DORMIRIEZ-VOUS DEHORS CE SOIR ?
/image%2F1941362%2F20201105%2Fob_318f6e_aucun-enfant-ne-dorme-a-la-rue.jpg)
Et laisseriez-vous dormir vos enfants dehors ce soir, Madame la Directrice de Cabinet de Madame la Préfète de la Loire ?
Ce jour je suis alertée par un collectif qui s'investit, comme un certain nombre d'associations, pour que 44 mineurs sans solution ne dorment pas dans la rue.
Voici ce qu'écrit ce collectif ce matin, informations hélas toujours valables sauf si, entre-temps, les interlocuteurs de ce collectif - dont les services préfectoraux - ont réagi :
« Il y a 5 jours, le groupe local EELV a écrit à notre demande à M. le Maire et M. le Président du département pour alerter sur la situation, lettre restée sans réponse. Tout comme d'autres groupes, constitués d'élus locaux et régionaux depuis des mois, n'ayant reçu aucune réponse.
Nous avons depuis trois jours alerté département et services préfectoraux par l'intermédiaire du "Collectif pour que Personne ne Dorme à la Rue", dont font partie La Cimade, la LDH, RESF, (et bien d'autres), mais restons sans réponse. Le procureur a également été informé de la situation ce jour, on peut espérer, (un peu), une réaction...
Si rien n'est proposé, trois solutions :
- Laisser une partie des jeunes à la rue, sans solution,
- Payer des nuits d'hôtel, une fortune, nous n'avons pas l'argent pour, il faudrait 2 232 euros mensuels au minimum pour seulement quatre jeunes...
- Aller, tous ensemble, jeunes et hébergeurs, planter des tentes devant le conseil départemental, à l'heure actuelle, nous nous retrouverions plus d'une centaine.
Cependant, nous ne nous résoudrons pas, en pleine période de COVID, à créer un camp de tentes qui mettrait les jeunes, les bénévoles et les autorités qui seraient amenées à intervenir sur le campement, en danger.
Alors même que nous rédigeons ce communiqué, trois jeunes non reconnus par le département sonnent à notre porte : 15 ans, 16 ans, 16 ans.
En ce début de confinement le département donne donc le ton, ils ne prolongeront pas l'hébergement des jeunes jusqu'à ce qu'ils puissent voir un juge des enfants. Leur notification de refus est daté d'aujourd'hui.
Ce soir c'est la première option que nous avons dû adopter. Les laisser dehors, sans solution...
Nous avons relevé leur identité, donné pulls, bonnets, gants, écharpes et couvertures, et renvoyé sur le bistrot social, désolés de devoir laisser à la charge des équipes du bistrot la responsabilité de mettre ces jeunes dehors lorsqu'ils fermeront.
Nous apprenons à l'instant par la personne qui a accompagné les 3 jeunes au bistrot social qu'ils allaient eux mêmes nous appeler pour un autre mineur, lui aussi mis dehors du département aujourd'hui.
Alors que l'on nous demande de ne pas sortir, et que les températures baissent, nous ne pouvons rester sans réagir face à la situation de ces jeunes. La crise sanitaire exige que les institutions prennent une part de responsabilité en cessant de nous dire que les jeunes ne relèvent pas de leurs compétences.
Depuis 2017, nous n'avons cessé d'être un "fusible", en permettant aux jeunes d'avoir un toit et d'accéder à leurs droits, tout en proposant des solutions dignes et raisonnées aux institutions, auxquelles nous n'avons jamais reçu de réponse.
Le 115, les travailleurs sociaux du département et des associations mandatées pour s'occuper de ces jeunes n'ont cessé de se reposer sur nous, l'ensemble de ces acteurs ont d'ailleurs reconnu à plusieurs reprises le sérieux et la nécessité de nos activités, sans que leurs hiérarchies ne nous donnent les moyens de les mettre en œuvre.
Entre juillet 2019 et mai 2020, le département a laissé à notre charge des dizaines de jeunes reconnus mineurs, par ses propres services ou par les juges pour enfants, sans qu'à ce jour nous n'ayons été indemnisés pour ces prises en charge.
Aujourd'hui, sans réponse à nouveau, nous vous invitons, à regret, à partager ce mail et à adresser massivement vos mails pour alerter sur la situation des jeunes aux trois adresses mails ci-dessous, que les autorités comprennent enfin que nous sommes nombreux, derrière les jeunes, à réclamer un traitement un peu plus humain. »
Voici donc ce que m'écrit le président de ce collectif, et c'est la raison pour laquelle je vous adresse, Madame la Directrice de Cabinet, ce message dans lequel je leur laisse la parole parce qu'ils sont en première ligne et que personne mieux qu'eux ne pouvait trouver les mots pour le dire.
En espérant que vos services seront à même de se saisir urgemment de cette situation indigne, Je vous prie d'agréer, Madame la Directrice de Cabinet, l'expression de ma respectueuse considération.
Marie Hélène Vernay
/image%2F1941362%2F20201105%2Fob_eacca5_lenfantphoto.jpg)