RÉSISTANTES AU LARZAC, VERS UNE RENAISSANCE DES LUTTES ÉCOLOGISTES ?
Du 3 au 6 août se sont retrouvé·es dans des champs du Larzac 7 500 militant·es (issu·es de plus de 200 collectifs, impliqué·es dans 600 luttes locales partout en France, d'après les décomptes du site Reporterre).
"De la flopée d’assemblées, tenues durant quatre jours, a émergé une multitude d’alliances, et quelques décisions ont été prises. Le 13 août, dans le Lot, aura lieu une mobilisation contre un projet photovoltaïque de TotalÉnergies, « qui menace d’artificialiser des centaines d’hectares de terres nourricières », dit Sébastien, paysan syndiqué. « Et ce, alors même qu’il y a largement assez de toitures industrielles et de parking pour faire tous les panneaux solaires dont on a besoin. » (...)
"Les collectifs des luttes locales ont fait le bilan et annoncé leurs intentions après quatre jours de rencontres sur le Larzac. Des fermes-usines au nucléaire, l’été et l’automne seront remplis de mobilisations partout en France."
Le numérique comme enjeu écologique
"Cet événement, qualifié d'historique par Reporterre, co-organisé par l’association Terres de Luttes, la Confédération Paysanne Aveyron, les Faucheurs Volontaires d’OGM et des bénévoles du Larzac et d’ailleurs, a eu bien sûr une dominante écologique "de luttes". Mais d'autres approches complémentaires portées par de nombreuses associations, syndicats et collectifs sur des sujets sociaux, environnementaux, sociétaux... ont été abordées, et des concerts, formations, projections-débats, spectacles, balades naturalistes s'y sont déployés."
Le collectif stéphanois Halte au contrôle numérique est intervenu - avec d'autres - dans un débat sur "Nos vies dématérialisées - résistances et autres usages du numérique.
Les interventions audios des 4 intervenants (captées par Radio Albigés, radio libre du Tarn) sont disponible en ligne sur le site de Halte au contrôle numérique.
À écouter sur : https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=3267
Création des hydro-furieux
"sous le chapiteau rouge des Résistantes, une centaine de personnes ont tenu la « première assemblée générale des luttes sur l’eau ».
Mégabassines, croisières, nucléaire, mines, pesticides… « L’eau est un sujet vaste, les combats multiples, et il n’est pas facile de fédérer autour de ce sujet », a insisté François, du collectif Hydremonde. Venus des quatre coins de la France, plus d’une trentaine de collectifs étaient pourtant présents sur le causse du Larzac. Avec un objectif : créer un réseau, baptisé Hydre, pour dynamiser leurs combats.
Encore en cours de formation, le réseau Hydre — ou « Hydro-furieux » — vise ainsi à « outiller et
accompagner les collectifs ». Sessions de formation, « aqua-thèque » numérique, appels à mobilisation
communs. « L’idée n’est pas de créer une entité qui surplomberait les luttes et leur donnerait une perspective stratégique, mais de partir de la base et des besoins de chacun », insiste Héloïse, de la Fondation Danielle Mitterrand.
Tel l’animal mythologique à plusieurs têtes, le réseau Hydre se veut polymorphe, fluide… et combatif. «L’eau est devenue un sujet central, ajoute Anne. Le gouvernement, les entreprises… tout le monde veut s’emparer et récupérer le sujet. Il faut unir nos forces pour pouvoir faire le poids. »
https://reporterre.net/Hydro-furieux-les-defenseurs-de-l-eau-se-mettent-en-reseau
Le mouvement antinucléaire réunifié
"Le mouvement antinucléaire français s’est rabiboché aux rencontres des Résistantes après une décennie de querelles. Il affiche la volonté de redevenir une composante incontournable de la lutte écologiste (...)
Pendant la décennie 2010, les antinucléaires se sont épuisés en querelles, tandis que la catastrophe de Fukushima mettait un coup d’arrêt à l’énergie atomique et que la préoccupation climatique occupait la plus large partie de la préoccupation écologiste.
Mais depuis, « deux dynamiques se sont rencontrées », dit Angélique Hugin : « La lutte à Bure contre le projet Cigeo d’enfouissement des déchets radioactifs », relancée à partir de 2016, « et l’annonce par Macron en 2022 de nouveaux EPR ». Les divers mouvements ont recommencé à dialoguer, et le 16 février 2023, une première assemblée générale les a réunis à Tours (Indre-et-Loire) »
« Le mythe de l’indépendance est aussi dénoncé, alors que « des cargos russes livrent de l’uranium à la France », observe Pauline Boyer, de Greenpeace, « et que le coup d’État au Niger rappelle l’histoire coloniale du nucléaire français ».
Le lien vital entre nucléaire civil et militaire a été souligné en un jour anniversaire du bombardement d’Hiroshima, alors que des grands journaux scientifiques viennent de publier un article commun appelant « les professionnels de la santé à alerter le public et nos dirigeants sur [le] danger majeur [d’une guerre nucléaire] pour la santé publique et les systèmes vitaux essentiels de la planète ».
Autre angle, crucial, l’économie : « C’est une industrie ruineuse, la France va vers un désastre financier, l’argent va manquer », affirme Stéphane Lhomme. Selon lui, les dizaines de milliards d’euros investis dans le nucléaire vont manquer aux politiques d’économie d’énergie et aux renouvelables (...)
Dans l’enthousiasme, la Coordination antinucléaire a travaillé en groupes régionaux. Des dates d’actions collectives ont été fixées pour l’automne et pour 2024, à commencer par le 23 septembre prochain, avec des marches pour un monde sans armes nucléaires, à articuler avec la marche contre le racisme et les violences policières qui aura lieu le même jour. Un moment historique, ce 6 août ? L’avenir le dira. Mais le mouvement antinucléaire est de nouveau debout ».
https://reporterre.net/Le-mouvement-antinucleaire-s-est-reunifie-au-Larzac