CROYANCES INFORMATISÉES DANS L’ORDRE DES CHOSES MARCHANDES
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La machine à réduire
(Abordage informatique / extraits)
Lukas Stella
(Publié en 2002, quelques années avant les premières publications de PMO, soit 11 ans avant la création d'Écran Total)
LE MYTHE INFORMATIQUE
“Si tu veux connaître, apprends à agir” mais “agis toujours de manière à augmenter le nombre des choix possibles”.
Heinz von Foerster - Conférences
En tant qu’outil permettant d’automatiser un travail souvent répétitif et toujours pénible, l’ordinateur a su gagner la reconnaissance du plus grand nombre jusqu’à se rendre nécessaire à toute activité. Si l’informatique était le moyen de se soulager d’un travail avilissant en prenant en charge les taches harassantes, libérant ainsi pour tous un temps libre considérable sans tomber dans la misère du chômage, elle pourrait devenir l’outil incontournable de la libération de l’esclavage du travail. Mais aujourd’hui, cette machine à calculer, utilisée principalement à comptabiliser l’exploitation, est sortie de son cadre pour envahir tous les aspects de la vie quotidienne, conditionnant ses utilisateurs en les passant progressivement et entièrement sous son contrôle.
Plus d’un salarié sur deux utilise un ordinateur dans son travail. S’il s’est très vite rendu indispensable, c’est qu’on a su le faire passer pour ce qu’il n’était pas : un cerveau électronique intelligent. Cette machine à calculer peut, en reproduisant la suite d’instructions d’un programme, résoudre certains problèmes mais elle n’a pas à choisir et n’a donc pas de problème, c’est nous qui en avons à cause d’elle. L’ordinateur est prévisible car il effectue toujours ses opérations de la même manière, étant donné qu’il n’a pas la capacité d’apprendre et d’évoluer par lui-même. Il stocke ses données comme des paquets, parce qu’il n’a pas de mémoire sinon il écrirait ses mémoires.
L’ordinateur est un mot qui a été choisi par IBM pour traduire le terme anglais de computer qui étymologiquement signifie contempler ensemble. On appelle computation toute opération qui modifie et organise l’objet observé ou sa représentation contemplée. Ce qui est ordinateur dispose, met chaque chose à sa place, mais aussi dirige les convois mortuaires du numérique qui emmènent les derniers morceaux de la vie sociale. Au XVIIIème siècle, celui qui ordonnait était ordinateur, aujourd’hui c’est celui qui confère un ordre ecclésiastique. L’esprit ordinateur est la nouvelle secte scientiste qui comptabilise la rentabilité servile de ses sujets pris comme objets quantifiables. La dévotion généralisée au Net confirme ce mythe de la communication, communion solennelle sous contrôle. Noyée d’Internet, la terre sera numériquement nettoyée de ses taches impures incontrôlables.
Le système informatique est ordonnateur et calculateur, il modèle la pensée, l’arrachant à son contexte pour la traiter, la trier et l’utiliser comme objet économique de ses calculs, pour enfin la stocker comme valeur optionnelle dans ses banques de données. Les tiques informatiques étriquent la pensée humaine incertaine, la robotisent par un procédé de modélisation binaire de la réalité, en vrais ou faux, bon ou mauvais, par un traitement automatisé de la pensée selon le programme de calcul de l’économie du marché et de la finance.
Le mode de pensée binaire de l’objectivation digitale ne peut pas se passer de certitudes figées, même si elles s’avèrent apparaître toujours parcellaires, donc trompeuses. Si, par ailleurs, les fonctions analogiques qui émergent de situations en évolution, n’ont pas besoin de vérités confirmées par le calcul, c’est que ce qui leur est essentiel n’est pas la comptabilité du contenu mais bien le système de relation dans sa dérive situationnelle.
L’ordinateur s’impose comme une intrusion intransigeante, agressif par les ultraviolets qu’il envoie, stressant par son scintillement et peut-être aussi par les ondes électromagnétiques qu’il émet et dont on ne sait pas grand chose. C’est une prothèse qui parasite son hôte en lui dévorant son temps et diminuant son espace vital. Il lui fait miroiter les paradis virtuels de la perfection qu’il n’atteindra jamais. Outil indispensable à l’esclavage salarial, l’informatique inflige ses contraintes restrictives comme une surexploitation : gestion des pannes à répétition, responsabilisation face aux problèmes de communication, pression de la clientèle, impératif de productivité, soumission de toute initiative au contrôle, parcellisation des tâches réduisant la marge de manœuvre de chacun, automatisation des rapports humains pour remplacer les aléas trop incertains des comportements.
L’écran isole, l’ordinateur divise. L’informatique est une pratique solitaire qui individualise par la fabrication de séparations à tous les niveaux. L’individualisme occidental contemporain est marqué par cette technologie compétitive qui développe les tendances ostentatoires, agressives et belliqueuses d’un homme qui a perdu sa dimension communautaire. Sans la possibilité de pouvoir s’accomplir librement dans la société selon ses désirs, il se retrouve dessaisi de sa vie publique, amputé de toute réalisation personnelle car il a besoin d’autrui pour exprimer pleinement sa spécificité. L’individualisme spectaculaire détruit l’individu dans l’isolement de son rôle factice, soumis à une compétition guerrière, seul contre tous, condamné à une solitude de frustrations. Son petit monde fermé en est infecté. Sa reconnaissance sociale passe par ces séparations qui font de l’autre un concurrent à battre, l’ennemi à abattre. Son attitude intolérante et prétentieuse diminue ses capacités de socialité. Arborant le mépris agressif du gagneur, l’individu, de plus en plus informatisé, se perd dans le désert des violences barbares.
Avec l’ordinateur, les salariés précaires prennent des risques énormes et l’employeur augmente ses profits exorbitants. Et comme si ça ne suffisait pas, le travail envahit maintenant la maison. Se payer un ordo perso pour s’auto-former et pouvoir finir le travail le soir à la maison est devenu monnaie courante, mais pour pas un sou. Dépossédés de leurs activités, les populations au travail sont comptabilisées et contrôlées par les réseaux informatiques des entreprises qui s’accaparent leurs forces de vie pour leurs seuls profits. Les clics de souris claquent comme des coups de fouet. Bien plus qu’un outil, l’ordinateur se place comme l’apparence technologique de cet esclavage. Il en est effectivement sa matérialisation pratique. Le travailleur est saisi comme une marchandise appropriée par l’usurpateur comme objet mathématique géré par ordinateur, instrumentalisant son forfait sous son aspect productif et spéculatif. Les travailleurs formatés deviennent les objets de la machine à calculer les profits. L’ordinateur contrôle la vie en l’ordonnant dans ses données, fragmente l’existence en imposant violemment des séparations binaires, initialisant les connaissances par le stockage à vif des savoirs, gravés dans sa mémoire morte.
LE FAIT DE SA CAUSE
"L’évolution en tant que dérive phylogénique naturelle n’a pas de finalité et ne suit aucune direction préétablie."
Humberto Maturana - De l’origine des espèces par voie de la dérive naturelle
Par-delà le bien et le mal, utiliser le concept de la cause pour démontrer la déduction de son effet n’est que la construction d’une pure fiction conventionnelle destinée à comptabiliser dans l’ordre les phénomènes mais pas à les comprendre. Cette logique d’ordinateur constitue la prothèse centrale, indispensable aux convictions des communautés scientistes. Une simple supposition se métamorphose en une prédiction qui se vérifie d’elle- même grâce au processus de sa construction. Ce que l’on prend pour un effet engendre des causes concrètes. La prédiction crée la réalité qui conduit à l’accomplissement de l’oracle. Comme outil de recherche, cette machine à calculer ne peut trouver, en fin de compte, que l’objet matérialisant sa propre structure de fonctionnement. L’effet de son processus reproduit systématiquement la cause comme prévu. C’est la confirmation de l’hypothèse qui est découverte à travers l’objet de certitude recherché. Le monde des objets comptabilisés s’en retrouve certifié conforme selon la cause défendue. Cette croyance aveugle en une réalité objective maîtrisée, séparée de la situation vécue, est ainsi renforcée dans la soumission à cet état de fait, figeant toute évolution fondamentale de la recherche dans un immobilisme contemplatif, expression d’une servitude volontaire à l’ordre des choses tel qu’il est.
Ce début de siècle restera l’époque de la destruction irréversible de la planète, de l’appauvrissement des populations, de la misère de la survie et du formatage généralisé des cyber-esclaves. L’ordo est à la mode, il passe pour l’indispensable hyper-branché. La jeunesse se noie de jeux virtuels avec lesquels il n’est plus possible de jouer. Les règles implacables et intransigeantes ne tolèrent aucune déviance ni aucune remise en jeu. L’informatique ordonne le jeu en une logique autoritaire où chaque cause ne produit qu’un seul et unique effet, comme prévu, sans aucun hasard ni perturbation. Seul compte le résultat de la compétition, même si la partie n’en vaut pas la chandelle. Cette logique claire, nette et précise s’impose à ses esclaves comme l’essence du ludique, elle se calcule et s’additionne dans une pureté sans tache. Ainsi cassée, l’improvisation ludique a conditionné ses réflexes de plaisir par la reproduction de tâches mécaniques selon un schéma laborieux. Les dérives du jeu qui invente son nouveau monde en dépassant les frontières du possible, sont mises définitivement aux oubliettes par les illuminés de la soumission. La violence compétitive, l’excitation de la vitesse et la crainte de la mort se retrouvent déshumanisés dans le piège de la représentation numérique. Du transfert effectué sur cette projection en découle un réflexe autistique où les passions fusionnent avec le monde virtuel, où les peurs ne sont plus que le spectacle de la machine ordonnatrice. L’invention ludique s’aliène par la soumission au travail, s’exécutant pour le seul profit de la machine, qui réalise ses oracles objectivés dans la certitude du nombre quantifiable.
Plus que l’outil idéal de marchandisation, véritable couteau suisse new look, le micro- ordinateur régule la vie quotidienne de chacun au cœur de sa solitude. C’est un multi- robot dernière génération : comptable, gestionnaire, banque de données, machine à écrire et à publier, dictionnaire, agenda, boite aux lettres, téléphone, minitel, fax, photocopieur, tirage de photographies, télévision, montage son et vidéo, générateur de musique artificielle et d’animation virtuelle, lecteur de CD et de DVD, magnétophone, boîte à peinture, jeux... Presque plus rien n’échappe à son contrôle, programmé par l’entreprise sans aucune concertation, selon ses intérêts et son bon vouloir. Par ses applications qui nous sont imposées, l’ordinateur ne se lasse pas de nous rappeler à l’ordre lorsque notre esprit se laisse aller naturellement. Sa logique étroite à respecter à la lettre, la soumission indispensable à l’exécution de ses procédures obligatoires en font une impitoyable machine à broyer du rêve, numérisant tout ce qu’elle engloutit, pétrifiant toute passion. Dans un monde où tout se vend, l’informatique est l’outil de l’esclavage du travail, instrument de torture anesthésique qui contrôle le bon déroulement de la survie et impose son fonctionnement comme étant le seul possible.
VÉRITÉS CRÉDULES
"Le langage binaire de l’ordinateur est une irrésistible incitation à admettre dans chaque instant, sans réserve, ce qui a été programmé comme l’a bien voulu quelqu’un d’autre, et qui se fait passer pour la source intemporelle d’une logique supérieure, impartiale et totale."
Guy Debord - Commentaires sur la société du spectacle
Parce qu’il a su hyper-développer ses prothèses informatiques dans tous les domaines, le spectacle peut s’afficher comme une société de communication. C’est alors que l’intelligence se retrouve piégée dans l’accumulation infinie d’informations, sorte de stockage mondial des marchandises du spectacle. L’illusion est parfaite, la programmation totalitaire, imperceptible de l’intérieur. Le flux des quantités illimitées d’informations dépasse nos capacités et nous plonge ainsi dans une attitude passive de contemplation.
La consommation d’informations programmées est devenue le principal rapport de l’individu au monde qu’auparavant il percevait activement par lui-même selon la situation où il se trouvait, suivant le cours de sa propre histoire. Ce nouveau rapport est appelé communication. À l’intérieur d’une même communication, on peut juxtaposer, sans contradiction apparente, n’importe quoi, car le flux de l’immédiateté l’emporte sur tout. C’est quelqu’un d’autre qui programme à son gré cet instantané parcellaire étriqué du monde sensible.
Contrairement à l’homme qui communique la plupart du temps par analogie multiple, l’ordinateur digital ne traite que les instructions qu’il reçoit, l’une après l’autre. L’élément essentiel qui le compose est un simple commutateur à deux positions ; ouvert et clos, courant ou pas courant. Avec une proposition l’ordinateur compute quatre fonctions logiques. Il peut combiner deux propositions et donc indiquer 16 fonctions logiques, avec 3 il en établit 256... etc. Le cerveau humain a des réseaux neuronaux qui gèrent des centaines de milliers d’entrées en effectuant des computations très complexes. Si on considère chaque entrée d’un autre neurone comme une proposition, alors le nombre de fonctions logiques est astronomique, sans commune mesure avec l’ordinateur. Une computation du système nerveux implique des centaines de milliers de neurones fonctionnant ensemble, il traite un ensemble en une seule fois. Il procède en parallèle, et non en série ; autrement dit, il n’effectue pas des opérations successives comme le fait un ordinateur. 10 neurones peuvent produire un nombre gigantesque de réseaux : 10 suivi de 100 zéros ! Notre cerveau possède environ 100 milliards de neurones... À ce niveau, ce n’est plus calculable.
Bien que les ordinateurs actuels soient impressionnants, on a tendance a oublier que la vitesse de fonctionnement de la rétine humaine n’a pas été égalée, et de loin ! En fait pour simuler dix millisecondes du fonctionnement complet d’une cellule nerveuse de la rétine, il faudrait faire environ cent fois cinq cents équations différentielles non linéaires. Quand on sait qu’au moins dix millions de cellules ont les unes sur les autres une action complexe, on peut estimer qu’un super-ordinateur mettrait plusieurs années pour simuler ce qui se passe dans l’œil de nombreuses fois par seconde.
Modèle de prévisibilité et de certitude, la machine informatique dit : “chaque fois que vous me donnez la même entrée, je vous donnerai la même sortie”, indépendamment de toute histoire et de toute expérience, comme l’a bien voulu le programmeur. Il n’y a pas de place pour l’étranger venu d’ailleurs, pas d’arrangement possible avec l’inconnu. En dehors de toute croyance religieuse, notre cerveau n’a pas été conçu par qui que ce soit, il s’est construit par lui-même car il est réflexif ; chaque fois qu’il fait une opération, il change sa règle de transformation. Le changement se produit parce qu’il a modifié l’opération à l’intérieur du système. Une série continue d’opérations sur des opérations produit des valeurs propres, d’où émerge une expérience stable, issue d’un ensemble de comportements sensori-moteurs. L’expérience change son état interne ainsi que son fonctionnement dans une évolution circulaire, ce qui le rend imprévisible. Son comportement n’est pas calculable !
Les ordinateurs n’ont ni mémoire, ni intelligence, car ils ne peuvent pas computer leurs propres computations, ce qui les empêche d’avoir un processus cognitif. Par contre, les computateurs biologiques peuvent opérer les programmes eux-mêmes. Ce qui mène au concept de méta-programme, de méta-méta-programme, et ainsi de suite, sans limite préconçue, conséquence de l’organisation récursive inhérente au cerveau. Il joue avec sa propre régulation, il se produit lui-même au cours de son histoire.
Le système nerveux n’est pas isolé dans l’organisme, mais en étroite interdépendance avec le système endocrinien, qui contrôle, entre autre, la transmission synaptique par messages chimiques. Ces neuromédiateurs sont utilisés par certains neurones qui, en quelque sorte, les choisissent. Et cette interdépendance du système nerveux avec l’organisme va beaucoup plus loin ; la psychosomatique a montré qu’elle n’avait pas de limite. Cette faculté d’autorégulation, de transformation permanente, s’inventant elle-même, est propre à l’organisme vivant, et permet à l’être humain de jouir de son autonomie, c’est-à-dire de choisir selon ses désirs.
La confusion, propagée par le discours dominant, entre le cerveau électronique et le cerveau humain, séparant arbitrairement l’esprit du corps, tend à assimiler l’homme à la machine, à réduire ses facultés et mutiler ses émotions, amputant l’individu de sa liberté inventive. Les dérives de la vie sont prises pour des faits objectifs, conséquences inévitables des objets de leurs causes. Cette détonante propagande par le fait trouve sa confirmation dans la production de cet état de choses. La société marchande a besoin de machines à produire, ordonnées comme des ordinateurs, et non pas de créatifs amateurs d’humour et de hasard, libres d’agir en augmentant le nombre des choix possibles.
Méfions-nous des croyances qui consistent à croire que chaque chose a sa place. Dans ce domaine, certains spécialistes s’imaginent que le cerveau peut se couper en tranches en localisant chaque fonction précisément. Pour cela, ils utilisent une logique, dite de cause à effet, intégrée par l’ordinateur, mais totalement inadaptée au cerveau qui, lui, fonctionne toujours comme un ensemble en interaction avec son environnement, une totalité s’auto-construisant en permanence. Pour ces spécialistes, la transformation du cerveau, imprévisible et inventif, en ordinateur ordonné et contrôlable, devient le seul but qui détermine toutes leurs expériences. Ils confirment ainsi leur hypothèse de départ afin de vérifier leurs prédictions. C’est une science réductrice qui voudrait supprimer l’expérience du vécu, réécrire l’histoire afin d’y supprimer toute trace d’autonomie inventive, d’insurrection sociale. On a vu l’automobile à hydrogène utilisant de l’eau comme carburant, s’effacer des mémoires par usurpation militaire. L’objectif de ces spécialistes étriqués conditionne leur manière de penser, leurs observations, et donc leurs actes. Ceci paralyse l’invention scientifique dans une numérisation technologique sans autre lendemain que le profit à court terme. Ils prennent leur carte pour le territoire, leur programme pour une réalité, qu’ils affirment comme étant la vérité parce qu’elle est scientifiquement exacte et effectivement conforme à l’acceptation sans réserve de cet état de fait où l’intelligence du moment est contaminée par l’encéphalopathie spongieuse.
(...)
LE FLOU DU NET
"Ceux qui parlent de communication quand il n’y a que des rapports de choses, répandent le mensonge et le malentendu qui réifient davantage."
Raoul Vaneigem - Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations
Les sites s’affichent de partout avec une concurrence effrénée et la peur maladive de ne pas être vus, ce qui provoque une surcharge d’accroches dans une surenchère de gadgets graphiques. L’esthétisme des pages Web, numériquement correct, ne représente que les automatismes des programmes qui l’ont produit. L’internet, paradis chimérique, n’est qu’un outil qui permet le transfert de données à distance, affichant la représentation de documentations et rien d’autre. Tout le reste n’est que croyance et délire mystique. Je n’y vois qu’une communication atrophiée à prétention avant- gardiste vénérant la compétition où l’on se doit d’apparaître à tout prix. Ne pas pouvoir s’afficher instantanément un peu partout sur la planète devient la nouvelle phobie publicitaire de notre époque.
Trente ans après la télévision en 68, la pub a trouvé une nouvelle mine d’or dans l’Internet, pour sa diffusion mais surtout comme le lieu central de l’expérimentation de la relation client. Le ciblage doit être précis. Les fournisseurs d’accès établissent les profils de comportements de leurs clients qu’ils revendent aux spécialistes de la communication. Pour réaliser une publicité désirée, il faut la personnaliser, la tailler à la mesure du profil ciblé. Ainsi, son efficacité s’en retrouve surmultipliée.
L’expansion sans entrave d’internet, l’explosion des sites Web, constituent un trop d’informations, des stocks illimités de données où se noie le surfer désorienté. Cette confuse multitude donne, en fin de compte, tout le pouvoir aux moteurs de recherches, entreprises transnationales qui prennent ainsi le contrôle absolu de la toile. Se faire voir va coûter cher. Ne seront bientôt visibles que les sites répertoriés et la sélection se fera de plus en plus dure. Ces entreprises-moteur jugent arbitrairement de la pertinence et de l’intérêt des sites Web, font le tri et condamnent à l’isolement les indésirables non-conformes. La sentence est l’inexistence par l’inaccessibilité qui rend invisible, noyé dans la masse. Le prix du référencement et la publicité intégrée au site seront les seuls critères pour cette épuration économique de l’Internet. Accepter sans concession toutes les bannières sera la croix du Web. La pub, c’est-à-dire l’entreprise et ses gestionnaires d’État, fera la police et intégrera l’empire économique sur tous les réseaux en s’accaparant tous les pouvoirs.
La nouvelle communication est piégée. Les fournisseurs d’accès mettent leurs grandes oreilles au service des polices publiques et des entreprises de renseignement. Les correspondances sont enregistrées, les sites font l’objet d’un rapport, le traçage des navigations est copié puis stocké. De petits logiciels espions (spyware) se planquent au fin fond de Windows, ou alors, comme un virus de dernière génération, dans un e- mail. Ils sont capables, sous forme de données cryptées, de renvoyer des informations concernant la vérification des licences des logiciels installés, les échanges en ligne (cyberknight), et même tout ce qui a été tapé sur le clavier (keyloggers) jusqu’au code personnel des logiciels d’encryptage (PGP). Un fichage illimité des individus se réalise grâce au Net. Certains mots politiquement incorrects déclenchent des robots espions branchés en permanence qui accumulent les renseignements. Big Brother déploie ses tentacules et envahit les moindres recoins de la toile, guettant sa proie facile.
Après les virus et le piratage, les hackers se sont mis au militantisme underground, pour un surf libre et anonyme sur le net. Ils nous expliquent comment se cacher sans laisser de traces, en passant par des remailers ou des anonymizers, en supprimant son historique et ses cookies, en désactivant JavaScript, effaçant son cache, changeant de proxies, s’inscrivant sous une fausse identité et surfant par l’intermédiaire des recherches de plusieurs sites... Mais l’anonymat n’est jamais parfait car la trace peut être remontée grâce à des moyens d’investigation poussés. Ne pas se faire prendre consiste surtout à ne pas se faire repérer en se fondant dans la masse. Les pirates de l’air qui suicidèrent leurs avions sur les tours de Manhattan et sur le Pentagone n’auraient jamais pu réussir, si, pour préparer leur abominable acte de guerre, ils avaient utilisé des moyens informatiques classiques ou tout simplement le téléphone portable. Ces militaires clandestins, formés par la CIA, passent leurs messages cryptés avec une clé perso, en stéganographie cachés dans des images pornos perdues au milieu des innombrables sites spécialisés, ou bien dans des fichiers audios noyés dans la multitude des MP3. Dans cette course technologique sans fin entre les pirates et les marchands, c’est toujours les mêmes qui en tirent les bénéfices, même si les hackers gardent une petite longueur d’avance. L’important pour la technologie informatique c’est de faire croire aux populations que l’on peut librement communiquer grâce à elle, comme s’il n’y en avait pas. En fin de compte la communication se retrouve prise au piège de sa propre représentation, et le contre pouvoir ne peut plus que stimuler l’évolution du contrôle généralisé.
Objet publicitaire vénéré, le Net réduit notre espace vital, transfère des données pour toute communication humaine et libère par l’obligation d’accumuler des informations frelatées sous peine d’être bannis du monde contemporain. Mais de quel monde parle- t-on ? Il y a autant de lignes téléphoniques à New York que dans toute l’Afrique ! Si plus de 30 % des Américains sont branchés sur le Web, c’est moins de 1 % en Europe de l’Est, Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient, Asie? L’internet c’est tout d’abord le règne du bizness et de la pornographie, la nouvelle prothèse de la vieille économie capitaliste. Hyper marché de l’isolement forcé, il se réduit, en fin de compte, à des boites aux lettres envahies d’une multitude de prospectus publicitaires, catalogue mondial des marchands de camelote et d’illusions. Le net est une grande poubelle où tout le monde déverse ses surplus et farfouille sans se salir les mains.
Le communiqué niqué transmet la confusion. L’horloge binaire de la communication numérique débite le temps en petits morceaux identiques, hachés menu. Elle restreint le temps et l’espace au débit des données nécessaires à l’affichage écran d’images et de caractères nettoyés dans le cyber Net, épurés de toute trace de vie, figés dans la mécanique primaire où l’interactivité préfabriquée dicte sa conduite incontournable, sans espoir de dérive ni de possibles imprévus. Tout y est organisé pour l’encadrement des spectateurs dociles que sont les surfers gloutons, cyber-esclaves de la consommation passive à distance, isolés et résignés.
Le développement accéléré du transfert de données, envahissant le cyber-espace de ses flux numériques, s’impose comme le nouveau monde parfait de la communication sans limites. La consommation solitaire de données informatiques stockées dans l’espace virtuel de l’internet, n’est qu’une consumation de soi présentée spectaculairement comme la nouvelle communication mondiale. Les marchandises programmées sur le Web s’imposent comme le rapport supérieur de l’individu au monde. La supercherie se veut parfaite, l’ordre se renforce. Ici, l’isolement se cumule mais ne se totalise pas ! On se connecte par e-mail, forum, chat, texto, smiley sans jamais se rencontrer. Dans une dépendance maladive à sa machine branchée, il n’y a de communautaire que l’illusion d’être ensemble.
La communication riche en incertitudes, verbale et non-verbale, entre des êtres vivants pleins d’émotions se restreint à un certain transfert de données informatiques. Les processus complexes de la connaissance n’y sont plus qu’une distribution d’objets informatifs, une consommation de marchandises programmées à cet effet. Notre discernement se noie dans un monde qui baigne dans la désinformation. Bill Gate, premier marchand mondial de programmes informatiques, nous annonce la réalisation d’un “capitalisme sans frictions”. L’ordinateur, marchandise parfaite, apparaît comme le sauveur suprême d’un spectacle, toujours plus décevant.
D’un coté, plus de la moitié des ordinateurs branchés sur le Net sont américains, de l’autre, plus de la moitié de l’humanité n’utilise pas le téléphone. Le cyber-espace est le domaine d’une élite bourgeoise qui accumule sa fortune sur l’esclavage des populations. Ces insignifiants prétentieux voudraient nous apprendre comment il faut communiquer, alors qu’ils ne connaissent des rapports humains que l’exploitation et la guerre.
Certains étudiants, futurs chiens de garde de cette société, se prennent pour les habitants d’un village global, citoyens d’une communauté virtuelle, où la coopération n’est plus qu’une connexion de solitudes, effectivement branchés sans jamais se rencontrer. Ils croient en une civilisation de l’esprit plus humaine dans le cyber-espace des objets programmés, s’économisant ainsi toute tentative de construction d’une démocratie directement vécue. Leur stupidité n’a d’égale que leur croyance béate en leur nouvelle communication atrophiée. Fanatiques de leur technologie divinisée, ils sont esclaves de l’isolement ordonné par l’ordinateur, consommateurs effrénés des nouvelles marchandises à la mode publicitaire. Leur logique simpliste, qui se base sur la croyance stupide de détenir la vérité suprême et l’intelligence du moment, n’est que la copie conforme de leurs machines à reproduire, où la certitude n’existe que par le fait dépendant de sa cause, totalement séparée de la mouvance sociale dans ses interactions imprévisibles. Prenant leurs programmes pour le monde du vécu, ces mercenaires du virtuel sont incapables d’inventer leur propre vie dans le cours de situations incertaines, parfaitement soumis à l’ordre des choses immobiles, tel qu’il est. Technos-idéalistes du cyber-espace, les sujets serviles des pouvoirs dominants, divinisent l’outil de la servitude. Effectuant un transfert affectif sur leur objet informatique, ces netoyens nettoyés se font posséder par ces machines à calculer de pacotille, justifient cette nouvelle société dite de “communication”, cyber-esclaves du nouvel ordre mondial de la marchandise toute puissante, qui pille la planète et enfonce les populations dans la misère, l’isolement et l’ennui.
Le réseau informatique planétaire est un instrument de guerre, un rouleau-compresseur qui écrase toute liberté inventive. C’est une arme éducative, policière, militaire, économique et financière. L’une des plus grandes contributions de ces nouvelles technologies de la communication à la dictature économique, a été l’accélération des mouvements de capitaux, per-mettant la réalisation ultra-rapide de profits astronomiques par la spéculation boursière. La haute finance s’est surdéveloppée grâce à l’instantanéité du marché qui précipita sa prise de tous les pouvoirs, réduisant du même coup tous les possibles à son seul mauvais coup, le pillage généralisé. Elle représente aujourd’hui, et de loin, la principale source de bénéfices pour ces usurpateurs qui ruinent un pays en quelques jours, ramassant les dividendes sur le dos des populations appauvries. Au cœur du marché global, l’Internet n’est que l’application spectaculaire de ces réseaux marchands.
Par le Net, quelques entreprises transnationales, spécialisées dans la manipulation médiatique, ont le pouvoir de s’adresser au plus grand nombre de citoyens et de les produire comme regardeurs contrôlés, spectateurs soumis, de les informer, c’est-à-dire de les former à subir la désinformation. En ce sens, la société dite de la communication est celle du message à sens unique, de l’ordre de l’incommunication, c’est-à-dire de la dictature de l’image et de la pensée prête à consommer. Dès lors, le citoyen exemplaire n’est plus qu’un sujet docile, identique aux autres, clone stupidisé et atomisé, se shootant avec le venimeux cocktail d’Internet et de publicité pour le plus grand profit de quelques accapareurs qui se délectent de leurs réussites et savourent repus, leurs plus grands jours de gloire.
(...)
DÉPHASAGE
"La réalité est affaire de foi."
Gregory Bateson - Convention of communication
La cérémonie funèbre achève sa représentation. La pub mégalo crie victoire ! C’est alors que l’info s’affaire à liquider la mémoire et que les bouffonneries politiques jouent aux gentils animateurs. La population râle et tire sur son sort, ainsi la réalité entreprise ramasse les dividendes. C’était écrit dans le programme.
Cette croyance mystique, qui consiste à croire que tout est déterminé par une cause permettant une prédiction de son effet, fige tout processus vivant dans un ordre de choses préconçues. Cette pensée dominante, réduite à la logique informatique du principe de causalité, détermine nos perceptions en imposant, comme étant la seule possible, une interprétation du monde à partir des composants supposés le constituer ; croyance réductionniste fondée sur la présupposition qu’on peut expliquer n’importe quel phénomène en le réduisant à ses parties. Ce découpage qui tranche dans le vif, impose ses séparations de toutes parts, convaincu qu’aucune interaction ne peut changer ses règles du jeu. Cet obscurantisme généralisé, basé sur la séparation mystique de l’esprit et de la matière, est l’acceptation sans condition d’une conception schizophrénique d’un homme fragmenté.
Cette croyance en la causalité part d’une supposition que l’on croit vraie, créant ainsi la réalité que l’on a supposée au départ. Cette réalité inventée de la sorte devient réalité “réelle”, c’est-à-dire indiscutable, seulement si le sujet qui invente croit à son invention. Quand l’élément de foi ou de conviction aveugle manque, alors aucun effet ne se produit. Une prédiction que nous savons être seulement une prédiction ne peut plus se vérifier d’elle-même. La possibilité de faire un choix différent et de désobéir existe toujours. Saisir cette possibilité peut nous libérer de cette logique restrictive, soumission aliénante à l’ordre des choses tel qu’il est.
Méfions-nous de nos croyances car elles nous sont inconnues. Elles conditionnent nos perceptions et nos actions, malgré nous, comme quelque chose de naturel. Leurs systèmes de contrôle demeurent complètement inconscients aussi longtemps que le programme se déroule comme prévu. Nos croyances définissent pour nous l’expérience en raison de leurs prétendues perfections. Nos croyances sont des vérités droites auxquelles tout le monde doit se soumettre, nous transformant en dictateur fanatique. Elles se contredisent en se renforçant par opposition mutuelle. Mais quand on s’aperçoit que ce sont nos croyances qui nous font croire que tout est ainsi et pas autrement, et que l’ordre des choses est tel quel, bloqué et sans issue ; c’est alors que l’invention personnelle peut émerger, s’auto-construisant dans la dimension situationnelle d’une vie sociale en mouvement, renversant le contexte restrictif de l’état de choses, en le décalant dans les nouvelles perspectives d’un jeu subversif. La chute de la dictature
économico-financière est inévitable. Les multi-milliardaires et leurs larbins finiront par payer la misère qu’ils produisent à grande échelle.
Les fluctuations et mouvances des incertitudes qui se cherchent, font généralement peur aux pensées objectives, reflets d’un monde qui réalise ses sujets comme objets propres à l’échange lucratif. La certitude que la réalité est unique et vraie, ne serait qu’une croyance fondée sur des incertitudes. Ceci peut paraître insoutenable à un spécialiste du savoir, agrippé à ses certitudes objectives, expert servile de la pensée séparée de son histoire propre. Prétentions doctrinaires à suivre servilement, les vérités uniques sont totalement séparées des expérimentations du vécu incarné dans sa dérive situationnelle. Ces vérités prétentieuses sont compétitives et guerrières, elles s’affrontent et se marchandent, se consument par consommation. Nous n’avons pas de directive juste à imposer comme contrainte réductionniste. L’anti-autoritarisme n’est pas une étiquette flatteuse, mais une pratique expérimentale essentielle. Nous construisons notre autonomie loin des dictateurs de la pensée parfaite, loin des prédicateurs de la vérité absolue, en inventant, dans le cours des hasards désirés, des incroyances d’où émerge un vécu qui a oublié ses habitudes réductrices.
La volonté de changement ne suffit plus. La recette idéale repose sur la croyance d’avoir trouvé la vérité, l’unique, en dehors de tout contexte. Ce mythe s’accompagne de la mission de prêcher la vérité afin de changer le monde, avec l’espoir qu’elle soit reconnue par le plus grand nombre d’adeptes. Ceux qui ne veulent pas se convertir à ce point de vue deviennent obligatoirement de mauvaise foi, c’est-à-dire de croyance maléfique et il s’agit de les exterminer pour le bien de l’humanité. La solution au problème du changement passe par le rejet du choix d’une solution. Au lieu de chercher une solution efficace, il s’agit de chercher un problème qui corresponde aux actions possibles. Ainsi la situation se décale dans un contexte élargi à une perspective de changement, dans un jeu à rebondissements situationnels. Sans fondement objectif, ce changement spontané ne produit pas de prise de conscience, mais dérive dans des imprévus en synchronie situationnelle, sortant du cadre de référence problématique, libéré de la contrainte d’une solution réaliste autoritaire.
Les connaissances d’une pensée incarnée dans sa situation vécue, ne sont pas des affaires de spécialistes. Elles concernent bien chacun dans sa dérive structurelle avec les autres, construisant ainsi de nouvelles perspectives, libéré des certitudes restrictives. L’autonomie retrouvant sa propre nature, suscitant de nouvelles possibilités, ne peut en aucun cas s’imposer, pour se répandre, comme une vérité à laquelle doivent se soumettre les incrédules. Vivre le présent dans son histoire continue, consiste plus à lâcher les prises de nos certitudes figées qu’à se battre contre les objets de nos représentations. Il s’agit en fait de construire des situations libératrices à partir de propositions d’un futur possible. Ces hypothèses ne sont que des possibilités désirées parmi tant d’autres. Elles ne peuvent donc pas être assimilées à une prédiction ou une utopie qui nécessiteraient une croyance aveugle, sans failles et sans autres issues éventuelles. L’expérience pratique et active de ce qui peut arriver, de telle sorte que le nombre des choix possibles soit augmenté, compose un vécu engendreur de libertés, nécessaire à tout changement radical, dans une période où les pressions réductionnistes du spectacle intégré affichent l’image du paradis virtuel de la dictature économico-financière. L’action effectuée selon les hasards des désirs pressants, modifie les sujets dans leurs agissements communs, ce qui reconstruit leurs rapports mutuels ainsi réappropriés. C’est alors qu’en inventant des incroyances pratiques, en synchronie avec d’autres, on peut réaliser un changement des situations vécues. Il me semble que, seules des assemblées générales à l’initiative des populations, s’organisant spontanément un peu partout, pourront rendre à chacun le pouvoir sur sa propre vie dans l’émergence de multiples dérives libertaires.
Ce texte n’a pas la prétention de s’imposer comme le déclic éclairé d’une vérité objective qu’il faut accepter, mais il s’inscrit dans une situation complexe et confuse comme un point de vue situé obstinément et passionnément dans un changement radical de perspective. La croyance en la réalité vraie et unique créée par le spectacle est totalement séparée des mondes expérimentaux du vécu. Lorsque l’on ne croit plus au miracle informatique livré par la publicité, la magie n’opère plus, elle devient grotesque et surtout insupportable. Il est alors prudent de ne pas supporter.
Les plaidoyers publicitaires en faveur de la nouvelle communication contrôlée par ordinateurs ne sont plus guère crédibles.
La croyance religieuse au spectacle des objets calculables et cumulables s’effrite par endroits à l’envers du décor, et certains s’aperçoivent qu’on voudrait nous faire croire qu’il n’y a plus d’autres choix, que tout ailleurs est bloqué et sans issue.
Au cours de leurs dérives, certains hérétiques s’abandonnent à rêver et inventent des incroyances situationnelles, car quand plus rien n’est vrai, tout devient possible.
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Ce texte est extrait de la brochure “Abordages informatiques”.
Éditions du Monde Libertaire - éditions Alternative Libertaire, 2002
Le texte complet
http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-La-machine-a-reduire.pdf
http://inventin.lautre.net/livres/Lukas-Stella-La%20machine-a-reduire.epub