DÉAMBULATION FESTIVE CONTRE LES MICROS DE RUE

Publié le par Résistance verte

Déambulation festive samedi 11 mai contre l'installation de micros dans certaines rues de St-Étienne.
"Micro c'est trop ! Micros c'est beaucoup trop !"
"Serenicity Big Brother, on n'en veut pas de ces voyeurs !"
"Écoute, écoute, écoute, police partout, justice nulle part !"
"Espionnage, suspicion, surveillance, répression, pas de justice pas de paix !"
"C'est qui qui a de grandes oreilles ? La répression !
Et la rue elle est a qui ? Elle est à nous !" 

Prise de parole lors de la manif contre les écoutes de rue, une centaine de personnes, samedi 11 mai vers 13 h 30 à St-Étienne.

"La Mairie de St-Étienne va installer dans le quartier Tarentaize-Beaubrun-Couriot tout un réseau de micros qui génèreront des alertes dans des plateformes policières, dès qu’elles détecteront certaines anomalies.
La liste est impressionnante : coups de sifflet, cris, perceuse, meuleuse, klaxon, bruit de choc, bombes aérosols, crépitements, explosion, pétards, bris de vitres…  
au point où on se demande quels bruits ne déclencheront pas d’alerte. L’œil sécuritaire complété par de grandes oreilles met la rue sur écoute et sous contrôle policier.

La surveillance complète de l’espace public a pour but de détecter chaque bizarrerie, chaque anormalité afin des les analyser et de faciliter leur rapide correction. Ici, c’est le rêve d’un quartier sans cris, sans bruits anormaux, sans tags : un quartier silencieux et débarrassé de toutes les extravagances humaines, un quartier morne et sans vie soumis à la normalité imposée.

Que ce soit par internet, par nos payements, nos déplacements, notre consommation électrique, les machines nous espionnent en continu. La cybersurveillance discriminatoire des quartiers populaires de la ville permet de détecter les comportements non conformes à la norme de soumission imposée par la Mairie. Cette détection d’anomalies comportementales ou sonore identifie de façon prédictive d’éventuels fauteurs de troubles, déclenchant une alarme et tout un processus de répression. Avoir l’air anormal est préjugé coupable et doit être corrigé.
Ce projet va transformer la ville en un « territoire d’expérimentation » pour des sociétés privées, comme Serenicity, dirigée par Guillaume Verney-Carron, qui est également président de la société Verney-Carron, fabricant d’armes et de lanceurs de balles de défense type flash-ball. Cette société souhaitant « élargir son champ de compétence du militaire vers le civil », propose à la ville tout son nouvel attirail de surveillance.  

Le flicage et la surveillance deviennent des composantes de la rénovation urbaine, juste bonne à sur-policiariser ces quartiers et à « sécuriser » les politiques de gentrification. Mais une fois ces micros installés par une société privée d’armement, qui contrôlera l’usage qui en sera fait ?
Qui préviendra les habitants si l’on passe en « Phase 2 », avec un système d’enregistrement des conversations dans la rue ?
Qui peut certifier qu’on ne les utilisera pas un jour pour détecter des cibles par leur signature vocale ?
Ce ne serait pas la première fois que ce type d’outils de détection sonore connaîtrait des dérives liberticides.

La surveillance permanente de la population par des machines autonomes est le contrôle social généralisé d’un État policier.
La rue est un lieu de vie, pas une expérimentation de surveillance répressive, c’est un espace commun de liberté.

La rue est à nous ! À nous de la libérer !"

 

 

Nous avons pris connaissance du communiqué de presse diffusé par la Mairie de St Etienne le mardi 7 mai 2019 concernant  le déploiement de « capteurs  sonores » dans les rues des quartiers Couriot - Tarentaize - Beaubrun. Il explique quelques démarches entreprises par la Ville de St Etienne en matière juridique.
Ce communiqué n’a, hélas, été réservé qu’aux seuls médias, sans diffusion publique, ce qui est une drôle de conception de la démocratie.

Nous constatons avec satisfaction que les autorités municipales se mettent enfin en conformité avec la loi. En effet, dans un premier temps, elles prétendaient avoir l’accord de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), alors qu’elles nous confirment aujourd’hui qu’il n’en était rien. Dans le même temps, elles prétendaient que, le sujet étant nouveau, il y avait un vide juridique qui leur donnait une grande liberté.

La municipalité découvre aujourd’hui que la mise en place du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) depuis le 25 mai 2019 leur donne  au contraire  l’obligation  de documenter  la conformité (obligation détaillée dans l’article 24 du RGPD).
Cette documentation très complète doit être communiquée aux autorités compétentes, mais aussi mise à disposition du public, ce que nous attendons  avec impatience.

La mairie s’avise enfin qu’elle doit informer la population concernée par ce type de dispositif avant sa mise en place : « Afin de dissiper tous les doutes, il sera aussi organisé une réunion d'information des habitants, à une date qui sera communiquée ultérieurement, destinée à expliquer l'ensemble des problématiques techniques et permettant  de dissiper tous les doutes. »
Nous avons pu constater,  lors de plusieurs rencontres  et interviews d’habitant.e.s  de ces quartiers, que beaucoup n’étaient pas au courant de ce projet, et que les autres n’en avaient qu’une connaissance très partielle, liée au peu d’informations données jusque-là.
Au-delà, nous demandons  qu’une vraie consultation soit organisée, avec des informations très complètes sur ses modalités.

Pour notre part, nous restons opposés à ce déploiement :
• parce que ce type de dispositif est liberticide : en effet, plus  encore  que dans la vidéosurveillance, la signature numérique de la voix est un moyen d’identification des personnes  qui met en péril les libertés individuelles et collectives. Or ces capteurs  seraient,  d’après la municipalité, capables d’enregistrer « les chants des oiseaux », donc à même d’enregistrer les voix humaines.

• parce que l’argent gaspillé pour ce projet au bénéfice d’une entreprise d’armement stéphanoise  pourrait bien plus utilement servir pour des investissements sociaux, d’insertion et d’aide aux familles du quartier.

• parce  que  l’expérience  de la vidéosurveillance montre  que  ces dispositifs très  coûteux  n’ont qu’une efficacité très  limitée (voir l’étude du sociologue Laurent Mucchielli, justement  consacrée  à la vidéosurveillance à Saint Etienne).

Nous invitons celles et ceux qui pensent que la mairie prend des libertés avec nos libertés
à une « déambulation festive », ce samedi 11 mai, dans les quartiers de Couriot-Tarentaize - Beaubrun. Elle démarrera à 13 h de la passerelle menant au musée du Puits Couriot.

Collectif Serenicity - Atelier Google, Communiqué du 9 mai 2019

 

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