DÉMANTELER DEMETER !

Publié le par Résistance verte

 

Les géants de l’agro-industrie se sont dotés d’une nouvelle arme pour réduire au silence les défenseurs de la nature… et s’assurer pour de longues années encore de pouvoir commercialiser sans entrave des pesticides qui déciment les abeilles et la biodiversité, avec la complicité du ministère de l’Intérieur !

Le nom de cette arme : Déméter. Une cellule de gendarmerie née d’un pacte illégal (1) qui lie le ministère de l’Intérieur à la FNSEA et aux Jeunes agriculteurs, deux syndicats qui défendent un modèle agricole conforme aux intérêts financiers de l’industrie et catastrophique pour la biodiversité (2).

Ses objectifs sont clairs :
• museler les voix des défenseurs d’une agriculture durable, libérée des pesticides et de l’emprise de l’industrie…
• traduire toute forme de critique de l’agriculture industrielle en infraction, et toute action militante en association de malfaiteurs, punie de 10 ans de prison et jusqu’à 150 000 euros d'amende (3)...
•faire pression sur les journalistes et les citoyens qui exposent les dérives de notre modèle agricole et la vitesse alarmante d’extinction des insectes et de leurs services écosystémiques inestimables (4) !

Pour y parvenir, tous les moyens sont bons : surveillance abusive, visites musclées et interrogatoires à rallonge sont utilisés pour étouffer la critique de l’industrie des pesticides, dont les produits contaminent déjà 100 % des sols (5) et 80 % des masses d’eau souterraine (6).
Nous devons impérativement couper court à l’emprise terrifiante de l’agrobusiness sur les moyens de police, au mépris des libertés démocratiques inaliénables du citoyen !

Alors que l’agriculture intensive continue d’exposer massivement l’ensemble des organismes vivants à ses produits toxiques et cancérigènes (7), l’État s’allie à l’agrochimie – contre ses propres citoyens ! – en lui offrant une police dédiée à la défense de ses intérêts.  Selon le dossier de presse publié à sa création (8), Déméter est compétente pour punir les « actions de nature idéologique » et les « simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole »… Un cadre d’intervention identique à celui d’une véritable police de l’opinion !

De récents événements rapportés par France Inter (9) l’ont démontré, et nous alertent sur les activités inquiétantes de cette cellule :
• Pour avoir donné son opinion sur l’implantation de serres de tomates hors-sols sur plusieurs hectares de zones humides lors d’un reportage de France 3 Nouvelle-Aquitaine, le porte-parole de Sources et Rivières du Limousin a été convoqué par la gendarmerie et a fait l’objet d’une enquête à la propre initiative des forces de l’ordre.
• Le président d’une petite association de riverains opposés à l’épandage massif de pesticides aux alentours des habitations a également subi de multiples pressions de la cellule Déméter : appels répétés pour connaître le contenu et les participants des réunions locales, visites des gendarmes en armes et gilet pare-balle à son domicile…
• Une journaliste allemande a été purement et simplement empêchée de faire son travail, et contrainte, hors de tout cadre légal, de supprimer l’enregistrement de son entretien avec un agriculteur !

Ce ne sont pas seulement les opposants à l’agriculture intensive qui sont dans le viseur de Déméter, mais tous ceux qui expriment une opinion contraire aux intérêts de l’agro-industrie !
Il faut à tout prix empêcher cet engrenage totalitaire autorisé par le ministère de l’Intérieur pour le seul profit des tenants du modèle agricole industriel (10).

Si rien n’est fait pour exposer cette dérive autoritaire, des centaines d’autres associations pourraient à leur tour être considérées comme délinquantes. Le simple fait de citer des études scientifiques qui alertent sur l’urgence du combat en faveur de la protection de la biodiversité et de dénoncer...
•    Par exemple, que les fongicides SDHI tuent davantage les abeilles et les vers de terre que les champignons contre lesquels ils sont utilisés (12)…
•    Qu’ils s’attaquent à la respiration des cellules humaines, qu’on en retrouve dans les cheveux des bébés et de leurs mamans (13) ; qu’ils risquent fort de provoquer des hécatombes de cancers et de maladies épigénétiques dans les 20 ans à venir (14)…
•    Que les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles risquent d’être réautorisés sur des milliers d’hectares de betteraves en 2022 alors que les scientifiques de l’INRAE et les agronomes alertent sur le fait qu’il n’y aura que très peu de pucerons cette année (15)…
•    Qu’on retrouve des traces de ces pesticides neurotoxiques dans le plasma et le liquide cérébrospinal de 100 % des enfants suisses étudiés, et dans l’urine de 93 % d’entre eux (16)…
•    Que notre environnement est massivement contaminé par les pesticides déversés par milliers de tonnes chaque année depuis plus de 50 ans (17)…
•    Qu’on en retrouve dans TOUS LES SOLS, agricoles ou non, traités ou non, jusque dans les aires protégées qu’on croyait épargnées jusque-là (18)….
•    Qu’on en retrouve dans chaque nappe phréatique, chaque cours d’eau et rivière, où ils tuent les insectes, les arthropodes et les micro-organismes indispensables … et les batraciens, les reptiles, les poissons qui en dépendent (19) ;
•    Qu’1 abeille sur 4 a déjà disparu en 30 ans (20) ;
•    Et que 100 % des pollinisateurs pourraient disparaître d’ici 100 ans si l’on ne fait rien aujourd’hui (21)… pourra-t-il bientôt être considéré comme de l’« agribashing » et nous valoir un rappel à l’ordre ou une arrestation ?

Le travail de milliers d’associations et de militants écologistes est menacé par les pratiques scandaleuses et autoritaires de Déméter, alors même qu’ils n’ont pas mené d’action violente ou illégale.

Pour empêcher à tout prix l’industrie de profiter de la complaisance de l’État pour imposer par la force ses dangereux pesticides… nous devons être plusieurs centaines de milliers, voire des millions, à soutenir ceux qui se battent pour vivre dans un environnement sain, pour respirer un air sans pesticides, et pour sauvegarder les services essentiels que les insectes rendent à l’Homme et à la nature.

PÉTITION
https://action.pollinis.org/sign/demanteler_demeter/

1. Ministère de l’agriculture, « Déméter », une cellule nationale pour lutter contre l'agribashing et les intrusions dans les exploitations agricoles, 24 décembre 2019
https://action.pollinis.org/go/52406

2. Arnaud Sacleux, Extinction de masse : les insectes disparaissent à une vitesse alarmante, National Geographic
https://action.pollinis.org/go/8205

3. Code Pénal, Article 450-1, 01 janvier 2002
https://action.pollinis.org/go/53162

4. Bruno David : « La vitesse d'extinction des espèces est inédite », Les Echos
https://action.pollinis.org/go/53163

5. Agriculture, Ecosystems & Environment, Residues of currently used pesticides in soils and earthworms: A silent threat?, Volume 305, 1 January 2021, 107167
https://action.pollinis.org/go/50076

6. Rapport gouvernemental sur l’état de l’environnement, Les pesticides dans les eaux souterraines, 2019
https://action.pollinis.org/go/51556

7. Public Eye, Les géants de l’agrochimie gagnent des milliards grâce à des pesticides cancérogènes ou néfastes pour les abeilles, 20 février 2020
https://action.pollinis.org/go/51108

8. Ministère de l’Intérieur, Dossier de presse sur la présentation de Déméter, 13 décembre 2019
https://action.pollinis.org/go/52408

9. France Inter, Les opposants à l’agriculture intensive dans le viseur de la cellule Demeter, 29 octobre 2021
https://action.pollinis.org/go/52407

10. Cellule Déméter : l'inquiétant bras armé au service de l'agriculture conventionnelle - POLLINIS 09 avril 2021
https://action.pollinis.org/go/48693

11. POLLINIS, Insecticide et fongicide : un mélange encore plus toxique pour les pollinisateurs, 12 avril 2021
https://action.pollinis.org/go/51237

12. Bénit, P., Kahn, A., Chretien, D., Bortoli, S., Huc, L.,Schiff, M., & Rustin, P., Evolutionarily conserved susceptibility of the mitochondrial respiratory chain toSDHI pesticides and its consequence on the impact of SDHIs on human cultured cells, 2019, PLoS one. https://action.pollinis.org/go/11506
Fisher A 2nd, DeGrandi-Hoffman G, Smith BH, Johnson M, Kaftanoglu O, Cogley T, Fewell JH, Harrison JF. Colony field test reveals dramatically higher toxicity of a widely-used mito-toxic fungicide on honey bees (Apis mellifera). Environ Pollut. 2021 Jan 15;269:115964. doi: 10.1016/j.envpol.2020.115964. Epub 2020 Nov 23. PMID: 33261965. https://action.pollinis.org/go/53164

13. Beranger, R., Hardy, E. M., Dexet, C., Guldner, L., Zaros, C., Nougadere, A., Metten, M. A., Chevrier, C. and Appenzeller B. M. (2018). Multiple pesticide analysis in hair samples of pregnant French women: Results from the ELFE national birth cohort. Environ Int 120: 43-53
https://action.pollinis.org/go/46137

14. Une révolution urgente semble nécessaire dans l'usage des antifongiques. Libération, 15 avril 2018
http://action.pollinis.org/go/11501

15. Lettre ouverte au PDG de l’INRAE sur la ré-autorisation des néonicotinoïdes pour les betteraves. Branche INRAE de SUD Recherche EPST, 11/01/2022
https://action.pollinis.org/go/53165

16. Laubscher, B., Diezi, M., Renella, R. et al. Multiple neonicotinoids in children’s cerebro-spinal fluid, plasma, and urine. Environ Health 21, 10 (2022)
https://action.pollinis.org/go/53166

17. C. Pelosi, C. Bertrand, G. Daniele, M. Coeurdassier, P. Benoit, S. Nélieu, F. Lafay, V. Bretagnolle, S. Gaba, E. Vulliet, C. Fritsch, Residues of currently used pesticides in soils and earthworms: A silent threat?, https://action.pollinis.org/go/50076
Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 305, 2021, 107167, ISSN 0167-8809 J. Stolte, M. Tesfai, L. Øygarden, S. Kværnø, J. Keizer, F. Verheijen, et al. Soil Threats in Europe: Status, Methods, Drivers and Effects on Ecosystem Services (2016) https://action.pollinis.org/go/53167

18. Brühl, C.A., Bakanov, N., Köthe, S. et al. Direct pesticide exposure of insects in nature conservation areas in Germany. Sci Rep 11, 24144 (2021).
https://action.pollinis.org/go/53197

19. Matthias Liess, Liana Liebmann, Philipp Vormeier, Oliver Weisner, Rolf Altenburger, Dietrich Borchardt, Werner Brack, Antonis Chatzinotas, Beate Escher, Kaarina Foit, Roman Gunold, Sebastian Henz, Kristina L. Hitzfeld, Mechthild Schmitt-Jansen, Norbert Kamjunke, Oliver Kaske, Saskia Knillmann, Martin Krauss, Eberhard Küster, Moritz Link, Maren Lück, Monika Möder, Alexandra Müller, Albrecht Paschke, Ralf B. Schäfer, Anke Schneeweiss, Verena C. Schreiner, Tobias Schulze, Gerrit Schüürmann, Wolf von Tümpling, Markus Weitere, Jörn Wogram, Thorsten Reemtsma, Pesticides are the dominant stressors for vulnerable insects in lowland streams, Water Research, Volume 201, 2021, 117262, ISSN 0043-1354. https://action.pollinis.org/go/51557
Säterberg et al., 2013. High frequency of functional extinctions in ecological networks.
https://action.pollinis.org/go/47121
Nature Schäfer RB, et al. (2007) Effects of pesticides on community structure and ecosystem functions in agricultural streams of three biogeographical regions in Europe. Sci Total Environ 382(2–3):272–285. https://action.pollinis.org/go/53169

20. Zattara, Eduardo E. et al. Worldwide occurrence records suggest a global decline in bee species richness. One Earth, Volume 4, Issue 1, 114 - 123
https://action.pollinis.org/go/51558

21. Le Monde, Les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans, 11 février 2019
https://action.pollinis.org/go/51673

22. POLLINIS dépose un recours contre la cellule de gendarmerie Déméter - POLLINIS 14 avril 2020
https://action.pollinis.org/go/18542

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article