POLLUTION PLASTIQUES

Publié le par Résistance verte

On estime que chaque minute 80 à 120 tonnes de déchets finissent en mer ; une grande partie de ces déchets sont des matières plastiques. En 2011, le plastique constitue environ 12 % des déchets solides municipaux, comparativement à moins de 1 % dans les années 1960.

La pollution plastique peut prendre de nombreuses formes dont :
• l'amoncellement de déchets ;
• l'accumulation de déchets marins (jetés dans les différents cours d'eau), la pollution de l'eau par les déchets et fragments ou microparticules de plastiques,
• la présence de filets de pêche non biodégradable (en nylon en général), qui peuvent continuer à piéger la faune et des déchets durant des décennies ;
• des déchets causant la mort d'animaux (tortues et oiseaux marins surtout) par ingestion d'objets en plastique qu'ils confondent avec de la nourriture ;
• l'arrivée (plus récente) dans les cours d'eau puis en mer de microplastiques et de microbilles de plastique issues de centaines de produits cosmétiques et de produits de soins du corps en contenant.

CONTINENTS PLASTIQUES

Les courants marins d’échelle planétaire transportent les déchets vers les zones centrales des gyres, très calmes. Les plastiques s’y concentrent et s’accumulent ainsi sur d’immenses surfaces (Exemple du « Great Pacific Garbage Patch » dans l’océan Pacifique Nord, de surface estimée à six fois celle de la France). Les « continents plastiques », existent ainsi dans les cinq grands bassins océaniques.

S’il existe des macrodéchets, les 7ièmes continents sont surtout constitués de petits éléments plastiques, souvent invisibles sans une fine observation, issus en grande partie de la dégradation des plastiques. Plus ou moins longue en fonction des matériaux et de leur épaisseur, la durée de dégradation est estimée en laboratoire de 1 à 5 ans pour le fil de nylon, de 1 à 20 ans pour les emballages plastiques fins, jusqu’à 450 ans pour les bouteilles plastiques et encore plus pour d’autres matériaux.
La dégradation dépend également de l’action de certains facteurs environnementaux :
• sous l’action mécanique, le plastique se fragmente (mais les fragments restent des polymères plastiques stables et durables)
• sous l’action chimique ou enzymatique de dépolymérisation, les polymères plastiques sont décomposés et détruits.

Flottant à la surface des océans, les matériaux plastiques sont essentiellement soumis à l’érosion et à l’action du rayonnement solaire et se fragmentent progressivement en morceaux de plus en plus petits. La concentration en micro particules de plastique invisibles à l’œil nu aurait ainsi triplé dans les eaux de surface depuis les années 70.

On observe en effet la présence de plastique dans l’estomac de nombreuses espèces marines, même jusqu’à chez 39% des poissons mésopélagiques*. De plus, la taille des fragments de plastique ingérés par ces poissons, comprise entre 0,5 et 5 mm, correspond à la taille des débris de plastique « disparus » dans les évaluations mondiales des plastiques en surface océanique.

*Les poissons mésopélagiques jouent un rôle important dans l’écosystème marin; ils sont omniprésents et très abondants dans l’océan ouvert. Ils vivent dans la couche intermédiaire de l’océan (200 à 1.000 m de profondeur), mais migrent pour s’alimenter vers la couche de surface la nuit.

POLLUTION CHIMIQUE AVÉRÉE

Ces débris de plastique représentent une pollution chimique à plusieurs titres. Ils contiennent des composés qui peuvent être chimiquement transférés dans les organismes marins lors de l’ingestion (ils sont dits bio-disponibles). Certaines de ces molécules sont potentiellement toxiques et peuvent s’accumuler dans l’organisme (elles son bio-accumulables). Par ailleurs, au cours du vieillissement du plastique dans l’environnement, des composés chimiques incorporés lors de sa fabrication (principalement des additifs) peuvent être relargués dans l’environnement ou lorsqu’ils sont ingérés par les organismes.

Les plastiques sont aussi des vecteurs de polluants organiques persistants. Certains plastiques ont ainsi la capacité de concentrer des polluants présents dans l’environnement au cours de leurs longs séjours dans les rivières, les fleuves puis les océans. Les plastiques peuvent ainsi multiplier la concentration initiale de ces molécules par un facteur allant jusqu’à 100 000. Ces molécules risquent aussi de se bio-accumuler dans les organismes vivants, c’est à dire de se concentrer le long de la chaîne alimentaire. Dans un article de la revue Nature en 2013, plusieurs chercheurs se sont regroupés pour proposer de classifier les débris de plastique comme substance dangereuse. Sans suite pour l’instant.

La pollution des écosystèmes par les plastiques est une problématique d’une grande complexité et les scientifiques ne sont pas encore capables d’évaluer pleinement ses conséquences sur l’équilibre des écosystèmes et sur la santé des consommateurs. Les impacts sociaux et économiques sont également certains et considérables. Un engagement des pouvoirs publics est nécessaire pour améliorer la gestion des déchets municipaux. La prise de conscience et l’engagement de chacun sont également primordiaux.

 

Publié dans Pollution chimique

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