NOUS NE DEMANDONS RIEN À L’ÉTAT, NOUS VOULONS TOUT REPRENDRE : LA JOIE, LA LIBERTÉ, LA BEAUTÉ, LA VIE
À la colère contre la catastrophe écologique, humaine et sociale en cours, le pouvoir ne propose que des « mesurettes », expliquent les auteurs de cette tribune. Qui, déterminés à changer le système, occuperont le 5 octobre « un lieu emblématique du système pour le transformer en maison du peuple ».
Nous, écologistes, Gilets jaunes, Gilets noirs, jeunes, habitant.e.s des banlieues, militant.e.s de tous bords avons manifesté, signé des pétitions, fait la grève, dialogué avec les dirigeants pour les alerter de la catastrophe écologique, humaine et sociale en cours.
Loin d’entendre notre colère légitime, le pouvoir réprime nos mobilisations et convoque des simulacres de « participations citoyennes » : « grand débat », « convention citoyenne sur le climat », etc. Ces dispositifs ne proposent que des mesurettes ou des promesses lointaines et jamais tenues. Ils ne servent qu’à lui faire gagner du temps. L’écologie, dans sa conception étatique et libérale, trace alors une frontière entre les riches et les pauvres. Elle culpabilise les « écocitoyen.ne.s », lance des projets de « transition écologique »… et tout devient prétexte à un productivisme opportunément devenu « vert ». Mais le capitalisme, responsable de la catastrophe que nous vivons, est irréformable.
Nous avons donc décidé de résister autrement à la destruction généralisée et programmée du monde vivant. Samedi 5 octobre, nous occuperons un lieu emblématique du système pour le transformer en maison du peuple. À la suite des retrouvailles entre mouvements sociaux et écolos le 21 septembre, nous ferons entendre nos voix, riches car plurielles. Nous affirmerons notre détermination à changer de modèle sociétal et économique. Nous construirons les prémices d’un monde respectueux des êtres vivants, humains et non humains.
Une idéologie occidentale selon laquelle l’autre n’est que territoire à conquérir, ressource à exploiter, trophée à exposer.
Car l’anéantissement du vivant est le symptôme terminal d’un système fondé sur la domination. Le modèle économique et social actuel creuse les inégalités entre les classes dominantes et les classes populaires. Sous couvert de rationalité et d’efficacité, le néolibéralisme grignote progressivement les acquis sociaux. De nombreuses travailleuses et travailleurs connaissent une précarisation croissante de leurs conditions de travail. Mais surtout, il nous est imposé de travailler toujours plus sans questionner l’impact néfaste que celui-ci peut avoir sur nos vies et sur la nature.
Plus largement, le ravage causé au vivant a pour racine une idéologie occidentale selon laquelle l’autre n’est que territoire à conquérir, ressource à exploiter, trophée à exposer. Les femmes, résistant à l’infériorisation qui leur est faite depuis des siècles, en sont parmi les premières victimes. Les sujets échappant au modèle reproductif hétérosexuel et cisgenre, catégorisés comme « contre nature » ou déviants, sont également tantôt exclu.e.s, dominé.e.s ou « corrigé.e.s » afin de pouvoir être exploité.e.s à leur tour.
Historiquement, s’accaparer les terres, détruire les écosystèmes et nier l’humanité des esclaves et des populations colonisées a été le triptyque sur lequel le développement de ce système s’est appuyé. Aujourd’hui, cette logique prédatrice et raciste se retrouve partout, qu’elle soit soutenue par des régimes politiques nationalistes ou néolibéraux. Dans le cynisme le plus total, elle est à l’origine de guerres néocoloniales et provoque l’exil de millions de personnes pour des raisons politiques, économiques et climatiques tout en cadenassant les frontières.
Malgré tout cela, le capitalisme possède un double pouvoir d’attraction : son imaginaire économique de frustration-consommation et sa capacité inouïe à l’échelle de l’histoire à rendre chacun.e d’entre nous captif sur le plan de la vie matérielle. Nous sommes baigné.e.s depuis notre naissance dans un imaginaire où le bonheur se trouve dans l’accumulation de biens matériels. La nature productiviste du capitalisme, son dogme de la croissance, ont enfanté une vie toxique et aliénante. Plus intimement, le capitalisme a su pénétrer notre quotidien, coloniser nos systèmes de pensée et étendre son pouvoir sur nos corps et l’ensemble des milieux vivants. Chacun.e de nous est pris en otage par cette mégamachine qui martèle son discours dominant au travers des institutions étatiques, de la publicité et des médias.
Une vaste envie de reprendre démocratiquement nos vies en main
Toutes celles et ceux qui résistent à ce pouvoir de séduction-aliénation connaissent une répression féroce.
Mais l’autoritarisme qui se généralise aujourd’hui est la norme depuis des décennies dans les quartiers populaires, avec plusieurs centaines de morts entre les mains de la police dans une impunité judiciaire systémique. L’État n’a eu de cesse de mettre en place des mesures d’exception sécuritaires dans les quartiers populaires contre toute forme de révolte. Les Gilets jaunes, les Zad et les mouvements écologistes voient désormais l’extension de la répression policière avec les mêmes outils permettant le maintien du pouvoir d’une élite face aux contestations. Cette répression est le seul outil derrière lequel l’État peut se cacher. Elle révèle son rôle d’armée d’occupation de sa propre population.
À tout cela, nous opposerons notre détermination à construire ensemble. Ce que nous allons chercher, c’est d’autres manières d’être heureuses et heureux et redonner de la profondeur à nos existences, sans dévaster le monde vivant.
Ces derniers mois, les Gilets jaunes ont déclenché une vaste envie de reprendre démocratiquement nos vies en main : assemblées populaires, démocratie directe, solidarité, autoorganisation, sont des mots dont la population s’est ressaisie, des pratiques qui ont redonné un élan considérable pour affronter la suite. Que ce soit au Chiapas ou dans le Rojava, en Égypte ou à Hong Kong, au Brésil, en Russie ou en Grèce, les luttes populaires continuent à rappeler que la révolte doit être internationale et internationaliste pour pouvoir réellement bouleverser le cours des choses. Ainsi, nous ne demandons rien à l’État, car nous n’attendons rien de lui.
Nous ne demandons rien mais nous voulons tout reprendre : la joie, la liberté, la beauté, la vie. Nous appelons chacun.e à s’organiser collectivement pour reprendre du pouvoir, à entrer en résistance, à faire front commun. C’est dans l’intensité de nos luttes que fleuriront des mondes désirables.
Liste des premier.e.s signataires
Acta, Cerveaux non disponibles, Comité Adama, Comité de libération et d’autonomie queer, Deep Green Resistance IDF, Désobéissance écolo Paris, Eodra, des membres d’Extinction Rebellion France, Gilets jaunes Argenteuil, Gilets jaunes Place des fêtes, Gilets jaunes Rungis IDF, Plate-forme d’enquêtes militantes, collectif Peuple révolté, Radiaction, Youth for Climate IDF...
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https://reporterre.net/Nous-ne-demandons-rien-a-l-Etat-nous-voulons-tout-reprendre-la-joie-la-liberte-la-beaute
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OCCUPATION DU CENTRE COMMERCIAL
ITALIE 2 À PARIS LE 5 OCTOBRE
Écologistes, Gilets Jaunes et militants des quartiers ensembles pour occuper le centre-commercial.
DÉTRUISONS LES PALAIS DE LA MARCHANDISE !
Vidéos de l'occupation
https://twitter.com/i/status/1180434972517322752
https://twitter.com/i/status/1180402874406313984
https://twitter.com/i/status/1180414085185392641
https://twitter.com/i/status/1180433959525715968
https://twitter.com/i/status/1180451683568177153
https://twitter.com/i/status/1180490049147813890
https://www.facebook.com/LeMediaOfficiel/videos/2462881847159807/
Direct
https://www.facebook.com/Vecu.giletjaune/videos/1243267702524364/
https://www.facebook.com/xrfrance/videos/2604272309619379/
https://www.facebook.com/xrfrance/videos/434623623842283/
À Paris, un centre commercial a été occupé quelques heures. Quelques heures, quelques tags, quelques bières bues, quelques chants et dans la nuit tout le monde est parti. Et encore ceux qui auront tagués se seront fait gronder, car il ne fallait surtout pas abimer le décor, juste bloquer quelques heures et rendre le centre à son propriétaire, en état de marche.
Et cela s’est appelé "dernière occupation avant la fin du monde".
Et cela a eu lieu quelques mois après la dévastation du 8° arrondissement. Un des arrondissements les plus riches et les plus prestigieux de la capitale. Et cela a eu lieu après que des dizaines de personnes aient été mutilées par la police, et des milliers de personnes arrêtés et des centaines de personnes emprisonnées. Et cela a eu lieu après qu’une personne a été noyée dans la Loire, après deux canicules historiques. Ainsi à Paris quelques centaines de personnes auront occupé, quelques heures, un centre commercial, avant de le rendre, sans trop de dégâts, à son propriétaire, s’assurant ainsi que lundi matin les commerces puissent réouvrir sans trop d’efforts, excepté les efforts du personnel d’entretien, sous-payé, sur-exploité.
Au même moment à Hong Kong, la jeunesse attaque le capitalisme, détruit les banques, une à une, les empires commerciaux, un à un. Au même moment à Hong Kong quand une personne se fait mutiler par la police, des milliers de personnes répondent immédiatement par des blocages massifs des infrastructures, comme les aéroports. Au même moment à Hong Kong quand une loi sécuritaire oblige les manifestants à manifester visage découvert, des dizaines de milliers de personnes manifestent visages masqués, dressent des barricades, attaquent la police.
À Hong Kong on n’appelle pas cela "dernière occupation avant la fin du monde". Ni "cérémonie d’ouverture de la rebellion internationale". Simplement, refus d’être capturé par un État, de se soumettre aux lois, refus d’un monde comptable qui détruit le vivant qui s’impose par la force et la contrainte.
Emmanuel Moreira
https://lundi.am/Occupation-du-Centre-Commercial-Italie-2-a-l-initiative-d-Extinction-Rebellion
La non violence est un faux problème entretenu par le pouvoir dominant pour diviser et affaiblir le mouvement. Le monde ne se divise pas entre des anges non violents et des diables sadiques. Ne nous laissons pas récupérer par l'idéologie dominante que produit le système d'exploitation.
La non violence est un sacrifice, une victimisation collective, une résignation aux commandements des milices du capital, l'affirmation d'une soumission à la violence des forces de l'ordre, son acceptation. Refuser la violence c'est ne pas se soumettre à la répression autoritaire et affirmer que l'autodéfense est légitime face aux brutalités policières et à l'oppression économique. Ne pas se soumettre à la violence est une légitime défense, c'est résister à l'agressivité barbare, contrattaquer furtivement, échapper temporairement pour mieux revenir, imprévisible et mobile, incontrôlable et surprenant...
Les devins-experts sont toujours des menteurs, l'effondrement du vivant a déjà eu lieu !
Le monde survie péniblement dans l'intoxication générale.
Nanar
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