ESCROQUERIE SUR UN FUTUR EN PERDITION
L’arnaque est aujourd’hui générale et mondiale, c’est toute la société qui est escroquée par un petit groupe de multimilliardaires sans aucun scrupule.
L’idéal pour les possédants est que le pauvre se croie riche tout en restant pauvre, c’est pourquoi l’usurpation des richesses disparaît du monde visible. Dans ce monde barbare, les truands de la fortune « à tout prix », ont tous les pouvoirs, et notamment celui de disparaître de la représentation spectaculaire du monde. Leurs larbins répandent la peur de la catastrophe pour maintenir le peuple dans la soumission et la servitude. Recroquevillé dans son quotidien, la trouille au ventre, il ne se rebelle pas. Et quand cette folie des accapareurs de richesse provoque de gros dégâts dans l’économie réelle, on demande aux populations appauvries de payer les réparations, afin d’éviter la banqueroute du casino mondial. Les gestionnaires d’État sèment la panique à tout vent pour mieux justifier la récession, conséquente au détournement des fonds publics, qui n’est qu’une escroquerie sociale de plus, mais une de taille démesurée.
La domination mondiale de la haute finance américaine repose sur une inflation de crédits douteux réalisés sur un dollar à la valeur défaillante, mais dont les intérêts doivent absolument être payés par tous ces pays maintenant asservis. L’impérialisme financier se nourrit des dettes, des risques et même des faillites. Il réalisera ses plus gros coups à la limite de l’implosion générale du système.
Pire est l’économie, meilleure est la finance. Il y a beaucoup trop de richesses qui circulent en permanence dans les réseaux financiers, beaucoup trop de fortunes à ramasser facilement, pour que ce pillage puisse s’arrêter. Les déréglementations de la spéculation, la mainmise sur les dettes des États, les paradis judiciaires et fiscaux, ainsi que l’informatisation des transactions ont fait qu’aucun retour en arrière n’est aujourd’hui envisageable.
Les monstrueux profits spéculatifs ne sont que des emprunts à un futur incertain avec des délais de remboursement aléatoire. C’est un trafic sur le chaos, une arnaque sur un devenir virtuel qui est dans l’impossibilité de concevoir sa chute.
Il n’y a pas de limites à la dégradation des conditions d’existence, sauf évidemment leur suppression.
La peur de l’avenir n’est que l’expression de l’incertitude du devenir des capitalistes qui n’ont plus de futur. Tous ceux qui n’ont plus grand-chose à perdre ont tout à espérer d’un nouveau monde émergeant par nécessité. Ce qui nous arrive n’est pas un accident de parcours, mais bien l’aboutissement du capitalisme, l’achèvement d’un monde suicidaire.
Les capitalos-trafiquants milliardaires ont instauré une situation d’urgence permanente qui justifie les décisions arbitraires antidémocratiques, une stratégie de choc, où tout s’accélère, répandant la culpabilité, la peur et l’insécurité pour faire passer de force leurs plans d’austérité et de récession sociale, au risque de détruire l’économie. Plus il y a de dettes plus leurs profits augmentent. C’est une fuite en avant qu’ils feront durer aussi longtemps qu’ils le pourront.
Tout le monde peut aujourd’hui, se rendre compte que cette crise est devenue permanente pour la grande majorité, mais une aubaine pour une toute petite minorité qui en tire ses meilleurs profits.
Le milieu financier apparaît comme un système mafieux qui se concentre et se préserve autour de la famille et d’un petit cercle d’amis. C’est une vision obtuse et puérile du monde où le cynisme des dominants cache leur fascination du pouvoir que leur procurent l’accumulation des richesses, l’absence de culpabilité, l’irresponsabilité narcissique, le goût du risque et du sang, le mépris et l’arrogance mégalomaniaque.
Cette minuscule classe dominante qui s’impose à la société, devient aux yeux de la population, absolument intolérable dès qu’elle devient visible, provoquant sarcasme, dénigrement, haine et violence spontanée. La haute bourgeoisie ne lâchera rien si elle n’y est pas forcée, et elle se battra jusqu’au bout pour défendre ses privilèges illimités et son pouvoir absolu.
Et « cela peut durer très longtemps, si l’on ne fait pas d’omelette avant. » Robert Desnos
La dictature économique et financière n’est plus une fatalité, mais la tyrannie d’un petit groupe d’usurpateurs multimilliardaires qu’il s’agit de rendre inopérants pour sauver la société de la faillite de l’humanité, et la planète de sa destruction irréversible.
Les dettes se répandent comme des virus, l’épidémie envahit une société de crise qui s’est grippée. La fièvre monte dans un État fébrile, la lassitude gagne et les défenses immunitaires s’écroulent...
L’économie ne pourra pas sauver la société de ce processus de dégradation mortifère, car elle a déjà fait la preuve de son ignominie. Son fonctionnement même est la conséquence de son essence barbare, la domination sans entraves de la haute bourgeoisie, l’exploitation sans limites de toutes les couches de la population, la réalisation spectaculaire de sa supercherie macabre, l’accomplissement de son auto-destruction programmée, la fin d’une société.
Lukas Stella, L'invention de la crise, 2011 (extraits)
http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.pdf
http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-Toxicomanie-marchande.epub