APPEL DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES

Publié le par Résistance verte

Coordination nationale des gilets jaunes, Commercy les 26 et 27 janvier 2019.

Appel ouvert à signatures : si votre rond-point/groupe GJ local/assemblée GJ locale se reconnaît dans cet appel, envoyez votre signature à
assembleedesassemblees@gmail.com !

APPEL DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES DES GILETS JAUNES

Nous, Gilets Jaunes des ronds-points, des parkings, des places, des assemblées, des manifs, nous sommes réunis ces 26 et 27 janvier 2019 en « Assemblée des assemblées », réunissant une centaine de délégations, répondant à l’appel des Gilets Jaunes de Commercy. (https://www.youtube.com/watch?v=GB1-Sg4jt7Y&t=14s)

Depuis le 17 novembre, du plus petit village, du monde rural à la plus grande ville, nous nous sommes soulevés contre cette société profondément violente, injuste et insupportable.

Nous ne nous laisserons plus faire ! Nous nous révoltons contre la vie chère, la précarité et la misère. Nous voulons, pour nos proches, nos familles et nos enfants, vivre dans la dignité. 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, c’est inacceptable.
Partageons la richesse et pas la misère ! Finissons-en avec les inégalités sociales !

Nous exigeons l’augmentation immédiate des salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions, le droit inconditionnel au logement et à la santé, à l’éducation, des services publics gratuits et pour tous.

C’est pour tous ces droits que nous occupons quotidiennement des ronds-points, que nous organisons des actions, des manifestations et que nous débattons partout. Avec nos gilets jaunes, nous reprenons la parole, nous qui ne l’avons jamais.
Et quelle est la réponse du gouvernement ? La répression, le mépris, le dénigrement.

Des morts et des milliers de blessés, l’utilisation massive d’armes par tirs tendus qui mutilent, éborgnent, blessent et traumatisent. Plus de 1000 personnes ont été arbitrairement condamnées et emprisonnées. Et maintenant la nouvelle loi dite « anti-casseur » vise tout simplement à nous empêcher de manifester. Nous condamnons toutes les violences contre les manifestants qu’elles viennent des forces de l’ordre ou des groupuscules violents. Rien de tout cela ne nous arrêtera !
Manifester est un droit fondamental. Fin de l’impunité pour les forces de l’ordre !
Amnistie pour toutes les victimes de la répression !

Et quelle entourloupe que ce grand débat national qui est en fait une campagne de communication du gouvernement, qui instrumentalise nos volontés de débattre et décider !
La vraie démocratie, nous la pratiquons dans nos assemblées, sur nos ronds-points, elle n’est ni sur les plateaux télé ni dans les pseudos tables rondes organisées par Macron.

Après nous avoir insultés et traités de moins que rien, voilà maintenant qu’il nous présente comme une foule haineuse fascisante et xénophobe. Mais nous, nous sommes tout le contraire : ni raciste, ni sexiste, ni homophobe, nous sommes fiers d’être ensemble avec nos différences pour construire une société solidaire.

Nous sommes forts de la diversité de nos discussions, en ce moment même des centaines d’assemblées élaborent et proposent leurs propres revendications. Elles touchent à la démocratie réelle, à la justice sociale et fiscale, aux conditions de travail, à la justice écologique et climatique, à la fin des discriminations. Parmi les revendications et propositions stratégiques les plus débattues, nous trouvons : l’éradication de la misère sous toutes ses formes, la transformation des institutions (RIC, constituante, fin des privilèges des élus…), la transition écologique (précarité énergétique, pollutions industrielles…), l’égalité et la prise en compte de toutes et tous quelle que soit sa nationalité (personnes en situation de handicap, égalité hommes-femmes, fin de l’abandon des quartiers populaires, du monde rural et des outres-mers…).

Nous, Gilets Jaunes, invitons chacun avec ses moyens, à sa mesure, à nous rejoindre. Nous appelons à poursuivre les actes (acte 12 contre les violences policières devant les commissariats, actes 13, 14...), à continuer les occupations des ronds-points et le blocage de l’économie, à construire une grève massive et reconductible à partir du 5 février. Nous appelons à former des comités sur les lieux de travail, d’études et partout ailleurs pour que cette grève puisse être construite à la base par les grévistes eux-mêmes. Prenons nos affaires en main ! Ne restez pas seuls, rejoignez-nous !

Organisons-nous de façon démocratique, autonome et indépendante ! Cette assemblée des assemblées est une étape importante qui nous permet de discuter de nos revendications et de nos moyens d’actions. Fédérons-nous pour transformer la société !

Nous proposons à l’ensemble des Gilets Jaunes de faire circuler cet appel. Si, en tant que groupe gilets jaunes, il vous convient, envoyez votre signature à Commercy (assembleedesassemblees@gmail.com). N’hésitez pas à discuter et formuler des propositions pour les prochaines « Assemblées des assemblées », que nous préparons d’ores et déjà.

Macron Démission ! Vive le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple.

Appel proposé par l’Assemblée des Assemblées de Commercy.
Il sera ensuite proposé pour adoption dans chacune des assemblées locales.


Appel ouvert à signatures : si votre rond-point/groupe GJ local/assemblée GJ locale se reconnaît dans cet appel, envoyez votre signature à assembleedesassemblees@gmail.com !

Signez la pétition
https://www.change.org/p/le-peuple-appel-de-la-première-assemblée-des-assemblées-des-gilets-jaunes

Vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=gJI5_us3RJI

L’APPEL DE COMMERCY, UN NOUVEAU SOUFFLE ?

Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers mois. Le mouvement des gilets jaunes a pris une ampleur considérable à laquelle on était bien loin de s’attendre.

Les piquets sur les rond-points et les moments passés à lutter contre le gouvernement et ses agents en uniforme, ont permis à des personnes de différents horizons de se rencontrer, de débattre et de discuter, ouvrant parfois la porte aux conflits, mais aussi bien souvent aux solidarités.

Il s’agit là d’un climat particulier, inhabituel, qui, bien qu’encourageant, amène néanmoins son lot de questions, dont une particulièrement que n’importe quel manifestant a du se poser à un moment ou un autre : jusqu’où penser la solidarité ? Peut-on s’allier à n’importe qui pour mener à bien un objectif commun ? Ou bien cette alliance a-t-elle ses limites ?

C’est cette question qui a empêché une partie des groupes anti-fa de rejoindre le mouvement des gilets jaunes et qui se pose toujours aujourd’hui pour un certain nombre de manifestants à chaque fois qu’est chantée la Marseillaise ou qu’est affiché un symbole fasciste.

La prégnance de l’extrême droite est un vrai sujet de débat, même si le degré de celle-ci est différentes selon les endroits. Dans certains elle est majoritaire, dans d’autres minoritaire et si dans ces derniers cas, elle semble de moins en moins tolérée, elle arrive tout de même bien souvent à se maintenir en se faisant plus discrète.

Respecter les opinions et les idées des autres, voilà un beau principe qui fait bien souvent consensus, car cela se rapporte à des qualités humaines tel que l’ouverture d’esprit, la tolérance, etc. Mais peut-on tout respecter, tout accepter ? Depuis quelques années le fascisme profite de la confusion ambiante pour se refaire un nouveau look en se faisant passer pour un courant de pensée comme les autres, on a vite fait d’oublier toutes les horreurs auxquelles il se rapporte.

Le fascisme, par définition, est une doctrine prônant un régime dictatorial. Autrement dit, un régime qui méprise les libertés et les droits des individus pour lui imposer un mode de vie, bien souvent par la force, et qui s’accompagne d’une grande disparité socio-économique, les pouvoirs et les richesses étant détenus par une minorité sur laquelle ne s’exerce aucun contrôle. Le mouvement des gilets jaunes a été lancé pour protester contre ces inégalités socio-économiques, n’y a-t-il pas une contradiction intrinsèque ?

Au final le problème est peut-être moins compliqué qu’il n’en n’a l’air. L’appel de Commercy y apporte un éclairage édifiant :
« Parmi les revendications et propositions stratégiques les plus débattues, nous trouvons : l’éradication de la misère sous toutes ses formes, la transformation des institutions (RIC, constituante, fin des privilèges des élus…), la transition écologique (précarité énergétique, pollutions industrielles…), l’égalité et la prise en compte de toutes et tous quelle que soit sa nationalité (personnes en situation de handicap, égalité hommes-femmes, fin de l’abandon des quartiers populaires, du monde rural et des outres-mers…). »

Ici les différences s’effacent dans cet appel humain, solidaire et fraternel. Il s’agit de la première réelle prise de position du mouvement et celui-ci ouvre tout un éventail de possibilités !

« ni racistes, ni sexistes, ni homophobes, nous sommes fiers d’être ensemble avec nos différences pour construire une société solidaire. »

« Nous nous révoltons contre la vie chère, la précarité et la misère. Nous voulons, pour nos proches, nos familles et nos enfants, vivre dans la dignité. 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, c’est inacceptable. Partageons la richesse et pas la misère ! Finissons-en avec les inégalités sociales ! Nous exigeons l’augmentation immédiate des salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions, le droit inconditionnel au logement et à la santé, à l’éducation, des services publics gratuits et pour tous. »

Il est évident que l’extrême droite n’a plus sa place dans ce mouvement. D’ailleurs, Marine Lepen en soutenant officiellement la loi anti-casseur s’est complètemet grillée, car si dans le fond cette loi pourrait diviser les manifestants pacifiques et les manifestants violents, elle les rassemblent dans les faits par la logique qui la sous-tend : à savoir la suppression du droit de manifester. Elle les rassemble aussi au vu du contexte de son apparition, une violente répression qui s’abat sur l’ensemble des manifestants y compris sur les plus pacifiques d’entre eux.

« Nous condamnons toutes les violences contre les manifestants qu’elles viennent des forces de l’ordre ou des groupuscules violents. Rien de tout cela ne nous arrêtera ! Manifester est un droit fondamental. Fin de l’impunité pour les forces de l’ordre ! Amnistie pour toutes les victimes de la répression ! »

Évidemment, comme l’a souligné Nantes Révoltée, ce parti pris du FN n’a rien de nouveau, mais les gens ont la mémoire courte et sélective : « Il y a deux ans, lors du mouvement contre la Loi Travail, la famille Le Pen manifestait avec la police pour réclamer encore plus de répression. Quelques mois plus tard, le FN réclamait, lors de défilés de policiers cagoulés et armés sur les Champs Élysées, la « présomption de légitime défense ». Autrement dit, le droit pour les forces de l'ordre de tirer sans jamais être poursuivis. Aujourd'hui, c'est cette « présomption de légitime défense » qui permet aux policiers de tirer en rafale, de mutiler, d'éborgner, de tabasser des milliers de personnes. » (https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/photos/a.336512019718311/2043089635727199/)

Ainsi, l’appel de Commercy apporte-t-il une bouffée d’air salutaire dans ce climat bouillonnant et confus où s’agrègent toutes sortes de colères. Celui-ci trouvera-t-il un écho chez les autres gilets jaunes, les collectifs et les organisations militantes traditionnelles ? C’est ce qu’il reste à voir.

Lili
https://www.facebook.com/legueuloirjournal/posts/1102402039945886

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