LA SEULE CHOSE IMPORTANTE EN MÉDECINE, C'EST L'EFFICACITÉ
(...) Ce que les gens croient, que la méthode [méthodologiste] qui rapporte est une méthode adaptée à la situation, témoignent du fait qu’ils ne connaissent absolument pas l’histoire de la médecine, ni l’histoire des sciences.
Dans les maladies infectieuses, on ne s’est pratiquement jamais servi de cette méthode pour montrer l’efficacité d’un médicament parce que les maladies infectieuses c’est extrêmement facile de mesurer si le microbe disparaît ou s’il ne disparaît pas.
Après, c’est des habitudes qui ont été prises et ont été rendues nécessaires en grande partie par l’industrie pharmaceutique et tout le monde a fini par prendre cette méthode pour de la science. Ce n’est pas de la science, c’est une habitude, c’est une manière d’approcher les problèmes. Il n’y a jamais eu d’évidence que ces études soient plus efficaces que ce que nous appelons les études historiques, c’est-à-dire la comparaison de la mise en place d’un traitement avec ce qui se passait avant qu’on est mis ce traitement.
Mais c’est des histoires de spécialistes scientifiques, ce n’est pas des histoires de plateaux-télé. C’est compliqué. Il y a des gens qui maintenant, comme dans tous les domaines, ne sont ni des praticiens, ni des scientifiques, dont le métier est devenu d’être les contrôleurs des travaux des autres, et qui sont sincères, et qui croient que c’est vraiment comme ça qu’on fait les choses parce que c’est un mouvement de mode.
Moi, quand j’étais jeune, on ne pouvait pas faire un traitement contre une maladie infectieuse si on n’avait pas fait un modèle expérimental, ce qui est tombé en désuétude. Maintenant on se fiche de savoir si les lapins vont être traités pour une septicémie ou un staphylocoque ou ceci ou cela, mais quand j’étais jeune, c’était la mode. On trouvait ça dramatique de ne pas avoir fait un modèle expérimental. Ce sont des modes scientifiques, ce ne sont pas des réalités scientifiques.
La réalité scientifique, dans le modèle des maladies infectieuses aiguës, c’est quelque chose d’assez simple. C’est d’ailleurs aussi simple pour le sida. Vous savez, quand on a eu un médicament efficace, avec trois malades on savait. On mettait un anti-protéase, il n’y avait plus de virus dans le sang, c’était fini. Ce n’était pas la peine de faire des études avec 10.000 personnes.
C’est devenu un process qui est devenu extrêmement lourd, qui occupe une quantité de gens, dans lequel on finit par oublier que la seule chose qui est importante en médecine, c’est l’efficacité. Et que l’efficacité, c’est la méthode qui doit s’adapter à la question et pas la question qui doit s’adapter à la méthode. (...)
Le Pr Didier Raoult
Esprits libres, Interview Radio classique du Professeur Raoult, le 01/04/20.