RETRAIT IMMÉDIAT DES FONGICIDES SDHI !

Publié le par Résistance verte

 

Pour un retrait immédiat  des fongicides SDHI, 
tueurs d'abeilles et cancérigènes potentiels.

 

« C'est une folie d'utiliser massivement les pesticides SDHI. Nous les avons testés en laboratoire, ils tuent aussi bien l'enzyme des vers de terre, de l'abeille ou de l'Homme, avec des conséquences catastrophiques pour l'environnement et potentiellement pour la santé. »
Pierre Rustin, Directeur de recherches CE au CNRS, Inserm UMR1141 / Physiopathologie et thérapie des maladies mitochondriales - Hôpital Robert Debré.

Réponse officielle de l'Anses, l'autorité sanitaire française chargée d'évaluer et d'autoriser la vente des pesticides : « L'alerte des scientifiques n'est pas fondée, il n'y a pas lieu d'interdire ces produits. »

Sous la pression des multinationales de l'agrochimie, les autorités sanitaires françaises et européennes essayent d'étouffer ce qui sera peut-être l'un des plus gros scandales sanitaires et environnementaux des prochaines décennies.

Un groupe d’éminents scientifiques – chercheurs, cancérologues, toxicologues, travaillant à l’Université et dans les principaux instituts de recherche en France (CNRS, Inserm, INRA) – essaie désespérément d'alerter les autorités sanitaires en charge du contrôle des pesticides et de leur autorisation sur les conséquences potentiellement catastrophiques liées à l'utilisation massive d'une nouvelle classe de pesticides tueurs-d'abeilles, les SDHI (« Succinate Deshydrogenase Inhibitors »), dont le mode d'action particulier – ils s'attaquent à la respiration cellulaire indispensable aux êtres vivants – pourrait avoir des effets ravageurs sur l'environnement et notre santé à tous dans les années qui viennent. (1)

Mais les autorités sanitaires refusent de prendre en compte les indications et découvertes de ces chercheurs – des experts indépendants, pourtant mondialement reconnus dans leur spécialité – et d'en tirer la seule conclusion scientifique et raisonnable qui s'impose : le retrait immédiat de tous les pesticides SDHI du marché européen, et le suivi épidémiologique des effets produits par les milliers de tonnes de ces poisons déjà déversés dans notre environnement !

Tout en reconnaissant qu'elle manquait de connaissances scientifiques pour répondre aux inquiétudes graves soulevées par les spécialistes du CNRS, de l'Inserm et de l'INRA...
L'Anses, l'autorité sanitaire française en charge de l'évaluation et de l'autorisation de vente des pesticides, a sciemment refusé d'appliquer le principe de précaution et a réaffirmé son soutien « aveugle » aux pesticides incriminés !

Pourquoi prendre un tel risque quand la mission première, capitale, des autorités sanitaires est de protéger les citoyens, leur santé et leur environnement ?
Tout simplement parce que les enjeux financiers sont colossaux pour l'industrie agrochimique... Et les pressions des lobbys sur les autorités sanitaires sont à la hauteur des centaines de millions de bénéfices que représente chaque année la vente de ces nouveaux produits !

Utilisés massivement depuis 2013, les SDHI sont devenus en six ans seulement des pesticides très utilisés en agriculture : ils sont déversés en France sur 70 % des cultures de blé tendre et 80 % des cultures d’orge (2). On les utilise pour le tournesol, le colza, les fruits (pommes, raisins, abricots, cerises, tomates...), les légumes (choux, asperges, carottes...). Mais aussi sur la plupart des terrains de sport, de golf, les stades de foot...

Les SDHI sont partout dans l'environnement, jusque dans l'eau que nous buvons et l'air que nous respirons (3). Et dans nos assiettes : le boscalid, le SDHI le plus vendu, fabriqué par l'agro-industriel BASF, se retrouve dans la moitié des échantillons de fraises testés, 71 % des salades, 86 % des mueslis non bio...(4) Selon l'EFSA, le boscalid fait partie des produit phytosanitaires les plus fréquemment quantifiés parmi les pesticides analysés dans tous les produits végétaux. (5)

C'est une véritable catastrophe pour la nature et une bombe à retardement pour l'Homme :
« Si les SDHI continuent à être utilisés de la sorte, il est fort probable que de nombreuses maladies graves se déclencheront dans 10 ou 20 ans dans la population : maladies neurologiques, cardiomyopathies chez les enfants et les adultes, cancers... » (6)
Dans une tribune publiée en avril 2018, les scientifiques qui ont lancé l'alerte pointent clairement les risques :

« Des anomalies du fonctionnement de la SDH peuvent entraîner la mort des cellules en causant de graves encéphalopathies, ou au contraire une prolifération incontrôlée des cellules, et se trouve à l'origine d'autres maladies humaines ». (1)
Les mêmes scientifiques appellent à « suspendre l'utilisation (des SDHI) tant qu'une estimation des dangers et des risques n'aura pas été réalisée par des organismes indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences ayant précédemment donné les autorisations de mise sur le marché ».

L'Anses, l'autorité sanitaire française en charge de l'évaluation du risque et des autorisations de pesticides, a balayé leurs inquiétudes et leurs demandes d'un revers de la main.
La chronologie des faits parle d'elle-même :

• Octobre 2017 : Pierre Rustin, Paule Bénit et leurs collègues du CNRS, de l'Inserm et de l'INRA alertent l'Anses sur les risques induits par l'utilisation massive des pesticides SDHI >> Silence radio de l'Anses pendant plus de 7 mois – aucune réponse, aucune position officielle !

• 15 avril 2018 : les chercheurs sont obligés de sortir de leur réserve scientifique et dénoncent publiquement l'existence et le mode d'action des SDHI dans une tribune publiée dans le journal Libération - pour obliger l'Anses à sortir de son mutisme >> Acculée, l’agence se résout à réunir un GECU (Groupe d'expertise collective d'urgence) pour étudier l'alerte des chercheurs.

• 14 juin 2018 : les scientifiques lanceurs d'alerte sont enfin reçus au siège de l'Anses pour présenter leurs études ; ils en ressortent abasourdis face à l'attitude méprisante et résolument non-scientifique des membres du GECU : 4 toxicologues ne connaissant ni la SDH ni les SDHI, dont un « expert » directement lié aux intérêts des producteurs de fongicides ;

• 15 janvier 2019 : quinze mois plus tard, le GECU remet son rapport : les SDHI (les pesticides les plus utilisés en Europe !) « ne font pas partie des familles chimiques analysées (dans les programme de surveillance des pesticides français et européens)... Aucune donnée de bio-surveillance humaine... aucune donnée d'exposition professionnelle agricole n'est disponible à ce jour... À ce stade, il n'est pas prévu de les ajouter au programme... »

Sans ciller, les autorités sanitaires françaises reconnaissent donc qu'il n'existe pas de données ni de recherches sur les SDHI - des pesticides au mode d'action pourtant particulièrement inquiétant, présents partout dans notre environnement...
Tout comme leurs homologues de l'EFSA, l'autorité sanitaire chargée d'évaluer et d'autoriser les pesticides au niveau européen, elles assument ne rien savoir ou presque des effets potentiels des SDHI pour l'environnement et la santé.

Et cela ne les empêche pas d’accorder à Bayer-Monsanto, Syngenta-ChemChina et autres géants de l'industrie chimique, l'autorisation de vendre 11 pesticides SDHI différents en Europe...
Ni de prolonger à nouveau en juillet dernier l'autorisation de vente du boscalid, le SDHI le plus utilisé en Europe, sans exiger de nouvelles études et sans prendre en compte les études déjà réalisées depuis la première mise sur le marché. (7)

Nous devons couper court à cette complaisance insupportable, à cette collusion dangereuse qui met en danger des millions de personnes et sacrifie le vivant pour préserver les seuls intérêts financiers des multinationales de l’agrochimie !

Nous demandons le retrait immédiat de toutes les substances fongicides de la classe SDHI.
Au-delà de notre santé, c’est aussi l'ensemble de la biodiversité qui est aujourd’hui menacé.

Pétition : https://info.pollinis.org/stopsdhi/

(1) Voir la tribune signée par neuf chercheurs CNRS, Inserm et INRA publiée dans Libération le 15 avril 2018 : Une révolution urgente semble nécessaire dans l'usage des antifongiques et leur site Endsdhi.com

(2) www.terre-net.fr le 3 janvier 2014. Voir aussi Agreste : Plus de 3,24 millions d'hectares de cultures ont reçu un SDHI en 2014 en France, pour plus de 580 tonnes de substances, majoritairement du boscalid.

(3) Etat des lieux de la présence des pesticides dans l'environnement (https://www.atmo-nouvelleaquitaine.org/sites/aq/files/atoms/files/3_sebastienleonard_fredon_agneshulin_atmopc.pdf) , 4e journées régionales de l'air - Sébastien LEONARD, Agnès HULIN Étude Air Paca, Mesures du Glyphosate dans l'air : étude exploratoire en région PACA Novembre 2017 (https://www.atmosud.org/sites/paca/files/atoms/files/2017.10.27_note_technique_airpaca_glyphosate_aa.pdf) Atmo Auvergne Rhône Alpes 2015 (https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/sites/ra/files/atoms/files/suivi_pesticides_2sites_2013-2014.pdf)

(4) Enquêtes EXPERT, Générations Futures, 2015 et 2016

(5) The 2017 European Union report on pesticide residues in food (https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j.efsa.2019.5743)  European Food Safety Authorities (EFSA), scientific report adopted May 26 2017, doi: 10.2903/j.efsa.2019.5743.

(6) Au sujet des maladies liées à une défaillance de la SDH, voir :
• Genetic and Biochemical Intricacy Shapes Mitochondrial Cytopathies (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25684538), Turnbull, Rustin, in Neurobiol Dis, 12 février 2015, 92, 55-63.
• Mutation of a Nuclear Succinate Dehydrogenase Gene Results in Mitochondrial Respiratory Chain Deficiency (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7550341), Bourgeron, Rustin, Chrétien in Nat Genet, octobre 1995, 11(2), 144-149.
• Mutations in SDHD, a Mitochondrial Complex II Gene, in Hereditary Paraganglioma (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10657297), Baysal, Ferrell, Willett-Brozick in Science, 4 fév. 2000, 287 (5454), 848-851.
• The R22X Mutation of the SDHD Gene in Hereditary Paraganglioma Abolishes the Enzymatic Activity of Complex II in the Mitochondrial Respiratory Chain and Activates the Hypoxia Pathway (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11605159), Gimenez-Roqueplo, Favier, Rustin in Am J Hum Genet, décembre2001, 69(6), 1186-1197.
• Defects in Succinate Dehydrogenase in Gastrointestinal Stromal Tumors Lacking KIT and PDGFRA Mutations (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21173220), Janeway, Kim, Lodish in Proc Natl Acad Sci USA, 4 janv. 2011, 108 (1), 314-318.
• SDH Mutations Establish a Hypermethylator Phenotype in Paraganglioma (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23707781), Letouzé, Martinelli, Loriot in Cancer Cell, 10 juin 2013, 23(6), 739-752.
• The Environmental Carcinogen Benzo[a]pyrene Induces a Warburg-Like Metabolic Reprogramming Dependent on NHE1 and Associated With Cell Survival (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27488617), Hardonniere, Saunier, Lemarié in Sci Rep, 4 août 2016, 6, 30776.

(7) L'autorisation de la substance active boscalid a été repoussée une première fois au 31 juillet 2019, puis une seconde fois jusqu'au 31 juillet 2020. Commission Implementing Regulation (EU) 2018/917 of 27 June 2018 amending Implementing Regulation (EU) No 540/2011 as regards the extension of the approval periods of the active substances.

 

ALERTE SCIENTIFIQUE SUR LES FONGICIDES

 

Les SDHI empêchent le développement des champignons en bloquant leur respiration. Passant dans la chaîne alimentaire, ils pourraient affecter gravement la santé des humains.

Dans la série des dangers des pesticides pour l’environnement et la santé humaine, vous aimez l’épisode sur les herbicides (comme le glyphosate, la substance active du Roundup de Monsanto et ses génériques) et celui sur les insecticides (tels les néonicotinoïdes ou le fipronil « tueurs d’abeilles »), tous deux loin d’être achevés ? Vous allez adorer celui sur les fongicides, qui démarre tout juste. Un collectif de chercheurs, cancérologues, médecins et toxicologues du CNRS, de l’Inserm et de l’Inra s’alarment de l’utilisation massive, depuis quelques années, d’une classe de pesticides qui portent eux aussi un nom à coucher dehors : les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase). Autorisés en Europe à partir de la fin des années 2000 et fabriqués entre autres par les grands industriels (Monsanto, Bayer, Basf, Syngenta, Du Pont, Mitsui ou encore Chemtura AgroSolution), ces fongicides visent à éliminer les champignons et moisissures en agriculture ou sur les pelouses. Ils sont désormais utilisés à grande échelle sur nombre de cultures (70 % des surfaces traitées de blé tendre et 80 % en orge d’hiver en 2014), y compris sur les pommes de terre et les fruits (tomates, raisins, agrumes, fraises...).

Résultat, ils finissent dans la terre, puis dans les eaux, et dans les chaînes alimentaires animales et humaines. Or, leur mode d’action inquiète les scientifiques signataires de la tribune. Pour schématiser, les SDHI bloquent la respiration des cellules des champignons (en inhibant l’activité de l’enzyme SDH, la succinate déshydrogénase) mais « ils bloquent aussi très efficacement tant la SDH des nématodes ou des vers de terre que la SDH humaine », explique Pierre Rustin, directeur de recherches au CNRS - Inserm, cosignataire du texte. Le généticien, qui travaille depuis quarante ans sur les maladies mitochondriales (liées à un trouble de la chaîne respiratoire des mitochondries, des structures intra-cellulaires responsables de la production énergétique des cellules), raconte être tombé sur le sujet « par un hasard total » en novembre dernier. « Je faisais une revue de ces maladies, et, en recherchant s’il y avait des causes autres que génétiques, je suis tombé sur ces inhibiteurs de la SDH. Ils bloquent bien la SDH humaine, nous l’avons testé en laboratoire (https://www.biorxiv.org/content/early/2018/03/29/289058). Or, nous savons qu’il est extrêmement dangereux de bloquer cette enzyme. »

Des anomalies de fonctionnement de la SDH « peuvent entraîner la mort des cellules en causant de graves encéphalopathies, ou au contraire une prolifération incontrôlée des cellules et se trouver à l’origine de cancers », écrivent les chercheurs. Sans compter d’autres maladies, comme celle de Parkinson ou la perturbation de la mobilité des spermatozoïdes… Or, déplore Pierre Rustin, la toxicité sur le long terme de ces molécules fongicides SDHI pour l’homme n’a pas encore été sérieusement étudiée. Les scientifiques appellent donc dans Libération à « suspendre » l’utilisation des SDHI « tant qu’une véritable estimation des dangers et des risques n’aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences ayant précédemment donné les autorisations de la mise sur le marché ».

Coralie Schaub, Libération (extraits)
https://www.liberation.fr/debats/2018/04/15/alerte-scientifique-sur-les-fongicides_1643533

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