Vidéosurveillance "augmentée" dans 129 gares d'Auvergne-Rhône-Alpes

Publié le par Résistance verte

Vidéosurveillance "augmentée" dans 129 gares d'Auvergne-Rhône-Alpes

Partage de l'article de Halte au contrôle numérique.

« Dès juillet 2021, Wauquiez (président de la région) projetait d'équiper massivement cars scolaires et inter-urbains, gares et TER d'Auvergne-Rhône-Alpes en caméras (10000 en plus de celles déjà en place !), et de connecter le tout à la reconnaissance faciale... Analyse de ce projet par le blog Technopolice.

La loi JO 2024, qui autorise l'expérimentation de la vidéosurveillance "augmentée" (assistée par un algorithme qui permet de repérer les mouvements de foule, les émotions : 1e étape vers la reconnaissance faciale permanente) lui permet donc cette bascule : lors de la Coupe du monde de rugby 2023 et des Jeux olympiques 2024, les images des caméras de surveillance de 129 gares SNCF de la région Auvergne-Rhône-Alpes seront analysées en temps réel par les forces de l'ordre.

Pour cela, une convention a été signée, le 2 juin 2023, entre la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF, autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares sur les quelque 350 que compte la région AURA. L'ensemble du projet est financé par l'État via son fonds interministériel de prévention de la délinquance.

Wauquiez n'est pas le seul élu LR à faire feu de tout bois en faveur de la reconnaissance faciale : ses amis sénateurs ont examiné ce 2 juin une proposition de loi (donc à leur initiative) prônant une expérimentation de cette reconnaissance faciale pendant 3 ans ! Il faut dire qu'avec Estrosi à Nice, Muselier à la région PACA, Pécresse en Ile de France et donc Wauquiez, ils disposent de nombreux supporters...

Nous reprenons ci-dessous des extraits d'un bon article de France 3 :

"Les images sont retransmises en temps réel, en différé pour d'autres, puis analysées par les agents de sécurité, en lien avec gendarmes et policiers."

"Les gares de Lyon jouissent déjà d'un tel dispositif. En 2018, le président de la Région se vantait d'accueillir le centre de surveillance "le plus moderne de France" installé à l'intérieur de la gare de la Part-Dieu. En son sein, une vingtaine d'agents regardent les images des caméras, dont les 360 installées à l'intérieur des gares lyonnaises. Au total, la collectivité régionale compte 280 personnels de sûreté ferroviaire, agents de patrouille sur le terrain inclus."

42 gares testées pour la première phase

"Le système va d'abord s'étendre à 42 gares dans la Loire et dans le Rhône à partir du 30 juin, nous a indiqué la préfecture. Car ces deux départements vont accueillir les épreuves de la Coupe du monde de rugby en septembre et octobre prochains..."

"D'autant que la ligne TER Lyon-Saint-Etienne est déjà la plus empruntée de la région avec plus de 15000 voyageurs par jour selon la SNCF. Une grande partie de ses rames est aussi équipée de caméras de vidéoprotection avec un flux en temps réel."

"La sécurité reste la grande priorité du patron de la Région, Laurent Wauquiez. Depuis 2016, on a équipé 129 gares de la région avec 2300 caméras de vidéosurveillance, nous répétait le vice-président délégué à la sécurité de la Région, Renaud Pfeffer." 

"En Auvergne Rhône Alpes, 10 000 caméras ont été financées par la Région pour un coût de 35 millions d'euros investis depuis sept ans."

Efficacité difficile à démontrer

"Ces caméras seraient donc utiles pour les forces de sécurité intérieure et pour la justice, assure le délégué à la sécurité Renaud Pfeffer. Depuis leur installation dans les transports ferroviaires, elles auraient permis la baisse de la délinquance et l'intervention immédiate des forces de sécurité. Grosso modo, on est sur une baisse de 20% de la délinquance dans les TER de la région sur les 12 derniers mois, indique Emmanuel Fernex de Mongex, directeur de la sureté ferroviaire de la Zone de Défense Sud-Est. Mais il faudrait affiner les données en gare et dans les TGV, ajoute-t-il."

"Impossible d'avoir accès à ces dites données. Il est donc compliqué d'affirmer que les caméras ont en effet favorisé la diminution de la délinquance dans les transports de notre région."

"En comparaison avec l'Île-de-France, l'Institut Paris Région avait tenté d'analyser le lien entre caméras et criminalité dans les transports dans les années 2000. Il concluait son rapport ainsi : la vidéosurveillance ne traduit pas une baisse significative de la délinquance stricto sensu dans les réseaux ferrés et routiers franciliens (...) la sécurisation des voyageurs tant dans le réseau ferré que routier n’est pas démontré. Difficile aussi de déterminer l'aspect dissuasif de délits qui ne sont pas commis."

"Sur la voie publique, la Cour des comptes relevait en 2011 la grande difficulté à évaluer l'efficacité de la vidéosurveillance. Elle excluait cependant à l'époque l'analyse des caméras en gare et dans les transports. En 2020, elle notait la multiplication des centres de contrôle et leur banalisation comme instrument des services de police. La juridiction rappelait également l'importance des débats liés à l’encadrement des innovations technologiques en lien avec cette vidéosurveillance."

Conservation des images pour 30 jours maximum

"Combien de temps sont conservées les images ? Quelques jours, cela dépend des cas selon les besoins d'intervention", a expliqué le préfet délégué pour la défense et la sécurité, Ivan Bouchier, à notre équipe de reportage. Selon le code de la sécurité intérieure :

La durée de conservation des images d'une caméra filmant la voie publique ou un lieu ouvert au public doit être proportionnée et correspondre à l'objectif pour lequel le système de vidéoprotection est installé. Cette durée ne doit pas dépasser un mois. Article L252-5 du code de la sécurité intérieure

"Dans les faits, il est en effet fréquent de supprimer les images au bout de quelques jours pour des besoins de stockage, comme l'avait illustré la suppression des images des incidents lors de la finale de Ligue des Champions 2022 au Stade de France par la RATP (la SNCF, elle, avait conservé ses images pendant 30 jours)."

Vers un "tout sécuritaire" ?

"Cette amplification de la vidéosurveillance en temps réel s'inscrit dans le cadre plus large de la surveillance des grandes manifestations en France avec les JO en ligne de mire. En mars dernier, l’Assemblée nationale a approuvé le recours à de la vidéosurveillance dite "intelligente". L’article 7 du projet de loi olympique prévoit à titre expérimental que la sécurisation de manifestations sportives, récréatives ou culturelles de grande ampleur puisse recourir à des algorithmes."

"Appelée VSA pour vidéosurveillance algorithmique, cette technologie d'intelligence artificielle analyse de manière automatique les images grâce à un logiciel. Basé sur des algorithmes, il produit des notifications quand il détecte un événement qu’on l’a entraîné à reconnaître potentiellement à risqueLe tout généralement en vue d’une intervention policière."

"Sauf que cette technologie est loin d'être exempte de discriminations, comme le rappellent Amnesty International et l'ONG de défense de la vie privée La Quadrature du Net. Cette dernière s'alarme depuis des mois et dénonce une utilisation proche de la reconnaissance faciale, pourtant illégale en France."

"Le gouvernement a répété et inscrit dans la loi que la VSA ne relevait pas de la surveillance biométrique. C’est totalement faux." La Quadrature du net

"Des dizaines d’organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d'association, et le droit à la non-discrimination." »

Publié dans Contrôle numérique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article