C’EST REPARTI COMME EN 40

L’ÉCOLE SELON BLANQUER

Dans le numéro 2 du Gueuloir, nous parlions de la tournure orwelienne inquiétante que prenait le plan de reformatage de l’école annoncé par M.Blanquer. Si l'on en croit les débats actuels à l’Assemblée Nationale, cela semble se préciser...
Au renforcement de la surveillance des établissements scolaire (cf : CNESCO) et à celui des enseignants (cf : devoir d’exemplarité), M.Blanquer prévoit un reformage des programmes et un renforcement de la discipline dans les écoles.

M.Blanquer ne s’en est jamais caché, il poursuit un beau rêve, celui de faire retourner l’école à ses racines conservatrices. Vous savez, cette époque bénie où les élèves chantaient l’hymne national et criaient vive Pétain ?
Ce relent nationaliste, avait déjà fait froncer le nez du Snes (syndicat des profs du second degré), lors de son examen des nouveaux programmes scolaires. Celui-ci s’était rendu compte que l’histoire y avait été sérieusement revisitée, avec une suppression de l’histoire de l’immigration et plus largement de l’histoire sociale, au profit d’un récit historique très européo-centré.

Aujourd’hui M.Blanquer ne s’en cache plus, « Dans l’Hémicycle, le ministre a défendu l’esprit de sa loi (…) Onze amendements déposés par Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN) ont porté sur l’instauration d’un uniforme pour les élèves ». Un député des Républicains a même déposé un amendement proposant à ce que le « chef d’établissement veille à ce que le corps enseignant porte une tenue conforme à l’autorité que doit inspirer un enseignant ».

« Dans la même veine, de longs échanges ont porté sur l’enseignement de la Marseillaise et l’affichage de ses paroles dans les salles de classe ». Le député LR Éric Ciotti, a proposé un amendement mettant en place « l'obligation de la présence d'un drapeau tricolore et européen, ainsi que celle des paroles de l’hymne national dans les salles de classe des établissements du premier et du second degré, publics ou privés sous contrat. »

Voir cet article de Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/loi-sur-l-ecole-les-debats-se-deportent-un-peu-plus-sur-la-droite?page_article=1
Monsieur le Ministre a défendu ardemment tous ces points, soulignant la vertu du port de l’uniforme et de l’apprentissage de l’hymne national, tout en laissant entendre qu’il fallait néanmoins laisser le choix à chaque établissement.

Blanquer n’a ainsi pas encore validé la généralisation de ces amendements, mais vu la propension de notre gouvernement a faire adopter ses idées par la force, on peut se demander combien de temps cela va durer.
On peut aussi s’interroger sur la réalité de ce choix, sachant que désormais les établissements vont être placés sous étroite surveillance et vont en plus devoir faire face à la mise en concurrence générée par la mise en place de Parcoursup. Dans quelles mesures pourront-ils vraiment décider ?

Il semblerait que nous entrions dans une ère de gouvernance par la peur, un régime où le pouvoir repose de plus en plus sur le contrôle et la répression. Le dressage est de nouveau au goût du jour, désormais c’est marchez droit et garde-à-vous !
Vous parlez d’un avenir…

Ce virage réactionnaire a de quoi faire ruer et rappelle un vieux slogan de 68 plus que jamais d’actualité : « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! », à ceci près qu’il faudrait rajouter « et il est sur le point de te rattraper».

Lili
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