POUR UN VRAI DÉBAT SUR L’ÉNERGIE ET SA DISTRIBUTION ÉGALITAIRE
Les collectifs qui s’opposent aux compteurs communicants, et particulièrement au Linky, demandent, depuis le départ, que s’ouvre enfin un débat national sur l’énergie, sa production et sa distribution. En effet, chaque citoyen.ne doit pouvoir donner son avis sur les choix énergétiques et, notamment sur le type de compteur électrique que nous aurons à utiliser.
Dans cet esprit, un « grand débat national » couvrant tous les sujets de notre vie dans ce pays, pourrait nous intéresser. Malheureusement, celui imposé par le pouvoir actuel présente toutes les caractéristiques d’une manipulation. Un dispositif spécifique a été créé en 1995 pour ce type de consultations : la "Commission nationale du débat public" (CNDP https://www.debatpublic.fr/ ). Les débats organisés dans son périmètre doivent respecter des principes fondamentaux : neutralité et indépendance des organisateurs, égalité de traitement des participants, transparence dans le traitement des résultats.
Ainsi de l’indépendance : le pilotage ne devrait pas être assuré par quelqu’un qui a une responsabilité publique. Règle bafouée car le gouvernement le fait piloter par E. Wargon (secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire) et S. Lecornu (ministre chargé des collectivités territoriales).
Question neutralité, E. Macron a commis une « lettre aux Français » qui écarte d’entrée des « lignes rouges » (ISF, flat tax ou CICE). Il veut imposer que les participants s’expriment sur les suppressions budgétaires, de postes de fonctionnaires, sur l’immigration… Il est intervenu plusieurs fois pour limiter au maximum l’idée d’un référendum citoyen…
La transparence est par ailleurs très loin d’être assurée : pas de transmission au public de « l’ensemble des informations et des études disponibles sur le projet concerné », aucune garantie sur la synthèse et sa restitution.
Enfin, l’égalité de traitement impose que « chacun, quel que soit son statut (…), son opinion, (…) son implication et ses motivations, puisse s’exprimer librement et soit traité de la même manière, avec la même équité ». Or, dans d’innombrables réunions, ce sont des militants LREM, des députés, des ministres qui distribuent la parole ; les préfets sélectionnent les maires invités à s’exprimer, quand ce n’est pas E. Macron qui monopolise la parole !
Des collectifs, qui ont déjà participé à de tels débats, nous font part du caractère scandaleux de cette organisation : au lieu du débat démocratique vanté, il s’agit d’une opération de communication financée sur fonds publics.
Nous refusons donc de participer à une telle mascarade !
Nous appelons, en revanche, toutes et tous à s’inscrire dans les débats alternatifs organisés localement ou nationalement, comme le « Vrai débat » (https://le-vrai-debat.fr/, particulièrement sur le point 2, Transition écologique et solidaire).
En effet, le moment historique que notre pays est en train de vivre met cruellement en lumière le déficit d’information, et de réflexion collective, qui ont prévalu en amont des décisions prises par les pouvoirs publics pour imposer le déploiement des compteurs d’électricité communicants de type Linky, au détriment de toute autre alternative.
ENEDIS, gestionnaire en situation de monopole du réseau de distribution d’électricité, veut nous imposer le remplacement des 35 millions de compteurs actuels par des Linky, grand gaspillage anti-écologique et délire technologique dont nous n’avons pas besoin.
Cette stratégie uniquement marchande vise à nous imposer, à terme, outre la collecte de nos données personnelles, sans respect de notre droit légitime à une vie privée, des consommations supplémentaires d’électricité au travers d’objets connectés et de voitures électriques particulièrement énergivores. Ce n'est pas la maîtrise de notre consommation qui est visée par le Linky, mais bien au contraire une augmentation de notre consommation. L’intérêt commun serait au contraire d’initier un grand plan d'isolation des logements, d’engager la transition vers des énergies renouvelables et de limiter globalement notre consommation d’énergie.
Par ailleurs, les technologies utilisées (ondes électro-magnétiques ; courant porteur en ligne CPL, mobilisé en permanence à l’intérieur du foyer) n’ont pas fait l’objet d’évaluations en situation réelle par des organismes indépendants. Leur nocivité pour la santé et les appareils reste donc encore largement inconnue.
Enfin, la question de l’accès de toutes et tous à l’énergie est posée. Les premiers contrats spécifiques au Linky montrent bien la logique purement libérale qui serait mise en œuvre si le déploiement des Linky était achevé : selon que l’on est riche ou pauvre, l’accès en continu, et pour l’ensemble de nos besoins, serait plus ou moins limité. De même, cela dénote de l’absence de prise en compte par l'État des personnes en situation de précarité énergétique, qui au contraire se verront priver à distance et instantanément de tout accès au réseau.
En conséquence, nous appelons toutes et tous à contribuer aux débats alternatifs pour défendre un droit égal à l’accès à l’énergie, soucieux des contraintes écologiques et de défense de la santé de toutes et tous.
Ce communiqué est publié par un groupe de collectifs anti linky répartis sur tout le territoire national (76 collectifs au 19 février).