ATTENTION « CASSEURS » : LE RETOUR DE L’ÉPOUVANTAIL

Publié le par Résistance verte

 

Depuis que le mouvement des gilets jaunes a viré à l’insurrection, chaque samedi les mass-médias nous ressortent le même épouvantail, celui des dangereux « casseurs », ces barbares issus de mystérieux groupuscules et agissant pour le simple plaisir de casser.

C'est vrai qu'un « casseur » ça fait peur. Ça ne renvoie à rien de précis, juste à l’effet produit. C’est un mot suffisant, qui empêche de réfléchir au pourquoi du comment et qui permet de compartimenter et de diviser les manifestants. Car c'est bien connu, les « casseurs » ne sont pas des « manifestants » justement ils ne font que les infiltrer...
Un portrait lisse, noir, sans tâche, un épouvantail parfait pour les médias de masse. À ceci près qu'il est bon à jeter.

Lorsqu’on s’intéresse un peu au sujet, on se rend compte qu’un « casseur » ça n’existe pas. Ça ne renvoie à aucune identité, à aucune réalité tangible. Ce n’est qu’un adjectif définissant un rôle temporaire, un acte momentané réalisé par des manifestants divers et variés au cours d’une mobilisation.
Certains casseurs sont en noir, d’autres non. Certains font ce genre d’actions depuis longtemps, d’autres non. Leurs seuls points communs : la soif de changement, les cibles visées et le fait de se masquer.

La casse n’est qu’un outil militant parmi d’autres, la plupart du temps les objets visés sont des McDonald’s, des concessionnaires de voitures de luxe, des banques, des panneaux publicitaires, des bâtiments administratifs, des commissariats… Bref des symboles de l’État et du capitalisme. Les manifestants ne visent pas les petits commerces, ce n'est pas contre eux que leur colère est dirigée. C'est pour ça que la plupart des affrontements à Paris ont lieu dans les beaux quartiers ! Vous ne verrez jamais un kebab se faire exploser sa vitrine.

Certes, il arrive parfois que certains commerces de proximité soient tout de même touchés, mais ce n'est que par effet de ricochet. Lors des affrontements avec les forces de l’ordre certains projectiles sont parfois perdus. À ce sujet, les forces de l’ordre ne sont pas non plus exempt de casse, mais ça évidemment, on n’en parle pas. C’est plus simple de tout mettre sur le dos des "casseurs", comme le font les mass-médias.

Les "casseurs" ne sont ni des groupuscules organisés, ni des sauvages dégénérés, mais des individus mus par des envies communes qui ont décidé de militer différemment, de manière plus violente.

Contrairement à ce que voudrait nous faire croire les médias, la casse est le symptôme et non la maladie. Ce n'est pas pour rien que le gouvernement s’empresse à chaque fois de faire disparaître les traces des émeutes à Paris. Il craint que celles-ci soient comprises pour ce qu’elles sont, les « stigmates » d’un mal bien plus grand.

La casse ne sort pas de nulle part. Qu’elle soit planifiée ou improvisée, si cette forme de violence surgit maintenant c’est parce qu’une partie de la population subit tous les jours une violence bien plus grande qu'elle ne se sent plus capable de supporter. Le problème ne vient donc pas tant des casseurs que de la société dans laquelle on vit.

La seule différence entre ceux qui cassent et les autres militants, tient à une différence de point de vue. Ceux qui cassent ont dépassé la logique réformiste pour virer dans l'insurrectionnel. N’importe qui peut devenir casseur, ce n’est qu’une limite à franchir, un choix à faire.
« Ce ne sont pas les radicaux qui font le mouvement, c’est le mouvement qui radicalise les gens »

https://lundi.am/Prochaine-station-destitution

À ce sujet, Alain Bertho, anthropologue spécialiste des émeutes, a constaté que beaucoup des casseurs arrêtés au cours des manifestations des gilets jaunes ces derniers samedis n’étaient que des « gens ordinaires ».

« Ce qui s’est passé samedi n’est donc pas anecdotique et n’est pas le simple fait de casseurs plus ou moins professionnels. C’est quelque chose qui prend d’autant plus de sens dans une situation où le pouvoir a poussé à bout le dédain vis-à-vis des corps intermédiaires et bloqué les canaux de communication et d’interlocution. »

https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/081218/alain-bertho-il-ne-s-agit-pas-d-un-simple-mouvement-social

Le gouvernement voudrait présenter la casse comme quelque chose d’anormal et de pathologique, mais en définitive l’ordre et le désordre, le normal et le pathologique, le crime et la justice, tout ça ne relève que d’une définition subjective, qui diffère selon les intérêts qui sont derrière.

En l’occurrence, le gouvernement a intérêt à faire peur à la population en créant des monstres, car c’est du retour de leurs propres monstres dont ils ont peur en vérité, celui des « classes dangereuses » qui faisaient trembler la bourgeoisie d’autrefois.

Il ferait cependant bien de se méfier, car lorsqu’on créer des monstres il faut s’attendre tôt ou tard à les voir débarquer.

Lili


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