UNE TOUR DE VEILLE CONTRE L’A45

A Cellieu (Loire), au milieu des vergers, flotte désormais un drapeau contre l’autoroute A45 au sommet d’une tour de veille de plus de 6 mètres de haut. Inaugurée ce dimanche 8 octobre en présence d’un centaine de personnes, cette tour veillera sur une vallée où des viaducs et des tunnels détruiraient une économie paysanne, la vie de nos villes et villages et des paysages extraordinaires.
Erigée sur le terrain d’un paysan dont l’activité est directement menacée par la construction de l’autoroute, cette tour envoie un message aux promoteurs de l’autoroute A45 et à celles et ceux qui voudraient en faciliter la construction : la lutte s’enracine et se construit ! A l’initiative de l’Assemblée de lutte stéphanoise et soutenue par le Collectif des paysans menacés par l’A45, la tour de veille inscrit sur le territoire le message délivré depuis des mois : les opposant.e.s, dans leur diversité, n’entendent pas laisser les promoteurs de l’autoroute prendre possession des terres cultivées nécessaires à la construction de leur projet inutile et destructeur.
Là où les promoteurs de l’autoroute en sont réduits à gaspiller l’argent public pour organiser une campagne de communication, nous sommes présent.e.s sur le terrain, prenant soin du territoire, du patrimoine et des habitant.e.s. A leur court-termisme destructeur, nous opposons une vision de long-terme qui s’appuie sur ceux qui vivent et travaillent sur les terres qu’ils convoitent.
http://nona45.fr/inauguration-dune-tour-de-veille-contre-lautoroute-a45

UNE TOUR EN BOIS DANS LES VERGERS POUR S'OPPOSER À L'A45
La hune du Rafficot, comme l'appellent les opposants à l'A45, doit symboliquement veiller sur les paysages et l'agriculture menacés par le projet d'autoroute.
Un paysage vallonné, des arbres fruitiers, un village au fond... Voici ce que l'on voit aujourd'hui depuis la tour de bois érigée, dimanche, par des opposants à l'A45. Si l'autoroute se fait, elle passera au pied de cette hune du Rafficot. « Une agriculture locale, durable et qui créé des emplois ».
Dimanche matin, ils étaient une centaine à avoir répondu à l'appel de l'Assemblée de lutte stéphanoise et du Collectif paysan pour la sauvegarde des terres agricoles pour une initiative plutôt originale et décalée. Depuis jeudi, plusieurs opposants au projet ont commencé la construction de cette tour en bois d'environ six mètres, route de l'Ollière, sur les terrains de Marc Bissardon, arboriculteur. « Symboliquement, cette tour veille sur ce paysage et sur l'agriculture vertueuse et diversifiée qui existe ici », commence-t-il. Avant d'ajouter : « Nous avons des fruits, de l'élevage, de la vigne, de la production de fromages de chèvre et de charcuterie, etc. Nos productions sont vendues localement et dans les métropoles que sont Lyon et Saint-Étienne. Nous avons une agriculture locale, durable et qui crée des emplois. Nous possédons la place pour installer des dizaines de jeunes dans le secteur. » Aux abords immédiats de la hune, trois viaducs pourraient voir le jour, de quoi désoler les agriculteurs locaux.
Si le combat est commun, les arguments diffèrent un peu du côté de l'Assemblée de lutte stéphanoise. « Nous nous interrogeons sur l'impact de l'autoroute dans notre vie en tant qu'urbain et donc en tant que consommateurs de ce qui est produit ici. L'autre question est celle de l'argent public et des 130 millions qu'investirait Saint-Étienne Métropole. Une deuxième autoroute qui relie Saint-Étienne à Lyon ne rendra pas l'avenir plus radieux. Nous, on vit bien à Saint-Étienne », lance Suzie, l'une des représentantes.
La question des terres est au cœur des préoccupations. « On ne peut pas gâcher 1 000 hectares de terres agricoles comme ça. Ici, 500 hectares sont touchés directement et 500 autres impactés indirectement », explique Marc Bissardon qui s'interroge encore : « Et que deviendront les 13 000 ha situés entre l'A47 et A45 ? »
« Tant que le mot abandonné n'a pas été prononcé, nous continuons »
Les opposants s'inquiètent également de la compétition qui pourrait naître autour du foncier en cas de construction. « Il ne s'agit pas que d'un ruban d'asphalte. Le problème, c'est aussi toute l'économie qui va avec une autoroute, des aires, des zones commerciales, etc. », poursuit Suzie.
Après avoir avancé la tour, les participants ont passé une journée festive avec un repas et un moment musical. Dans l'après-midi, ils ont eu un temps d'échanges sur le thème : On ne laissera pas aménager. Le report par le gouvernement de la décision finale de la construction ne crée pas d'enthousiasme débordant à Cellieu. « Tant que le mot abandonné n'a pas été prononcé, nous continuons. »
Sophie Albanesi