TOUS SURVEILLÉS DANS LA LOIRE, LA RÉSISTANCE S'ORGANISE !
"Déjà, nombre de caméras sont déployées dans nos villes : 255 dans l’agglomération roannaise (100 000 hab), 394 à Saint-Etienne intra-muros (plan, que vous pouvez aider à compléter ici, pour 171 000 hab), 150 à Saint Chamond (35 000 hab), 140 à Firminy et alentours (17 000 hab), pour ne citer que les plus grandes (...)
La loi Sécurité globale a d’ailleurs permis d’étendre la possibilité de systèmes de vidéosurveillance à l’échelle des départements, ce qui peut se voir dans le Val d'Oise et s’amorce dans la Loire avec le réseau ROC42 (créé par le conseil départemental et le SIEL : il y aurait déjà 93 communes connectées, ce réseau n'est cependant pas limité à la vidéosurveillance).
Les budgets consacrés à ces dispositifs sont démentiels, en matériels comme en servants dans les centres de supervision (mur d’écran, qui permet de suivre automatiquement un individu à travers la ville, de le signaler comme suspect, de faire de la vidéoverbalisation…). Ainsi à Saint Etienne ce sont 20 personnes qui, à temps plein, sont affectées à ces tâches.
https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=1141
Les zones urbaines ou semi-urbaines ont été les premières touchées par ces déploiements de caméras à l'achat largement subventionné (par l'Etat, les régions). Mais désormais ce sont les zones rurales qui sont aussi touchées.
Planfoy est une commune rurale d'environ 1000 habitant·es où la mairie projette d'installer des caméras de vidéosurveillance. Depuis plusieurs semaines une partie de la population s'oppose à cette installation.
La mairie refuse toujours d'organiser une réunion publique, mais, grâce à sa pétition (montée à plus de 300 signataires) et à diverses actions, le collectif Planfoy sans Caméra vient d'obtenir l'organisation d'un référendum le 1er octobre.
28 janvier le collectif a lancé une pétition (309 signatures à ce jour) : https://www.change.org/p/planfoy-sans-camera
Page Facebook du collectif Planfoy sans caméra
Article de Halte au contrôle numérique : https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=2586
Communiqué, conférence de presse le 9 juin
"Contre le projet d’installation de caméras de surveillance dans l’espace public du village, le collectif « Planfoy sans caméra » demande un débat public et une consultation de la population. La Mairie n’a toujours pas accepté l’idée d’un débat public, et ne donne que des informations partielles sur le projet. Cependant, devant l’insistance du collectif, il semble que l’on s’oriente vers une consultation de la population à l’automne.
L’occasion de refaire un point sur ce projet que nous dénonçons.
….« Planfoy, nous aimons tes montagnes, Nous aimons tes grandes forêts, Nous aimons tes vertes campagnes, Où règnent le calme et la paix… »
… ainsi commence le refrain de la chanson-hymne du village, entonnée en choeur par les Planfoyard.e.s, lors de la fête du village l’été dernier…
Effectivement, il fait bon vivre à Planfoy, la vie y est tranquille, le tissu associatif y est très actif, l’environnement chatoyant..
Pourtant, à l’automne 2022, c’est ici même, que la mairie a annoncé, probablement sous pression de l’état et la gendarmerie, de son intention d’équiper le village de caméras pour surveiller la population. Peu de choses sont pourtant à signaler en matière d’insécurité. En tout cas, rien qui justifie de déployer ce genre d’équipement couteux et disproportionné pour un village de 1000 habitant.e.s.
Depuis plusieurs mois, et devant ce constat, un collectif de citoyen.ne.s s’est créé à Planfoy pour s’opposer au projet. Une pétition a été lancée recueillant à ce jour 278 signatures, dont une grosse proportion de planfoyard.e.s…
Devant les questionnements et les tensions naissantes dans le village concernant ce projet, et en l’absence d’information publique de la part de la mairie, les « rencontres de la bibliothèque », ont pris les devants dans l'objectif de les désamorcer et d’ouvrir la réflexion. Un film a été diffusé sur le sujet, suivi d'un échange cordial. Celui-ci a permis de soulever un grand nombre de questions de la part des Planfoyard.e.s présent.e.s. Bon Nombre de celles-ci restent, à ce jour, sans réponse de la part des Elus.
Par ailleurs, face à l’inquiétude soulevée par les incivilités et la délinquance dont semble souffrir le village, la réflexion sur la prévention est totalement absente. Les 30 000€ de budget municipal annoncés pour l’installation de caméras de vidéosurveillance ne pourraient-ils pas être mis au service de projets dont la communauté a réellement besoin pour améliorer la qualité de vie à Planfoy ? Les idées ne manquent pas, et les besoins sont nombreux.
Nous demandons, outre l’abandon du projet, la transparence administrative, l’information de la population, et une consultation citoyenne.
Ces revendications nous apparaissent totalement logiques pour ce genre de décision concernant l’espace public.
A ce jour, la mairie reste très opaque dans ses décisions, et ses délibérations en ne communiquant que des éléments parcellaires sur le projet tout en affichant une absence de volonté de débattre. Mais récemment, suite à un nouveau courrier de notre collectif, la mairie nous a informés que serait mise à l’ordre du jour du conseil municipal du 9 juin 2023, la possibilité de consulter la population planfoyarde sur ce projet. C’est, assurément, une satisfaction pour notre collectif, qui ne crie pas victoire pour autant…
Nous ne savons pas, à l’heure actuelle, comment sera organisé la consultation, si nous aurons la possibilité d’exposer nos arguments, comment sera formulée la question aux planfoyards, ni même si la mairie s’engage à abandonner le projet en cas de « non » gagnant lors de cette consultation. Nous restons donc mobilisés, vigilants, et déterminés, pour préserver notre village contre ce projet inutile, couteux et nuisible."
Le collectif citoyen « Planfoy sans caméra »
Ci-dessous, droit de réponse au courrier envoyé par la mairie (commenté par le collectif Planfoy sans caméra)
"Un peu partout (et plutôt dans les zones rurales ou dans de petites villes) s'organise une contestation de ces caméras partout, aberration sécuritaire, citoyenne (on oublie les relations humaines, les outils du travail social pour des systèmes technlogiques, inhumains), écologique (que de matériels déployés sans discernement)...
A plusieurs endroits, des collectifs s'organisent pour contester ces déploiements sur le plan juridique : à Moirans (38), autour de Dijon (Les Lentillères), Foix, Marcillac et dans toute l'Occitanie, à Grabels et Saint Martin de Londres (34), à Brienon-sur-Armançon (Yonne), dans l'Orne (Putanges et d'autres), dans le Rhône (Sainte Colombe, Arnas)..."
"dans le département de l'Hérault où "104 citoyennes et citoyens, la LDH (Ligue des droits de l’Homme), l’Union syndicale Solidaires 34 et le collectif Technopolice Montpellier ont déposé conjointement onze recours gracieux contre les autorisations de près d’un millier de caméras de surveillance dans plusieurs communes de l’Hérault. Cette action fait suite à la publication discrète d’une série d’arrêtés préfectoraux visant à renouveler et étendre la vidéosurveillance dans le département, sans aucun débat démocratique."
https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=3179
"Le sociologue Laurent Muchielli (3) précise que la vidéosurveillance aiderait à l’élucidation de seulement 3 % des cas. Guillaume Cormand a réalisé une étude pour le Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN) sur 1939 enquêtes menées en Isère : 22 ont bénéficié du concours d’images de caméras pour leur élucidations , soit seulement 1,1 %. Pour lui, "critiquer la vidéosurveillance, c’est s’attaquer à une religion." "On n’écoute pas les scientifiques. Les défenseurs de la vidéosurveillance ne veulent pas entendre des discours comme le mien."
De son côté, la Cour des comptes (Rapport de la Cour des comptes sur les polices municipales, octobre 2020, p. 69-70) affirme que, "faute d’études statistiques et d’évaluations indépendantes, l’efficacité de ces politiques a longtemps fait débat en France." Elle ajoute : "Au vu des constats locaux résultant de l’analyse de l’échantillon de la présente enquête, aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéo-protection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation."
C'est également l'analyse - très fouillée - du Laboratoire d'innovation numérique de la CNIL qui souligne que "l’évaluation de leur efficacité sur la baisse des délits est peu démontrée." Mais, pour les élus, c'est un "investissement symbolique" qui rassure, qui constitue un "facteur d’attractivité territoriale pour les habitants."
https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=1141
La vidéosurveillance est surtout très lucrative pour les sociétés de sécurité, comme le montre le documentaire Fliquez-vous les uns les autres (qui n'est malheureusement plus disponible en ligne mais a fait l'objet d'une projection le 27 avril à Planfoy) celles-ci n'attendent qu'une chose, c'est le développement de la surveillance comme en Chine !
Si la vidéosurveillance telle qu'employée à l'heure actuelle n'aident pas du tout à résoudre les crimes et les délits, la vidéosurveillance automatisée et la reconnaissance faciale, elles, sont en revanche de formidables outils pour réprimer les opposants politiques.
La Quadrature du net est l'association nationale la plus investie dans le soutien aux collectifs locaux pour les questions de vidéosurveillance. Elle fournit quelques outils :
- un Guide pour lutter contre la vidéosurveillance
- un forum d'échange entre collectifs de différentes régions, communes
- un blog présentant les actions de certains de ces collectifs
- une carte les inventoriant
- un "Carré", lieu de débats
- divers moyens pour les contacter, les suivre, et les consulter au niveau juridique.