RETOUR SUR L'OCCUPATION DE L'AMPHI

Publié le par Résistance verte

Et dire que je croyais qu’il ne se passerait jamais rien sur Sainté ! J’ai du mal à croire qu’on l’ait vraiment fait. Et pourtant si, on a occupé un amphi. Vu de l’extérieur, c’est sûr que ça peut paraître dérisoire, surtout au vu de ce qui se passe dans les grosses villes, mais pour nous ici à Sainté, c’était vraiment inespéré. Cela fait bien longtemps que la ville n’a pas connu une vraie mobilisation étudiante, la dernière date d’il y a dix ans déjà.

Cette occupation, c’était vraiment quelque chose ! Des tas de personnes passaient le jour et la nuit à l’amphi, des têtes inconnues qui prenaient goût à ce qui se passait et qui se mettaient à participer, chacune à leur manière ! Il y avait vraiment toute sorte de gens, des musicos, des art plastique, des historiens, des science de l’éduc, des sociologues, des linguistes, ainsi que des gens de l’extérieur qui venaient nous rejoindre un moment, nous filer un coup de main, ou qui passaient juste pour nous soutenir.

L’occupation s’est accompagnée d’une véritable effervescence. On n’était peut-être pas très nombreux, mais on débordait d’idées ! On a fait des banderoles, des conférences, des ateliers, un journal, etc. On a appris au jour le jour à s’organiser en collectif, piochant dans les propositions des uns et des autres pour s’organiser au quotidien et réaliser les différentes actions. On a même pu faire des concerts grâce aux lycéens ! Ceux-là on peut dire qu’ils sont vraiment au taquet, toujours prêts à filer un coup de main.

C’était beau de voir autant de monde de différents horizons essayer de faire quelque chose de nouveau tous ensemble. Avec des potes, on est allés à un rassemblement de soutien à la ZAD de NDDL place Jean Jaurès qui s’est changé en manif sauvage et on a ramené tout le monde à l’amphi ! Je dois dire que c’était vraiment génial. Une vraie manif sauvage, rebelle, indomptable, pleine d’espoir et de dérision, avec des chansons occitanes et des rires à foison. Des enfants ont pris la tête de la manif, reprenant avec force nos slogans.

C’était vraiment magique.

Il était vraiment beau notre amphi, avec ses banderoles contre la sélection, son affiche antifa et sa banderole de soutien à Notre-Dame-des-Landes. Il était riche, hétéroclite et baroque, à l’image des occupants qui l’habitaient. C’était vraiment une belle expérience. Là-bas, on passait nos journées à discuter, à rire, à plaisanter, à débattre et à refaire le monde, autour d’une clope ou d’un café. Le soir c’était la détente ! Toujours des discussions, mais aussi des chansons et des rires autour de quelques canons. Il y avait vraiment une bonne ambiance. Bien que différents, les gens se côtoyaient et discutaient les uns avec les autres, apprenant à se connaître. En journée ou en soirée, en entendait toujours un joyeux brouhaha ! C’était vraiment un lieu débordant de vie.

Bien sûr, il y avait parfois des dissensions. C’est normal lorsqu’on vit en collectivité, il y en a toujours. La plus grosse portait sur la reconduite ou non de l’occupation. Plusieurs d’entre nous auraient voulu aller plus loin et plus fort dès le début, mais le timing n’était pas de notre côté. On a commencé à occuper en fin d’année scolaire, peu de temps avant les partiels. Bien qu’ayant suscité un certain afflux les premiers jours, l’occupation a fini par stagner. On s’est aperçu progressivement qu’il y avait de moins en moins d’étudiants qui passaient sur le campus et que ceux que l’on croisait étaient plus intéressés par leurs examens que par l’occupation. À la fin, les couloirs étaient quasi déserts.

Parallèlement à cela, l’occupation devenait de plus en plus difficile en raison de son rythme éreintant. Passer les journées et les nuits là-bas avait beau être génial, c’était tout de même assez fatigant. À la fin, nous ne tenions plus que grâce à notre détermination, à la bonne ambiance et au café à profusion ! Si on avait été encore plus nombreux, on aurait pu s’organiser différemment, mais là c’était vraiment pas évident. Quoi qu’il en soit, quitter l’amphi n’a pas été une décision facile à prendre. Cela a occasionné de longs débats souvent très animés. Malgré tout, à la fin il était devenu évident pour beaucoup d’entre nous que sortir de l’amphi pour investir les campus encore en activité, ainsi que les lycées, était une meilleure idée. C’est pourquoi nous avons voté au cours d’une AG la suspension de l’occupation, pour nous déployer ailleurs.

Cette occupation, bien que courte, était loin d’être stérile. Elle nous a permis de rencontrer du monde et d’obtenir quelques victoires pour les étudiants par rapport à l’administration, comme le droit de se rendre aux manifestations sans risquer d’être pénalisés. Ce n’est pas peut-être pas énorme, mais c’est toujours ça de pris !

De plus, en dehors de cela, l’occupation nous a aussi offert quelque chose de génial : « un collectif solidaire et riche de la diversité des membres qui le composent, une force d’action présente et à venir qui continuera la lutte sur autant de fronts que possibles, contre les réformes du gouvernement, en défendant la vision d’un autre avenir et d’une autre société » (déclaration des occupant.e.s de l’amphi présent.e.s le dernier jour).

Un autre monde est possible, le combat continue !

Un.e. occupant.e.

Voir aussi le Geuloir
http://resistance-verte.over-blog.com/2018/05/le-gueuloir-est-de-sortie.html

Publié dans Solidarité

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