins une, si ce n'est deux, de ces formes de géo-ingénierie", estime Mark Lawrence, directeur de l'Institute for Advanced Sustainability Studies basé à Potsdam.

Mais pour certains scientifiques, la géo-ingénierie est une pente dangereuse.
"Elle détourne l'attention de la nécessité de réduire les émissions" de gaz à effet de serre, estime Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l'Université catholique de Louvain et ancien vice-président du Giec. "Retirer le CO2 donne l'illusion que nous pouvons continuer à utiliser les énergies fossiles indéfiniment", a-t-il déclaré à l'AFP.
D'autres experts s'inquiètent surtout d'une manipulation du rayonnement solaire.
"C'est la première fois depuis le développement des armes nucléaires que nous avons un ensemble de technologies porteuses de conséquences sur la Terre ainsi que sur la société humaine, à une échelle planétaire", souligne Arunabha Ghosh, président du Conseil de l'énergie, de l'environnement et de l'eau à New Delhi.
Le contrôle du rayonnement solaire pourrait notamment perturber les précipitations, et donc l'agriculture, relèvent ces critiques.
Les effets secondaires - réels ou supposés - de cette technique risquent aussi de provoquer des conflits, ajoute Myles Allen, qui dirige le groupe de recherche sur le climat de l'Université d'Oxford. Les pays victimes d'une sécheresse, explique-t-il, pourraient par exemple accuser quiconque utilise le contrôle du rayonnement solaire d'en être responsable.

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat-la-geo-ingenierie-arrive-dans-le-debat_117294

UN TEST POUR REFROIDIR LA TERRE

Fin 2013, le célèbre climatologue James Hansen, militant très engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, s'est fait remarqué (une fois de plus) en publiant avec trois de ces éminents collègues une lettre ouverte. Ces chercheurs estiment que, malheureusement, on ne réussira pas à substituer les énergies renouvelables aux énergies fossiles suffisamment à temps pour limiter le réchauffement climatique sous le seuil de 2 °C et pour assurer une vie décente aux neuf milliards d'humains que portera bientôt la Planète. Il faudrait nécessairement pour cela en passer par une période durant laquelle le nucléaire servira d'appoint, ce qui implique non pas une réduction du nombre des centrales nucléaires mais au contraire leur multiplication.

En France, c'est aussi la thèse que soutient depuis des années Jean-Marc Jancovici, pour qui également, les coûts réels et les contraintes découlant des ENR rendent totalement irréaliste leur mise en place dans les temps pour assurer 100 % des besoins. Toutes ces personnalités ne sont pas du tout opposées à la poursuite d'une vigoureuse montée en puissance des ENR et elles reconnaissent que, bien que la technologie nucléaire deviennent de plus en plus sûre, elle n'est pas sans risque. Mais pour eux, l'effondrement économique et les tensions sociales qui découleront d'un changement climatique catastrophique et d'une réduction importante de l'énergie disponible auront des coûts humains incomparablement plus graves que quelques accidents nucléaires potentiels ou réels (rappelons que les experts de l'OMS et de l'Unscear, l'équivalent du Giec pour les risques nucléaires, ne prévoient pas, pour le moment, de morts du fait de la radioactivité liées à la catastrophe de la centrale de Fukushima).

La géoingénièrie, un outil pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Malheureusement, à part peut-être en Chine, les nations ne semblent se diriger ni vers une réduction suffisamment rapide des énergies fossiles, dont la consommation croît en outre plus vite que la production des ENR, ni dans la direction indiquée par Hansen et ses collègues. Il est donc à craindre que l'on soit un jour contraint de jouer la carte de la géoingénièrie.
Mais une telle aventure ne peut être lancée à la légère tant le remède risque de se révéler pire que le mal. Il faudrait indéniablement de très sérieuses et très importantes recherches avant de jouer à l'apprenti-sorcier avec le climat.
Le physicien David Keith, professeur à l'université de Harvard en est persuadé et lui-même réfléchit à la géoingénièrie depuis les années 1990. L'année dernière (voir l'article ci-dessous), avec des collègues, il avait proposé d'étudier l'impact de l'injection de quantités massives de calcite dans l'atmosphère. Comme certains composés soufrés volcaniques, cette calcite peut modifier la réflectivité de la Terre et donc, en théorie, faire baisser la température de notre planète. Surtout, elle ne devrait pas détruire la couche d’ozone, contrairement au dioxyde de soufre par exemple. Mais comment être certain que cette technique ne produira pas d'effets indésirables ?
Il faut aussi se garder de faux espoirs, qui conduiraient à consommer toujours plus d'énergie fossile et à gaspiller de l'argent dans une géoingénièrie finalement inefficace. En outre, refroidir l'atmosphère est une chose mais continuer à y injecter du gaz carbonique en est une autre car cela revient aussi à injecter du gaz carbonique dans les océans et donc à poursuivre leur acidification, ce qui peut devenir une catastrophe pour les écosystèmes.

Des tests d'injections d'aérosols dans la stratosphère depuis un ballon

David Keith est bien conscient de tout cela et il insiste sur la nécessité de continuer à orienter l'économie de la planète vers un développement durable en la décarbonnant. Mais il insiste vigoureusement aussi sur la nécessité de développer les études sur la géoingénièrie. Ainsi, à l'occasion du forum U.S. Solar Geoengineering Research qui s'est tenu ce mois-ci, il vient d'annoncer que des études préparatoires sont en cours pour lancer dès l'année prochaine un ballon dans la stratosphère afin de réaliser des expériences concrètes.
Le projet doit se faire avec l'aide de World View Enterprises, qui se propose également de démocratiser l'accès à la stratosphère avec des ballons. L'un d'entre eux devrait emporter à 20 km d'altitude un module équipé de capteurs et pouvant libérer plusieurs composés chimiques, comme la calcite mais aussi l'alumine. Il s'agit de voir comment ces composés vont se disperser et comment ils vont réagir avec l'atmosphère au-dessus de l'Arizona.
Les quantités libérées devraient être minimes, de l'ordre du kilogramme, de sorte qu'il ne s'agit pas d'une expérience destinée à refroidir l'atmosphère au-dessus de l'Arizona mais plutôt de tester à très petite échelle ce qui peut se passer avec des composés qui seraient en mesure de le faire. De plus, les chercheurs commenceront avec des particules de glace d'eau. Aucun risque pour le climat ou la météo donc. Des tests avec des composés soufrés sont prévus mais les quantités libérées seront inférieures à celles produites par un jet en une minute...
Nous n'en sommes toutefois pour le moment qu'à des études préparatoires. David Keith et ses collègues veulent avancer prudemment, avec transparence et en communiquant avec des ONG que la géoingénièrie inquièterait. Leur but est de ne pas donner de mauvaises raisons susceptibles d'empêcher des recherches dans ce domaine qui pourrait malheureusement devenir vital dans quelques décennies.

GÉOINGÉNIERIE
Refroidir le climat sans détruire la couche d'ozone

Laurent Sacco 2016

L'Homme a modifié dangereusement le climat en injectant massivement du gaz carbonique dans l'atmosphère. Peut-être pourra-t-il limiter, sur le long terme, les problèmes engendrés par le réchauffement climatique grâce à la géoingénierie. Il serait ainsi possible d'injecter des aérosols capables de refroidir le climat sans toucher à la couche d'ozone.
Il semble malheureusement de moins en moins probable que l'humanité puisse s'entendre et agir suffisamment rapidement pour éviter une augmentation de deux degrés de la température globale moyenne de la planète. Au-delà de cette température, la stabilité du climat ne sera plus garantie et il y aura des réfugiés climatiques à gérer. Par ailleurs, le manque d'eau et des pics de températures infernales risquent de se faire cruellement sentir dans la région allant de l'Afrique du Nord jusqu'au Pakistan.
La technologie pourrait bien être notre seul et mince espoir pour affronter ce problème et en limiter les effets. Il faudrait, bien sûr, faire des percées spectaculaires en moins de dix ans dans les domaines de la fusion contrôlée et des cellules photovoltaïques, mais mieux vaut ne pas trop y compter. Certains espèrent que la séquestration géologique du gaz carbonique pourra également devenir efficace et qu'elle sera mise en place à grande échelle. Une autre carte à jouer, mais qui ne sera sans doute efficace qu'à long terme (elle ne peut donc pas résoudre à court terme les problèmes du réchauffement climatique) serait de faire de la géoingénierie.
Il a ainsi été proposé d'injecter dans l'atmosphère des composés chimiques capables de modifier la réflectivité de cette atmosphère, et donc de la refroidir. En s'inspirant de l'impact des éruptions volcaniques sur le climat, l'idée d'utiliser des aérosols soufrés est venue à l'esprit de chercheurs (voir article ci-dessous). Toutefois, ces fines particules détruisent la couche d'ozone, ce qui peut contribuer à accélérer le réchauffement global. Dans l'idéal, il faudrait trouver un composant qui n'ait aucun effet secondaire de ce type, que ce soit sur le climat ou, tout simplement, sur les écosystèmes.

La calcite, un antiacide pour refroidir l'atmosphère

Un groupe de chercheurs états-uniens de la Harvard John A. Paulson School of Engineering and Applied Sciences (Seas) est sur une piste, comme ils l'expliquent dans un article publié dans les Pnas ainsi que dans une vidéo. Il suffirait, peut-être, d'utiliser un carbonate de calcium bien connu : la calcite.
Le concept a plusieurs avantages. Ce minéral est relativement abondant sur Terre, où il se trouve sous plusieurs formes naturelles avec des traces de manganèse, fer, aluminium etc. Surtout, il ne se contenterait pas d'être inoffensif pour la couche d'ozone : des particules à base de calcite agiraient en fait comme une sorte d'antiacide pour la stratosphère et la couche d'ozone. À la surface de ces particules, des réactions chimiques actives s'y produiraient qui neutraliseraient les composés soufrés acides menaçant les molécules d'O3.
Un moyen de faire d'une pierre deux coups : l'Homme aurait une carte à jouer pour limiter les effets du changement climatique et pourrait accélérer la réparation de la couche d'ozone qui est en cours. Cependant, comme le précisent les chercheurs, il ne faut pas s'attendre à ce que cette technique résolve le problème du réchauffement climatique à elle seule. Les études doivent aussi se poursuivre afin de vérifier qu'aucun effet secondaire indésirable n'arrive. La Terre est un système dynamique complexe, aussi bien au niveau du climat que de la biosphère ; l'Homme pourrait avoir des surprises désagréables s'il n'y prend garde.

https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/changement-climatique-geoingenierie-test-refroidir-terre-etude-60326/
 

GÉOPIRATERIE, ARGUMENTAIRE CONTRE LA GÉOINGÉNIERIE

Ce rapport donne à voir le nouveau « plan B » en matière climatique pour ce qu’il est réellement : une stratégie politique permettant aux pays industrialisés de se défiler et d’éviter de rembourser leur dette climatique. Qu’il s’agisse d’ajuster le thermostat terrestre ou de modifier l’équilibre chimique de nos océans, ces solutions technologiques représentent une menace pour les populations et pour la planète. Le rapport propose un survol des antécédents historiques de ces interventions, ainsi que des fondements scientifiques et des intérêts qui sous-tendent le développement rapide de ces nouvelles technologies et des enjeux qu’elles soulèvent en matière de gouvernance internationale.

http://www.etcgroup.org/sites/www.etcgroup.org/files/publication/pdf_file/ETC_geopiracy_fr.pdf

RAPPORTS D’ANALYSE D’EAU DE PLUIE DU DOUBS

« Aluminium, Baryum, Strontium, Titane… »
http://www.acseipica.fr/analyses-eau-de-pluie-octobre-2017/

LE GÈNE RÉSISTANT À L’ALUMINIUM DE MONSANTO

https://realinfos.wordpress.com/2010/11/24/les-chemtrails-et-le-nouveau-gene-de-monsanto-resistant-a-l%E2%80%99aluminiumune-coincidence/

http://www.acseipica.fr/
http://www.cielvoile.fr/

LES APPRENTIS SORCIERS DU CLIMAT

LES TERRORISTES DU CLIMAT

CHEMTRAILS LA GUERRE SECRETE

DÉRÈGLEMENT D’UN CLIMAT MANIPULÉ

Vers un climat artificiel ?

La géo-ingénierie est une science, une technologie industrielle qui consiste à pulvériser des aérosols dans l’atmosphère pour créer un ensemencement des nuages et filtrer le rayonnement solaire. Ce documentaire « Vers un climat artificiel ? » est une enquête sur les modifications climatiques liées à cette géo-ingénierie, qui mène à interpeler sur les accords les concernant, leurs enjeux, ou encore la mission intergouvernementale dédiée à l’évolution climatique et à son réchauffement.
Les méthodes de géo-ingénierie, sont en passe de devenir la finalité d’une industrie émergente aux possibilités prometteuses. Pourquoi ce manque d’informations ? Quelles sont les conséquences ou les dangers de cette manipulation du climat ? Le réchauffement climatique est-il la conséquence du niveau du CO2 dans l’atmosphère ou des modalités de son émission ? Quelles conséquences sur l’acidification de notre corps ? S’agit-il d’un nouvel épisode sanitaire ? Sommes-nous correctement informés sur les recherches scientifiques liées au climat ? Des questions qui trouvent des réponses dans « Vers un climat artificiel ? » le documentaire de Jacqueline Roche.

Quand Hubert Reeves parle de chemtrails

Publié dans Pollution chimique

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