FIN TEMPORAIRE DES PLANCHES À BILLETS
CAC 40, Wall Street… "la Bourse est repartie pour un krach durable !”
Depuis le début de la pandémie, et initialement pour relancer la machine, les États ont fait exploser leurs dettes publiques, qui ont été directement financées par les achats de titres des banques centrales. Et ce pour des montants colossaux : plus de 4.500 milliards de dollars pour la Réserve fédérale américaine et plus de 4.000 milliards d’euros pour la BCE.
En revanche, en 2021, malgré la reprise et surtout en dépit de l’augmentation des prix, les États et les banques centrales ont continué leur fuite en avant. Une erreur qui a produit des effets dramatiques en termes de flambée inflationniste, avant même les dérapages engendrés par la guerre en Ukraine sur les cours des matières premières Cette profusion de liquidités a effectivement permis de maintenir les taux d’intérêt proches de 0%, incitant certains États à continuer d’augmenter leur dette, tout en gonflant une bulle de plus en plus exubérante sur la Bourse.
Aujourd’hui, face à la forte et durable augmentation de l’inflation, les banques centrales sont contraintes de mettre fin à l’ère de “l’argent magique”. Dès lors, privés de la morphine des banques centrales, les marchés boursiers se sont mécaniquement reconnectés à la réalité économique, et notamment au net ralentissement de la croissance mondiale.
La troisième grande raison qui explique la dégringolade boursière réside dans l’augmentation massive et logique des taux d’intérêt des obligations d’État. Le taux d’intérêt des obligations de l’État français à dix ans vient de toucher les 2 %, un sommet depuis avril 2014. En 18 mois, la remontée de celui-ci a atteint 2,4 points, un record depuis le krach obligataire de 1994. Nous sommes bien en train de vivre un nouveau krach obligataire qui continuera inévitablement d’alimenter le krach boursier.
Enfin, quatrième raison et non des moindres de la dégringolade boursière : la fin de la bulle du numérique qui a été alimentée par les « planches à billets » mais aussi par la pandémie. C’est du moins ce que montre la chute du Nasdaq, le fameux indice des valeurs de croissance. Les cours de la moitié des entreprises composant cet indice ont même déjà baissé de plus de 50 %. Pour ceux qui ont vécu la bulle et le krach Internet un étrange air de « déjà vu » commence à s’imposer.
Les bulles sont faites pour se dégonfler. Les valeurs qui ont été portées par cette dernière et les confinements en tous genres s’effondrent, y compris le fleuron Amazon : -44 % depuis son sommet de 2021. Les palmes de la chute reviennent cependant à Netflix, avec un effondrement de 44% depuis novembre 2021 et à Zoom avec une descente aux enfers de 81%.
Les bulles et les krachs font partie de la vie normale des marchés boursiers. la chute actuelle des marchés est salutaire, elle leur permet simplement de se reconnecter à la réalité économique...
Marc Touati, économiste
(extraits)
https://www.capital.fr/entreprises-marches/cac-40-wall-street-la-bourse-est-repartie-pour-un-krach-durable-1438744
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"La crise est une invention du spectacle, le fonctionnement normale du capitalisme.
Certains perdent beaucoup pendant que les plus gros ramassent tout ce qui traine."
Lukas Stella, 2022