SAUVONS LES ABEILLES LOCALES

Publié le par Résistance verte

 

Installées depuis plus d'un million d'années sur tout le continent européen, les abeilles locales butinent sans relâche, saison après saison, siècle après siècle, les fleurs de nos campagnes, assurant la reproduction d'une grande partie des fruits et légumes consommés par des générations d'habitants.

C'est en grande partie grâce à leur travail acharné que les populations locales ont pu se nourrir sainement pendant des siècles. Aujourd'hui, ces pollinisateurs pourtant indispensables subissent de plein fouet le contrecoup des grands bouleversements contemporains...

Attaquées de toutes parts - par les pesticides déversés dans les champs qu’elles butinent, par la suppression au profit de la monoculture intensive des haies et des friches qui étaient autant de refuges et de réservoirs à fleurs sauvages par les parasites et les agents infectieux qu’on retrouve désormais dans toutes les ruches de France et d’Europe (varroa, Nosema ceranae, virus, bactéries, champignons) (3)... par de nouvelles espèces prédatrices (comme le frelon asiatique) qu’elles ne peuvent naturellement combattre nos abeilles sont sans défense.

Vous avez peut-être entendu parler de la récente affaire des ruchers-usine, où plus de 20 millions d’abeilles hybrides sont exploitées pour produire de la gelée royale en quantité industrielle ? Ces petites ouvrières ont été optimisées pour produire un maximum de gelée royale, en sélectionnant et croisant des souches exotiques chinoises et libyennes.

Elles n’ont pas vocation à se développer à l’état naturel, elles n’ont d’ailleurs pas la capacité de produire assez de miel pour survivre à l’hiver et sont donc 100 % dépendantes de l’intervention humaine… (4) et pourtant, elles disséminent ce patrimoine génétique affaibli aux autres abeilles présentes sur le territoire !

Leurs colonies produisent de faux bourdons qui vont féconder et transmettre leurs caractéristiques génétiques aux colonies sauvages et domestiques dans un rayon de 15 kilomètres, lesquelles transmettront à leur tour ces caractéristiques à d’autres colonies, etc. (5)

Une spirale infernale qui pourrait mener à l’affaiblissement génétique de toutes les abeilles présentes sur le territoire, mais surtout : qui altérerait à tout jamais le précieux patrimoine génétique des abeilles locales, façonné par des siècles d’adaptation aux conditions locales (6), à la dureté du terrain, aux caprices des saisons, aux variétés des plantes et à leur période particulière de floraison… y compris jusqu’au coeur des conservatoires où elles sont réfugiées, qui ne bénéficient d’aucune protection pour empêcher l’intrusion de faux bourdons étrangers !

Imaginez ce qu’il se passerait si les colonies d’abeilles locales, naturellement habituées à nos territoires et résistantes aux changements climatiques, étaient petit à petit remplacées par des espèces hybrides, incapables de se nourrir elles-mêmes et donc de survivre à l’hiver sans sucre et médicaments artificiels ?

Voyant arriver cette menace qui précipiterait encore plus le déclin des abeilles, certains grands laboratoires s'organisent pour isoler dans des éprouvettes le précieux capital génétique de nos abeilles locales... pour le breveter à leur avantage, et le commercialiser le jour où l'on ne trouvera plus une seule abeille locale dans la nature !

Il n’est évidemment pas question d’attendre d’en arriver là pour réagir. Suite à une première vague de mobilisation des citoyens et des apiculteurs en Europe, les députés européens ont adopté en mars 2018 un texte salvateur qui prévoyait de « renforcer la protection juridique et le soutien financier accordés aux écotypes et populations locaux d’abeilles domestiques dans l’ensemble de l’Union européenne, y compris par la mise en place de zones de conservation, protégées par la loi, des abeilles domestiques endémiques ». (7)

Mais à ce jour, ces belles promesses sont restées lettre morte. Aucune suite n'a été donnée par la Commission européenne ou les Etats membres, chargés de la mise en place de ces recommandations… (8)
Chaque année qui passe augmente pourtant davantage la menace d'extinction de nos précieuses pollinisatrices locales, vulnérables dans leurs sanctuaires qui ne sont protégés que par la vigilance et la détermination d'une poignée de citoyens et d'apiculteurs volontaires ! C’est pourquoi POLLINIS qui est l'un des membres fondateurs de la Fédération européenne des Conservatoires de l'abeille noire (FEdCAN), a réuni dès l’année dernière la première coalition européenne de sauvegarde des abeilles locales, nommée SaveLocalBees (9).

Aujourd’hui, notre équipe se permet de vous solliciter de nouveau car nous avons terriblement besoin d’aide pour faire connaître les menaces qui pèsent sur nos abeilles locales, et le combat désespéré de ceux qui, sur le terrain, tentent coûte que coûte de les protéger.

Nous avons relancé une nouvelle fois les parlementaires pour qu’ils exigent des comptes de la part de la Commission européenne, et nous avons besoin de la mobilisation du plus grand nombre de citoyens possible pour ajouter leurs voix à celles des citoyens et des apiculteurs protecteurs de l'abeille noire et des races européennes d'abeille locale… pour demander la protection juridique des conservatoires d'abeilles locales, et pour faire reconnaître l'importance majeure des différentes races locales pour la biodiversité et l'avenir de l'apiculture en Europe !


PÉTITION POUR LA SAUVEGARDE DES ABEILLES LOCALES EUROPÉENNES ET LA PROTECTION JURIDIQUE DE LEURS ZONES DE CONSERVATION
https://info.pollinis.org/fr/save-local-bees/

1.    Rapport d’initiative relatif aux Perspectives et défis pour le secteur apicole de l’Union européenne (2017/2115 (INI))

2.    « L'abeille noire locale a besoin de votre aide » POLLINIS

3.    Goulson, D., E. Nicholls, C. Botías and E. Rotheray (2015). « Bee declines driven by combined stress from parasites, pesticides, and lack of flowers.» Science 347(6229). Sánchez-Bayo, F., D. Goulson, F. Pennacchio, F. Nazzi, F. Goka and N. Desneux (2016). « Are bee diseases linked to pesticides? - A brief review. » Environment International 89/90: 7-11.

4.    Question orale n° 1272S de M. Pascal Martin (Seine-Maritime - UC) publiée dans le JO Sénat du 30/07/2020 - page 3342

5.    À Grazay, le projet de rucher usine abandonné ? Martin Cotta, France Bleu Mayenne 16/07/2020

6.    C. Costa, F. Hatjina, S. Andonov, M. Meixner, Y. Le Conte, A. Uzunov, S. Berg, M. Bienkowska, M. Bouga, M. Drazic, W. Dyrba, P. Kryger, H. Panasiuk, H. Pechhacker, P. Petrov, N. Kezić, S. Korpela and J. Wilde (2014). « The influence of genetic origin and its interaction with environmental effects on the survival of Apis mellifera L. colonies in Europe.» Journal of Apicultural Research 53(2).

 

 

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