LIBÉRATION DES JEUNES !

Publié le par Résistance verte

Palavas les flics 1971.

 

Il y a un demi siècle la jeunesse rebelle...

Nous sommes de la frange des jeunes révoltés, nous avons de bonnes raisons d’être souvent désespérés et nous ne donnerons à personne de l'espoir à bon compte. Nous avons engagé notre coeur et notre âme, nos bassesses, et nos défauts, tout ce qu’il y a de grand et de médiocre en nous, afin de savoir ce qui valait la peine qu'on vive ou qu’on meure pour. Le plus difficile n'est pas de savoir si l’on est prêt à mourir, c’est de savoir si l’on veut vivre, et si l'on est prêt à assumer la radicalité d’un tel choix.

Les nuages de la tristesse n'ont pas fini de crever dans nos âmes et la morosité de baigner nos jours, il reste que même si je n’avais qu’une femme à aimer un soir pour rêver, je chercherais à crisper mes doigts sur une plume ou sur un fusil. Nous ne ferons à personne des phantasmes de bonheur à bon marché ni croire que la vie s'accorde avec la simple perspective de changement politique.

Vous êtes responsables, de ce que vous êtes et de ce qu’on vous fait.
En définitive il n'y a qu'à vous que vous puissiez vous en prendre d’être si malheureux.

Il est temps que vous arrêtiez de justifier votre soumission par celle des autres, votre lâcheté par Je manqué de courage des autres. Il n’y a pas d’autres traîtres que vous-mêmes, d’autres chefs que ceux que vous acceptez de subir, d’autres bureaucrates que ceux qui institutionnalisent votre passivité. La jeunesse est un sourire qui n’en finit pas de s’éteindre, alors mêmes que les bouches sont édentées. Elle n'est qu’un mythe qui ne peut qu’être éternel ou n’être rien. Voilà un de ces mythes qu’aucune répression ne pourra tarir.

On crève d’avoir 15 ans parce qu'à force de vouloir vivre on oublie d’exister, on crève d'avoir 15 ans même quand on en a 40, il suffit de se souvenir et de compter les années. Mais tout cela n’est que du vent, notre misère à tous est commune et les esclaves consultent le calendrier comme on attend la mort et soufflent les bougies d’anniversaire comme on s’assure qu’on peut encore souffler. Et, alors que tout sombre et peut être excusé, subsiste une vague idée du bonheur qui nous maintient farouches et en vie. Ceux qui veulent nier l’angoisse sont ceux qui manqueront la résurgence de la vie, le déferlement qui couve va surprendre les tranquilles, les sans-âmes et aussi, pour une partie, les noyer car ceux-là aussi nous oppriment, qui assurent que tout va aller bien pour s'assurer dé notre passivité alors même que nous sentons que tout va si mal, qu’il ne dépend que de nous pour que tout aille bien. Il va y avoir, dans les temps à venir des bouleversements sans précédent dans l'histoire. Des masses énormes de gens vont s'insurger, balayer les frontières et incendier le globe terrestre.

Vous verrez des pays que vous n'avez jamais vu et ferez des choses que, ni vous, ni vos parents n’ont jamais faites. Vous verrez des régimes politiques se succéder et vos enfants insatisfaits continuer la lutte. Fatigués, vous voudrez vous asseoir, et vos fils, en éclatant de rire enlèveront la chaise, et vous l'aurez mérité, qu’ils ne soient pas bons, car vous ne l’étiez pas.

Vous allez jouir plus, et las d’avoir tant joui, vous vous apercevrez que la nuit est tombée et vous ne comprendrez pas. Vous irez au cimetière, où les tombes ne sont plus fleuries, vous recueillir un peu et vous souvenir.

Vous allez apprendre à tirer sans avoir jamais appris, vous allez apprendre à mourir pour ne pas survivre.

Et puis, cessez de croire que vous êtes unique, car vous ne l'êtes pas. L’émeute est le seul feu de joie où vos membres engourdis pourront se réchauffer.

VIVE LE FRONT DE LIBÉRATION DES JEUNES !

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Publié dans Histoire

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