VAPEURS DE BITUME CANCÉRIGÈNES

Publié le par Résistance verte

 

MAUVAISES ODEURS OU GAZ TOXIQUE

Depuis quelques mois, des habitants du Fay signalent à la Mairie de St-Jean Bonnefonds un excès d'odeurs de bitume, suite à un surplus d'activité de l'entreprise Fera42. La réponse de la Mairie parle de "trouver une solution à ces nuisances olfactives".
Minimiser les nuisances en infantilisant les riverains du Fay n'a jamais résolu les problèmes d'environnement. Ce ne sont pas que "des petites mauvaises odeurs", mais bien des gaz toxiques sur le long terme. C'est bien une question sanitaire qui ne peut être balayée avec mépris.
Les nuisances produites par la Centrale Fera42, bruit, poussières, pollutions, s'avèrent déraisonnables et excessives pour les populations habitant juste à coté. Cela fait des années que ce mécontentement n'est pas écouté et laisse place aux affaires quel qu'en soit le prix.
Depuis des décennies, les industriels privilégient leurs intérêts financiers au détriment de la santé publique.
Ce n'est pas acceptable !

Un habitant du Fay

 

 

LE RISQUE SANITAIRE DU BITUME

Une décision de justice qui reconnaît la responsabilité de l'employeur dans la détection d'un cancer chez un ouvrier du bitume, met en lumière les risques sanitaires liés à ce produit.
Cette décision de justice, très attendue des syndicats du bâtiment, pourrait ouvrir la voie à une jurisprudence lourde de conséquences pour l’industrie des travaux publics. FRANCE 24 fait le point sur la question.  

- Les bitumes peuvent-ils provoquer le cancer ?  

Comme l’ensemble des dérivés pétroliers, le bitume contient des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont certains sont cancérigènes. Au Danemark, des études épidémiologiques menées à la fin des années 1980 ont mis en évidence une surmortalité par cancer et maladie respiratoire chez les personnes exposées aux fumées de bitume. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ensuite constaté, dans les années 1990, une prévalence de cancer du poumon chez les opérateurs exposés aux fumées de bitume dans plusieurs pays européens. Cependant, faute de données suffisantes, le Circ n'est pas parvenu à mettre en évidence de lien entre l’exposition au bitume et le cancer. L’Union européenne (UE) a, quant à elle, déjà inscrit le bitume sur la liste européenne des maladies du travail comme possible facteur déclencheur de cancers broncho-pulmonaires et cancers le la peau. L’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg et le Portugal reconnaissent tous le cancer de la peau suite à l’utilisation du bitume comme une maladie professionnelle.  

- Les fumées de bitume sont-elles dangereuses ?  

Lors de leur mise en oeuvre, les bitumes sont chauffés et dégagent des fumées nocives pour la santé, explique l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Et plus la température de pose est élevée, plus les fumées sont toxiques. En France, le bitume est généralement posé "à chaud", c'est-à-dire à une température allant de 160° à plus de 200° C. Le niveau de toxicité est également augmenté par l’ajout de fluxants chimiques au bitume pour le rendre plus fluide. En cause surtout, les fluxants à base d’huile de houille, cancérogènes avérés. De plus, si les ouvriers épandent le bitume en plein soleil, l’exposition conjointe à ces fumées et aux UV des rayons du soleil peuvent être à l’origine de brûlures photovoltaïques. Les HAP peuvent être par la suite à l’origine d’une cancérisation des zones brûlées, selon le Centre interservices de médecine du travail en entreprise (Cisme).  

- Quelles sont les populations concernées ?    

Selon l’INRS, plus de trois millions de tonnes de bitume chaud sont répandus chaque année sur les routes de France. Son rapport de 2003 fait état de 4 200 ouvriers directement concernés par une exposition aux fumées de bitume en France. Cependant, Me Jean-Jacques Rinck, l’avocat de la famille de l’ouvrier décédé, estime le nombre de travailleurs du BTP directement ou indirectement exposés à des risques de santé liés au bitume à plusieurs dizaines de milliers. Ils seraient près de 80 000 ouvriers en contact de façon plus ou moins prolongée avec le bitume, selon Frédéric Mau, secrétaire général CGT de la Fédération nationale de la construction, bois et ameublement (FNCBA).  

- Quelles sont les mesures de prévention recommandées ?  

Plusieurs mesures de prévention sont possibles. Il s’agit de limiter l’exposition aux fumées de bitume, que ce soit par inhalation ou par voie cutanée. En 2003, un groupe européen de discussion sur le bitume composé d’experts multisecteurs a recommandé l’usage de bitume "tièdes" (à 110° C) ou la pose à froid (à moins de 60° C), ce qui réduit l'émanation de fumées toxiques. En France, la Caisse régionale de l’assurance maladie (Cram) est, elle aussi, en faveur d’une généralisation du bitume tiède. "Nous trouvons cette piste très intéressante", affirme Jean-François Certin, coordinateur national de la prévention des cancers professionnels de la Cram. Ces revêtements, plus chers que le bitume classique, sont pourtant encore peu employés. Pour Jean-François Certin, il faut donc "convaincre les grands donneurs d’ordre de passer des commandes pour des enrobés tièdes" au moment de l’établissement des cahiers des charges. Parmi les autres mesures de prévention citées par la Cram, on compte aussi l’emploi systématique de tenues de protection adaptées (gants, masques, lunettes de protection, combinaisons aérées) et des horaires de travail adaptés. Il faudrait aussi sensibiliser les ouvriers au risque, en expliquant notamment la nécessité de proscrire l'utilisation de solvant ou de pétrole pour se nettoyer la peau. Pourtant, la réalité sur les chantiers est souvent toute autre. "Les ouvriers d’Eurovia épandent le bitume brûlant en plein soleil, sans autre protection qu’une casquette et une paire de gants", regrette explique Me Rinck, ajoutant que "M. Andrade [l’ouvrier décédé] rentrait tous les soirs chez lui noir comme du charbon, et ne pouvait se nettoyer qu’au pétrole". L’avocat appelle les pouvoirs publics à "légiférer" pour protéger les travailleurs.  

- Le jugement de la TASS reconnaissant Eurovia responsable de "faute inexcusable" pourrait-il entraîner une interdiction totale du bitume chaud ?  

Le jugement d'un tribunal de premier degré est la première étape d’une longue procédure judiciaire. La société Eurovia a immédiatement fait appel. Si l’heure n’est donc pas encore à "l’interdiction du bitume et du goudron" souhaitée par Me Rinck, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a d’ores et déjà annoncé qu’elle lançait, à la demande de la CGT, une  "expertise transdisciplinaire transparente et indépendante" pour évaluer les risques pour la santé des travailleurs liés à l'usage du bitume.

http://www.france24.com/fr/20100513-apres-amiante-interdiction-bitume-cancer-france-justice-eurovia-justice-jurisprudence

POUSSIÈRES TOXIQUES

Les poussières dangereuses sont les plus fines qui peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires et s’y déposer. Les poussières de silice cristalline peuvent induire une irritation des yeux et des voies respiratoires, des bronchites chroniques et une fibrose pulmonaire irréversible nommée silicose. La silice cristalline joue également un rôle certain dans le développement de cancers pulmonaires. http://www.inrs.fr/risques/silice-cristalline/ce-qu-il-faut-retenir.html

La silice cristalline entre dans la composition de nombreuses roches. La silice cristalline est classée agent cancérogène de catégorie 1 par le Centre International de Recherche contre le Cancer. http://www.atousante.com/risques-professionnels/cmr-cancerogenes-mutagenes-toxiques-reproduction/silice/

Les particules fines ont été reconnues responsables de cancers du poumon par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2012. Elles sont aussi à l'origine d'autres pathologies pulmonaires, comme l'asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). En effet, plus elles sont fines, plus les particules en suspension dans l'air sont agressives et rentrent loin dans les bronches, créant une inflammation.
http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environnement/particules-suspension/quels-risques-pour-sante

Les silices micronisées peuvent contenir des nanoparticules. Plus elles sont fines plus elles pénètrent profondément dans l'organisme. Après les pollution de la Colas, la route gravillonnée est maintenant en cause. Cela fait plusieurs semaines que certains habitants du Fay et les enfants de l'école respirent une poussière fine nuisible à la santé (toux, bronchite, irritation des yeux...). Quel seront les effets à long terme ?..

CANCER DU MACADAM

Les Routes du silence, France 5

Les ouvriers du bitume présentent un taux de cancer du poumon anormalement élevé.

Le goudron tue. Et pas seulement dans la cigarette. Le goudron tue ceux qui le manipulent, sur les routes. Ces ouvriers ont des taux de cancer anormalement élevés par rapport à la moyenne nationale. Dans leur documentaire, les Routes du silence, Jean-Luc Cohen, Arnaud Jouve et Louis Bastin démontrent qu'en dépit des dénégations des patrons du secteur, ces hommes sont des victimes du travail. Un propos que défend ardemment Jean Hodeburg, membre du Conseil supérieur de la prévention.

On sait depuis longtemps que le goudron est nocif. Comme le relève Jean Hodeburg, « dans la cigarette, ce n'est pas la nicotine qui est nocive, tout le monde le sait ». Pourtant, si tous les toubibs admettent et militent pour la reconnaissance des effets néfastes et cancérigènes de la cibiche, ce n'est pas forcément le cas pour le goudron en lui-même. Pour Jean Hodeburg, il existe deux façons de considérer le problème : « D'abord, ce que j'appellerais la pensée unique médico-universitaire, qui se contente de chercher dans les comportements des malades les causes des maladies. Vous êtes fumeur ? Votre cancer est automatiquement dû à votre consommation de cigarettes. Outre que ce discours est très culpabilisant, il est irresponsable, dans la mesure où il exclut ce qui concerne l'environnement du patient, et notamment le travail. » Une seconde attitude consiste à rechercher les causes profondes. « Ce qui est méconnu, c'est que nous sommes inégaux devant le cancer, prévient Jean Hodeburg. Le cancer en général, et celui des poumons en particulier, touche trois fois plus les ouvriers que les catégories socioprofessionnelles élevées. »

Les patrons des industries nient le risque. Et pour cause ! En revanche, lors des naufrages de l'Erika et du Prestige, les autorités se sont directement inquiétées des conséquences de la manipulation du goudron sur les bénévoles qui nettoyaient les plages. Il s'agit d'un double langage. Emmanuel Poirier, délégué syndical, pique un coup de sang dans le documentaire de France 5 : « Si on peut parler de cancer pour des gens qui vont travailler quelques heures avec du bitume froid, qu'est-ce qui doit se passer pour nous, qui travaillons dix heures par jour dans des vapeurs de bitume chauffé à plus de 100 ºC, et cela tout au long de notre carrière ? » La démonstration a été faite sur le rat de la nocivité du produit, mais il ne serait pas néfaste pour l'homme qui le manoeuvre chaque jour. Il suffit pourtant de passer devant un chantier pour sentir les émanations du bitume fumant, et se rendre compte qu'il ne doit pas être plaisant de travailler au-dessus de cette matière chaque jour. Et que le goudron est dangereux.

Les Routes du silence mettent en scène des ouvriers d'une petite entreprise de quatre-vingts salariés, où sept ouvriers en dix ans sont morts de cancer. « S'il est important de bien cerner les causes de cette maladie, c'est aussi parce qu'elle représente 300 000 nouveaux cas par an, dont 160 000 se soldent par des défaites pour la médecine », note Jean Hodeburg. 160 000, cela représente plus de la moitié des cas, et le cancer est, aujourd'hui en France, la première cause de mortalité des hommes. « Jacques Chirac a dit à de nombreuses reprises qu'il fallait être attentif à la prévention des cancers professionnels. Mais, alors qu'une législation européenne demande aux pays de l'Union de ne plus lancer de produits chimiques sans avoir testé préalablement leur nocivité, Schröder et Chirac ont refusé. Pourquoi ? Parce que l'Allemagne et la France ont de nombreuses entreprises chimiques. » Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a, selon Jean Hodeburg, détecté 800 produits, utilisés dans les entreprises, considérés comme dangereux. Et dont les manipulateurs ne sont pas forcément avertis de la dangerosité. Comme le goudron.

Caroline Constant
http://www.humanite.fr/node/313267
https://vimeo.com/180260127

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