POLLUTION DU RHONE : DES VICTIMES RÉCLAMENT UN RÉFÉRÉ PÉNAL

Publié le par Résistance verte

POLLUTION DU RHONE : DES VICTIMES RÉCLAMENT UN RÉFÉRÉ PÉNAL

LE SCANDALE DES PERFLUORÉS (PFAS) : ARKEMA DEVANT LA JUSTICE

 

"L'eau que nous consommons ne nous appartient pas : elle est un bien universel que nous devons protéger, économiser et partager : l'eau du Rhône ne devrait pas échapper à cette règle."

"Le 12 mai, l'émission de France 2 Envoyé Spécial révélait l'ampleur des dégâts : des résidus de substances perfluoroalkylées (PFAS) sont rejetées dans le fleuve par les usines de Pierre-Bénite. Ces produits chimiques, on les retrouve aujourd'hui dans les eaux en aval jusqu'à Grigny, et même dans le lait maternel ! À Pierre-Bénite, la pollution des sols a nécessité la fermeture d'un stade de foot. Et que dire de la pollution de l'air !

Les autorités affirment que des analyses des eaux du Rhône étaient réalisées régulièrement mais, curieusement, les taux de perfluoroalkylées n'étaient par recherchés. Et ce, depuis des décennies... Et il a fallu que ce soit le Professeur De Boer de l'Université d'Amsterdam qui réalise les analyses de ces substances nocives... (...)

Dans sa réponse, le député Jean-Luc Fugit indique "L'usage des perfluorés dans le sud de l'agglomération remonte aux années 60. Nous parlons donc d'un usage répété depuis plusieurs dizaines d'années. La progression de nos connaissances scientifiques sur l'impact environnemental de telles substances, implique le portage d'une restriction de leur usage, et d'un strict encadrement de leur rejet, afin justement d'éviter ce type de situation à l'avenir (...)"

(ExtraitS de l'article "Le Rhône, fleuve poubelle ?" du Journal Sauvegarde des Coteaux Lyonnais, n°30 Secteur 1, paru en 2022)

https://scl-inter.org/col

 

« En ce qui concerne les eaux souterraines, la pollution est significative et assez hétérogène», explique la direction de l’environnement, la DREAL Auvergne Rhône-Alpes (...)

Les poissons, selon des résultats récemment dévoilés par les autorités, présentent également des taux inquiétants de PFAS, et en particulier du PFOS. Des résultats allant jusqu'à 110 microgrammes par kilo et qui dépassent les teneurs maximales prévues dans le futur règlement européen sur les denrées alimentaires 

Mais là où l’affaire se complique –encore- c’est qu’on peut clairement distinguer deux types de pollution. Une pollution plutôt récente, avec notamment le 6 :2 FTS, utilisé depuis 2016 seulement. Et une autre, plus ancienne. «On suppose, sans avoir beaucoup de chance de se tromper, que l'origine de ce qu'on trouve sous la nappe de la plateforme industrielle est aussi liée aux utilisations passées qui ont été faites de ces molécules et notamment d’une substance assez préoccupante qui s'appelle le PFOA».

Le PFOA. Interdit depuis 2020. Hautement toxique, cancérigène et connu pour l’important scandale qu’il a provoqué aux USA, le scandale Téflon, sujet du film Dark Waters, sorti en 2019. Et même si sa présence dans les eaux est relativement «faible» selon la DREAL, «c'est effectivement un sujet de préoccupation».

L’eau potable d’une centaine de communes touchées soit 200 000 habitants

 

Préoccupant, parce que c’est précisément dans la nappe phréatique du Rhône que l’on pompe l’eau potable d’une centaine de communes, au sud de Lyon. Ces molécules – les jeunes et les moins jeunes – on les retrouve donc au robinet d’au moins 200 000 habitants. A Ternay, Communay, Chasse-sur-Rhône, Grigny et dans une vingtaine d’autres communes, les taux dépassent même les moyennes nationales. Entre 100 et 197 ng/L pour la somme de 20 PFAS (découvrir les résultats ville par ville).

« Les PFAS sont les substances les plus toxiques jamais créées par l’Homme, elles sont industrielles, donc notre corps n’a pas les défenses naturelles pour lutter contre elles. » (Philippe Grandjean, professeur de santé environnementale à la Harvard TH Chan School of Public Health).

Quels sont les risques ?

 

Car c’est la deuxième difficulté, évidemment : évaluer le risque sanitaire. Cancer du rein, cancer des testicules, colite ulcéreuse, cholestérol, la liste des maladies que les PFAS pourraient provoquer est longue et inquiétante. Ces molécules sont également suspectées d’interférer avec tous les systèmes endocriniens (dysfonctionnement de la thyroïde, diabète…).

«Une fois accumulées dans le corps, les femmes enceintes transmettent ces molécules à leurs enfants pendant la grossesse et puis par l’allaitement. Le nouveau-né pourrait alors se retrouver avec des taux dans le sang dix fois supérieurs à ceux de sa mère», explique Philippe Grandjean.

Des molécules très toxiques, donc, surtout pour les bébés et les enfants. Avec un effet important sur le système immunitaire. «Le risque principal, c’est que les enfants puissent attraper plus de maladies par la suite ou qu’ils ne répondent pas aussi bien aux vaccinations» raconte Jacob de Boer, expert en PFAS et professeur de chimie à la Vrije Universiteit of Amsterdam (...)

«Il faut par conséquent limiter notre exposition à ses molécules extrêmement toxiques le plus possible, c’est-à-dire aussi près de 0 que possible. On ne pourra jamais les éliminer totalement, car dans les dernière décennies, on a pollué toute la planète, mais il faut agir avec responsabilité et protéger au moins les populations les plus vulnérables, c’est-à-dire nos futures générations», estime Philippe Grandjean (...)

« Les PFAS n’ont pas une toxicité aigüe et immédiate, on parle d’impacts qui prennent du temps…», étoffe Sébastien Sauvé. C’est l’ingestion répétée et continue de ces substances qui devient problématique. «Une exposition élevée pour quelques jours, ou pour une fois ou deux par année, ça va… mais quand ça fait plusieurs années, et qu’il n’y a pas d’échéance pour régler le problème, les autorités devraient prendre les mesures nécessaires » (...)

Les autorités, elles, sont pourtant au courant de cette pollution depuis au moins dix ans. Une affaire qui fait grincer, du côté des scientifiques français qui avaient déjà donné l’alerte en 2011 (...)

Depuis les premières révélations en mai dernier, les résultats des prélèvements officiels tombent au compte-goutte. En plus d'en retrouver dans l'eau, on retrouve des PFAS dans le sol, l'air, les œufs, les potagers, les légumes et même dans les jardins de quelques écoles..."

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/enquete-video-pfas-dans-l-eau-l-air-le-sol-au-sud-de-lyon-quels-risques-pour-les-habitants-concernes-2719690.html

POLLUTION DU RHONE : DES VICTIMES RÉCLAMENT UN RÉFÉRÉ PÉNAL

Lundi 25 mai, 37 personnes et 10 associations et syndicats ont déposé un référé pénal environnemental à l’encontre d’Arkema au tribunal judiciaire de Lyon.

"Le collectif réclame également une étude analysant l'impact des perfluorés sur l’environnement et l’alimentation (...) Ce sont les contours d'un scandale sanitaire qui se dessinent au sud de Lyon. La vallée de la chimie est le site le plus pollué aux PFAS en France (...)

Une action juridique inédite

 

"La santé environnementale est l’affaire de tous", tel est le crédo de l'association que représente maître Louise Tschanz. Créée en 2021, l'association travaille à l'instauration d'une justice climatique et sociale. 

Trente-sept personnes, dix associations et syndicats ont récemment déposé avec le cabinet Kaizen Avocat, un référé pénal environnemental à l’encontre d’Arkema France au tribunal judiciaire de Lyon. Objectif : obtenir la limitation des rejets de PFAS dans l’eau par l'industriel pour limiter les effets sur l’environnement et l’alimentation (...)

Ces substances chimiques toxiques utilisées pour la fabrication de nombreux produits du quotidien, seraient à l'origine d’une contamination sans précédent. La population de Pierre-Bénite, ainsi que les salariés de l’entreprise auraient été exposés à des risques pour leur santé. 

Riverains et associations réclament une enquête sanitaire véritablement transparente pour connaître l'ampleur de la contamination.

Avec le référé pénal environnemental, le collectif demande : 

  • de limiter immédiatement les rejets aqueux contenant des substances PFAS à1 kg par mois,
  • de réaliser une campagne de mesures de la contamination sur les substances PFAS déjà mesurées par la DREAL et d’y ajouter les 20 substances ciblées par la directive eau potable (2020/2184 du Parlement Européen du 16 décembre 2020 )
  • dans un délai de 6 mois, pratiquer des prélèvements 

                           -de sang des victimes requérantes, de riverains aléatoires, et de salariés d’Arkema, afin  de déterminer le niveau d’exposition,

                           -de lait maternel, chez des femmes résidant dans un périmètre de 10 km autour du site ICPE de Pierre-Bénite ayant accouché de leur premier enfant, dans les 3 mois qui suivent la naissance, 

                           -de sols, d’air, d’eau potable dans les établissements scolaires et dans les stades de Pierre-Bénite et Oullins,

                           -d’eau du Rhône au Nord, au Sud et à l’Est de l’usine d’Arkema France,

                           -de denrées alimentaires chez des professionnels bio et non bio produites dans un périmètre de 10 km autour du site ICPE de Pierre-Bénite en garantissant l’anonymat des producteurs concernés.

Outre ces prélèvements, l'action en justice propose d'établir une étude détaillée des maladies pouvant être générées par la contamination aux PFAS et de la prévalence de ces maladies sur le territoire, par rapport à un territoire non contaminé.

Des rejets massifs dans le Rhône

 

Arkema France rejette 3,5 tonnes de PFAS par an dans le Rhône via son activité de fabrication de produits chimiques fluorés. Elle fabrique notamment du “Kynar”, un thermoplastique semi-cristallin fluoré. 

Selon le rapport de l’IGEDD (Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable) de décembre 2022, Arkema France rejette dans le Rhône une pollution majeure. 

Ces chiffres sont certifiés selon l'avocate par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'environnement) qui autorise la mise sur le marché de médicaments vétérinaires, de produits phytopharmaceutiques, de matières  fertilisantes en France. L'ANSES évalue notamment leur efficacité et les risques qu'ils représentent pour la santé humaine et les écosystèmes (...)

L'avocate estime que plus de 350 000 personnes seraient concernées par ce scandale sanitaire et environnemental."

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/pfas-au-sud-de-lyon-les-victimes-reclament-un-refere-penal-environnemental-2786538.html

REJET DE PERCHLORÉTHYLÈNE ET DE TRICHLORÉTHYLÈNE DANS LES EAUX SOUTERRAINES PAR L'USINE GEORGES BESSE

 

"En 33 ans de fonctionnement, l’usine Georges Besse d’enrichissement d’uranium de Pierrelatte, arrêtée en 2012, n’a pas seulement produit des dizaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs, elle a également pollué la nappe alluviale sous le site au perchloréthylène [1] et au trichloréthylène [2]."

"Pendant la période d’exploitation de l’usine Georges Besse (située sur le site nucléaire du Tricastin), la nappe alluviale située sous l’installation a été gravement polluée par du perchloroéthylène et du trichloréthylène. Cette pollution est due à des fuites sur plusieurs portions de circuits véhiculant des fluides des systèmes auxiliaires qui se sont infiltrées dans le sol.

Dans le cadre des attributions de l’ASN, une inspection a eu lieu le 10 octobre 2019 sur le site. Le bilan de l’inspection était très mitigé. En effet, au vu de l’ampleur des dégâts, une installation spécifique a été mise en place en mars 2014 pour pomper, traiter et réinjecter l’eau de la nappe. Mais elle reposait sur un procédé destiné à empêcher les tuyaux de s’entartrer que l’ASN avait refusé de valider car il conduisait à réinjecter de l’eau acidifiée dans la nappe. Plutôt que de chercher une solution alternative, Orano a laissé fonctionner l’installation telle quelle, si bien qu’elle se colmatait en permanence : en plus de 6 ans, elle a fonctionné moins de 200 jours ! La pollution a donc persisté dans la nappe.

Le Réseau "Sortir du nucléaire", Frapna Drôme Nature Environnement et Arrêt du Nucléaire 26-07 ont déposé plainte le 29 septembre 2020 pour signaler ces évènements au Parquet. Cette plainte a été classée sans suite après un simple rappel à la loi à l’exploitant."

Notes

[1] Classé parmi les cancérogènes probables, ce solvant se dégrade très lentement. Il est toxique pour le système nerveux et les reins, ainsi que pour les organismes aquatiques.

[2] Classé parmi les cancérogènes, ce solvant est toxique pour le système nerveux.

https://www.sortirdunucleaire.org/Tricastin-Georges-Besse-pollution-chimique-nappe

https://www.sortirdunucleaire.org/Orano-pollution-chimique-Georges-Besse

"Par un jugement du 3 mai 2023, le tribunal judiciaire de Valence a jugé infondée l'action judiciaire du Réseau Sortir du nucléaire contre Orano sur son site du Tricastin, à Pierrelatte (Drôme) (...) « Même si nous ne ferons pas appel, nous continuerons de dénoncer cette pollution chimique encore existante de la nappe alluviale sous le site de l'ancienne usine », réagit la fédération d'associations antinucléaires."

https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollutions-nappe-alluviale-usine-georges-besse-tricastin-pierrelatte-orano-relaxe-41730.php4

TRICASTIN : POLLUTION DE L'EAU AUX PHOSPHATES

EDF communique tard et en dit le moins possible

 

"Par manque d’entretien, qui faisait que des vannes ne fermaient plus, et par manque de vigilance, EDF a pollué les eaux aux phosphates, un produit utilisé comme détergent dans la centrale du Tricastin (Drôme).

Ces phosphates, dérivés de l’acide phosphorique utilisés contre le tartre qui envahi les circuits, se sont retrouvés dans les bassins du déshuileur. Cet équipement permet normalement de récupérer les huiles et autres hydrocarbures mélangés à l’eau provenant de la salle des machines avant qu’elle ne soit rejetée dans le canal qui jouxte la centrale. Des contrôles de composition de cette eau sont fait, mais une seule fois par mois. Ce qui laisse tout le temps à une pollution de se répandre dans l’environnement avant d’être détectée par l’exploitant.

Si des phosphates, polluant chimique participant activement à l’eutrophisation des milieux aquatiques (prolifération d’algues par excès de nutriment qui entraîne une diminution de la lumière et de l’oxygénation des cours d’eau) et à l’appauvrissement du milieu aquatique se sont retrouvés dans le déshuileur et à terme dans le canal et l’eau du fleuve, c’est en raison de la mauvaise fermeture de 2 vannes. Et pourquoi celles-ci ne fermaient pas ? À cause du "dépôt de sédiment"... On a donc à la fois un manque d’entretien (sinon il n’y aurait pas eu de dépôts de sédiments) et de surveillance (sinon la mauvaise fermeture aurait été détectée) des équipements qui participent à la protection de l’environnement.

Quelle quantité de phosphates a été déversée dans l’eau ? Depuis combien de temps les vannes étaient mal fermées ? À quand remonte leur dernier entretien ? Comment se fait-il que personne n’ait remarqué qu’elles ne fermaient plus ?

On voit, à travers cet incident significatif pour l’environnement [1] , le peu de cas que EDF accorde à la préservation de l’environnement.

L’industriel ne semble pas apprendre de ses erreurs, les pollutions de l’eau deviennent monnaie courante au Tricastin. En octobre 2022, le site a déversé des hydrocarbures dans le canal, plus ce que qui lui est autorisé. Un an avant, c’était une importante pollution radioactive qui contaminait les eaux souterraines, suite au débordement de déchets liquides contaminés.

Non seulement EDF porte atteinte aux ressources naturelles par son manque de gestion de son installation nucléaire, mais qui plus est l’industriel communique très tard et livre très peu d’éléments sur l’incident. Outre l’impossibilité de caractériser l’ampleur de la pollution - et donc les atteintes au milieu aquatique - ce n’est que plusieurs mois après que EDF informe le public de l’incident : la pollution a été détectée par EDF le 12 janvier 2023 ; le public a été informé le 20 mars.

Un communiqué plus que tardif et minimaliste, des produits chimiques qui arrivent là où ils ne devraient pas, un manque de vigilance et d’entretien qui aboutit à une énième une pollution de l’eau... EDF peut-il encore se présenter en industriel responsable et en champion de la protection de l’environnement ?"

https://www.sortirdunucleaire.org/France-Tricastin-Pollution-de-l-eau-aux-phosphates

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