DES POSSÉDÉS DÉPOSSÉDÉS

À tous ceux qui prennent en photo ou en vidéo au lieu d'agir et de le vivre...
« La photo est à la fois une pseudo présence et une marque de l’absence. [...] Les sociétés industrielles font de leurs membres des camés dont l’image est la drogue ; c’est la plus puissante forme de pollution mentale. [...] Les images paralysent. Les images anesthésient. [...] La photo fait de chacun un touriste du réel. »
Susan Sontag, Sur la photographie, 1977.
(extraits)
La construction de ce qui est pris pour le réel se réalise interindividuellement. Nos interactions sont des représentations théâtrales où chacun joue son rôle. Possédé par cette tâche à accomplir, l’acteur de sa propre existence se retrouve dépossédé de sa spontanéité naturelle. Cette vie par procuration engendre la domination de l’acteur et la soumission du spectateur. Les acteurs de la vie quotidienne essaient de contrôler l’impression qu’ils donnent, ils offrent l’image d’eux-mêmes qu’ils veulent projeter à leurs proches, pris comme public.
L’identité de la personne se restreint à une accumulation d’évènements représentés et non plus dans des expérimentations propre à elle. L’individu n’y est plus que la somme de ses actes mis en scène. Il incarne un système d’apparence idéalisée pour s’adapter à l’ensemble des normes du spectacle.
Les modèles à suivre, présentés dans la représentation du monde répandue en permanence par les médias, prescrivent les comportements acceptables qu’il faut jouer dans le spectacle de la soumission.
Lukas Stella, Intoxication mentale,
représentation, confusion, aliénation et servitude, décembre 2018
http://inventin.lautre.net/linvecris.html
