ILLUSIONS VERTES

Publié le par Résistance verte

L’art de se poser les mauvaises questions

Chaque jour, les nouvelles concernant le changement climatique et les dommages qui l’accompagnent sont de pire en pire. Pour bon nombre d’environnementalistes, la réponse est simple: un changement d’énergie. C’est-à-dire, passer des combustibles fossiles aux énergies alternatives propres, vertes et renouvelables. Des citoyens bien intentionnés impliqués et des activistes sont montés dans ce train en marche.

Le problème avec cette solution simpliste: les choses ne sont pas aussi simples qu’il n’y parait, et « rien n’est jamais gratuit » en termes de consommation et de production énergétique. De plus, ce qu’on nous vend bien souvent étiqueté « vert » et « propre » n’est ni l’un ni l’autre. En lien avec ces vérités qui dérangent est sorti un livre provocant, qui tombe à pic, et dont bien peu ont entendu parler, il s’intitule « Les illusions vertes : les vilains secrets de l’énergie propre et le futur de l’environnementalisme », et a été écrit par Ozzie Zehner.

Comme l’écrit Zehner dès les premières pages, « ce n’est certainement pas un livre en faveur des alternatives énergétiques. Ce n’est pas non plus un livre contre. D’ailleurs nous n’allons pas en parler en usant des termes simplistes du pour ou du contre, de la gauche et de la droite, du bien et du mal… Finalement, c’est un livre de contrastes ». Le livre expose quelques-unes des faces « teintées » de la frénésie des énergies propres, ce faisant, il atténue la frénésie qui les entoure.

Ayant récemment moi-même lu le livre, j’ai décidé de contacter Ozzie et de lui poser les questions suivantes. Ci-dessous une retranscription de notre conversation électronique, qui s’est étendue sur les quelques derniers mois :

Steve Horn pour Truthout : Si vous deviez expliquer brièvement à quelqu’un ce qui ne va pas dans le mouvement écologiste US actuellement, que diriez-vous et pourquoi ?

Ozzie Zehner : Je dirais que le mouvement écologiste s’est lui-même relégué au rang de supporter et majorette et qu’il est temps de s’éloigner de cette mascarade. Je rencontre un enthousiasme sans limite à propos de la création de changement positif lorsque je dialogue avec des groupes écologistes. Malheureusement, le mouvement écologiste mainstream (grand public) canalise cette énergie vers des priorités de plus en plus corporatistes et « productivistes ».

Maintenant, je l’admets, il est difficile de dire que nous ayons jamais eu un mouvement écologiste vraiment transformateur, mais si vous remontez 50 ans en arrière, les activistes étaient sur une bien meilleure voie. Les écologistes les plus prééminents vivaient modestement, remettant en question les assomptions économiques dominantes, et imaginant des stratégies durables pour la prospérité humaine qui étaient plus en adéquation avec la partie non-humaine de la planète. Cette humilité a été largement érodée.

L’environnementalisme moderne s’est reconverti en un exutoire pour entrepreneurs forestiers, compagnies énergétiques et automobiles; en une tribune dans les médias sociaux, en faveur du consumérisme, de la croissance et de la production énergétique — un pourvoyeur d’illusions vertes institutionnalisé. Si vous cherchez des preuves, rendez-vous à n’importe quel rassemblement climatique et vous verrez tout un tas de stands de produits verts, d’emplois verts et d’énergies vertes. Ceux-ci ne serviront à rien dans la résolution de la crise que nous traversons, qui n’est pas une crise d’énergie mais plutôt de consommation.

Le solaire/éolien peut-il un jour remplacer les combustibles fossiles ou est-ce une mauvaise façon d’aborder la conversation sur le climat/énergie ? Si c’est le cas, alors quelles sont les bonnes façons d’aborder cette conversation et que peut-on faire pour sauver ce qui semble être une fuite croissante vers un changement climatique effrayant ?

Ozzie Zehner : Il y a cette impression de choix entre combustibles fossiles et technologies énergétiques propres comme les panneaux solaires et les éoliennes. Ce choix est une illusion. Ces technologies alternatives reposent, à tous leurs stades de production, sur les combustibles fossiles. Les technologies alternatives dépendent des combustibles fossiles lors des opérations d’extractions, dans les usines de fabrications, pour l’installation, la maintenance, et le démantèlement. En plus, à cause de l’irrégularité de production du solaire et de l’éolien, ces technologies requièrent des centrales à combustibles fossiles opérationnelles en parallèle et en permanence. Et, plus significatif encore, le financement des énergies alternatives dépend du type de croissance soutenu par les combustibles fossiles.

Par exemple, prenez le nouveau Trust Fund pour la sécurité énergétique d’Obama. Il vise à étendre les forages pétroliers offshore afin de fournir une base financière, via l’impôt — pour le développement des technologies énergétiques alternatives —, mais qui, à son tour, se transformera en croissance économique. L’ironie de cette proposition présidentielle est qu’elle expose la façon dont les technologies alternatives dépendent des arrangements économiques qui dépendent eux des combustibles fossiles. Et, si elles fonctionnent comme prévu, ces technologies énergétiques engendreront le genre de croissance à même de faire monter la pression sur les extractions et l’utilisation des combustibles fossiles pour bon nombre d’années.

Il y a un malentendu qui laisse entendre qu’une fois que les technologies énergétiques alternatives auront décollé, elles pourront voler d’elles-mêmes. Mais il vaut mieux concevoir les technologies énergétiques alternatives comme des sous-produits des combustibles fossiles. Il est notamment plus cher de construire une éolienne aujourd’hui qu’il y a une décennie. Les biocarburants dépendent des engrais pétrochimiques et d’une agriculture énergivore. Et bien que les subventions permettent une baisse rapide des coûts de production du solaire, les dépenses principales d’un système à énergie solaire correspondent à son installation, son entretien, sa maintenance, son assurance et d’autres coûts « low-tech », selon la plus importante base de donnée de Californie.

Les coûts élevés du solaire et de l’éolien exposent les combustibles fossiles cachés derrière le rideau. Si nous voulons vraiment nous attaquer au changement climatique et aux nombreuses conséquences de la production énergétique, rien n’indique que des coûts énergétiques plus bas et la croissance soient la direction à suivre. La solution est explicite, vraiment. Nous devons, au fil du temps, énormément réduire et la consommation et le nombre de personnes qui consomment.

Vous mentionnez « productiviste » et « corporatiste » à la fois ici et dans votre livre. Entendez-vous par là « néolibéral » ? Le problème est-il que le mouvement écologiste actuel, appelons-le ainsi, ne comprend pas les fondamentaux de l’ordre socio-économique actuel ?

Ozzie Zehner : Le néolibéralisme, l’idée que les marchés débridés de ressources privatisées mène à la prospérité, n’est qu’un arrangement humain qui se conçoit sous l’égide plus large du productivisme. Il est tentant de simplement se concentrer sur la critique des marchés et de l’accumulation des richesses.

Il y a de nombreuses injustices dans ce domaine, c’est entendu. Mais nous devrions aussi parler de procréation humaine, d’éthique du travail, de production d’énergie alternative, ou des nombreuses autres quêtes productivistes. Ces narratifs ont un lien commun — qui est que ce qui est produit est bon, et que ceux qui produisent doivent être récompensés. Ce qui, sur une planète finie, pose problème, et le mot est faible.

Notre planète est limitée en ressources et dans sa capacité à encaisser les impacts des activités humaines. Remettre en question le modèle néolibéral dominant peut aider à partager ces ressources et ces risques équitablement. Cependant, les narratifs précaires de croissance et de productivisme sont plus vastes que le simple néolibéralisme, ou capitalisme.

Les libertariens et les partisans du Tea Party, souscrivent à cet état d’esprit de croissance libre, mais les démocrates et les républicains aussi. Même les verts et les socialistes ne sont pas indifférents au langage séduisant du productivisme. Je ne connais qu’un seul candidat politique aux USA qui ait fait campagne sur le thème d’un ralentissement de la machine dans l’optique de préserver la prospérité sur le long-terme: Dave Gardner, qui s’est présenté en tant que maire de Colorado Springs et qui a réalisé un film intitulé Growthbusters [en français: Le mythe de la croissance, NdT].

Nous avons vu la croissance matérielle et la prospérité marcher main dans la main pendant si longtemps qu’on ne sait plus à quoi elles ressemblent séparément. Et ça va devoir changer. Nous ferions peut-être mieux de réorienter, ou au moins de reconnaître nos penchants productivistes dès maintenant. Autrement, Dame Nature nous fera comprendre l’insoutenabilité de nos systèmes de croyances d’une façon moins agréable.

Guy McPherson utilise l’expression « dérivés des combustibles fossiles », ce qui correspond à votre analyse. Est-ce une meilleure manière d’encadrer le débat: combustibles fossiles VS dérivés des combustibles fossiles ? Il n’y a pas d’énergie « propre » alors, pas vrai ? Pas de source d’énergie « miracle », ou est-ce que la « solution miracle » serait de créer un monde différent ?

Ozzie Zehner : La solution miracle serait d’envisager un peuplement prospère, mais cependant moins important et moins consommateur. Dans le système énergétique moderne, les énergies alternatives ne sont finalement que des façons alternatives de brûler des combustibles fossiles, compte tenu des effets secondaires des alternatives et de leurs limitations. J’aimerais que cela ne soit pas le cas, mais voilà ce que l’évidence nous pousse à conclure.

Puisque le vent et la lumière du soleil sont gratuites, pourquoi l’éolien et le solaire sont-ils si chers ? Le solaire et l’éolien devraient être très bon marché – bien moins cher que les combustibles fossiles.

Mais ils ne sont pas bon marché du tout. Même avec des subventions massives, nous voyons des compagnies faire faillite en s’essayant sur ce marché. Et puis il reste à évaluer le coût de la construction de batteries, des centrales électriques « tampons », et des autres infrastructures qui émergent du fait de leur production énergétique de basse qualité et intermittente. Finalement, il faut reconsidérer l’extractivisme, les problèmes de santé, de pollution et des déchets des technologies « renouvelables”. Par exemple, nous apprenons actuellement que l’industrie de la cellule solaire est l’un des émetteurs croissants de gaz à effet de serre virulent comme l’hexafluorure de soufre, qui a un potentiel de réchauffement 23 000 fois supérieur au CO2, selon l’IPCC (GIEC).

Une énergie « propre » ça n’existe pas, mais consommer moins d’énergie, ça existe. Toute technique de génération d’énergie a des effets secondaires et des limites. La meilleure façon d’éviter ces conséquences négatives est d’utiliser moins d’énergie globalement. Cette stratégie a aussi des effets secondaires et des limites, mais au moins ceux-ci peuvent être appréhendés dans le cadre des lois de la physique sur notre planète finie.

Croyez-vous à plus forte raison en ce point de vue de la « fin de la croissance”, soutenu entre autres par Richard Heinberg et d’autres de cette école de pensée ?

Ozzie Zehner : Notre succès futur reposera sur notre capacité à faire baisser la population sur la durée, tout en réduisant la consommation per-capita. Comment faire cela en maintenant la satisfaction de la vie ?

C’est la question que Richard Heinberg, Curtis White, Albert  Bartlett, Paul et Anne Erhlich, Jeff Gibbs et moi-même posons, ainsi que certains membres du mouvement français pour la décroissance, et d’autres. Nous n’avons certainement pas toutes les réponses – loin de là. Il n’y a pas beaucoup de place pour discuter de ces sujets au sein du mouvement progressiste actuel, mais j’invite tout le monde à nous rejoindre et à créer cet espace. La première étape c’est donc de nous débarrasser de ces illusions des énergies vertes et d’avoir une pensée plus critique envers la croissance perpétuelle. Ensuite, j’imagine que l’on sera capable de poser des questions plus claires et peut-être d’imaginer ce à quoi ressemble une civilisation [sic] vraiment avancée [re-sic].

Et à propos de la biomasse, ou biochar, le dernier ayant été vanté par des écologistes comme une forme « d’or noir » ? Est-ce une solution ou est-ce encore un pétard mouillé ?

Ozzie Zehner : J’ai récemment visité une nouvelle usine d’incinération d’arbres sur le campus de l’université de Colombie Britannique. L’université se vante d’utiliser l’incinération d’arbres pour alimenter les bâtiments inefficients de son campus. La pratique de l’incinération d’arbres est désignée par un certain nombre d’appellations déposées, ces temps-ci : biomasse, biochar, sylviculture soutenable, déforestation sélective, chauffage et énergie combinés, et d’autres.

Les partisans de la biomasse à Vancouver m’ont dit que leur usine était : neutre en émissions de CO2, ne brûlait que des déchets – deux des principaux points utilisés par l’industrie orientée vers le profit, afin de convaincre les citoyens. Mais, comme dans bien d’autres formes de marketing, ils s’engagent dans une pratique de détournement.

Une minute suffit pour incinérer un arbre dans une usine de biomasse, mais en faire pousser un requiert des décennies. Et comment de jeunes pousses pourraient-elles repartir si vous avez retiré les soi-disant matériaux « déchets » de la forêt [les débris, autrement dit, si vous retirez régulièrement et massivement les troncs des arbres coupés, vous appauvrissez énormément le sol, c’est absolument insoutenable, NdT] ? Les recherches montrent que les forêts ne retournent pas à leur état d’origine en repoussant, évidemment, et que les usines à biomasse émettent bien plus de CO2 que les usines de charbon ou de gaz naturel.

Si nous vivions sur une planète infinie et si nous avions une machine à remonter le temps, alors peut-être que la biomasse pourrait être soutenable. Cependant, dans notre monde fini, les forêts sont une ressource en train d’être épuisée tout comme les combustibles fossiles. Elles sont aussi nos poumons. C’est pourquoi les brûler est la voie la plus rapide vers l’effondrement de la civilisation.

Les voitures électriques ? Vous avez dédié un certain espace dans votre livre afin d’expliquer pourquoi ça n’était pas la solution. Pourquoi pas ? Il y a eu deux documentaires grand public concluant qu’elles étaient la solution miracle.

Ozzie Zehner : Construire une boite métallique sur roues et lui faire parcourir des milliers de kilomètres sur la route requiert beaucoup d’énergie. Aucun moyen physique ne permet d’éviter cette consommation. Les compagnies électriques n’ont pas réussi à outrepasser les lois physiques. Mais elles ont réussi à propager l’illusion de l’avoir fait.

Les voitures électriques peuvent effectivement sembler propres, si vos œillères sont d’une certaine taille. Et si vous lisez les rapports de l’industrie, de groupes politiques, et des départements universitaires de l’UC-Davis, du MIT, de Stanford, ou de l’université d’Indiana, qui sont en partenariat avec cette industrie, c’est ce que vous remarquerez — des questions restreintes qui mesurent des données facilement accessibles et pouvant être quantifiées en un semestre. Considérées indépendamment, elles peuvent présenter un intérêt relatif, le problème, c’est que les partisans des voitures électriques mettent en avant ces études plus que partielles pour repeindre en vert toute l’industrie.

Heureusement, nous avons un autre point de référence à considérer. Les chercheurs de l’académie nationale des sciences ont pris du recul. Ils ont enquêté sur le cycle entier d’une voiture électrique et ont consciencieusement comparé son impact aux données épidémiologiques provenant de chaque comté des États-Unis. Ils en ont conclu que les voitures électriques engendraient simplement un panel d’effets secondaires différents. Simplement, ces effets secondaires ne sortent pas d’un pot d’échappement, là où nous sommes habitués à les voir.

Par-dessus le marché, les chercheurs n’ont trouvé aucun bénéfice à la voiture électrique une fois pris en compte un éventail des dommages plus large — notamment ceux issus de la fabrication. Les académies nationales se font vieilles, mais c’est le mieux que nous ayons grâce à leur indépendance et à leur complétion. Elles sont commissionnées par le congrès — nous payons donc — et sont aidées par 100 des meilleurs conseillers scientifiques de la nation. Un rapport plus récent du bureau du congrès parvient aux mêmes conclusions.

Pourquoi le mouvement écologiste principal [mainstream, NdT] se dirige-t-il dans cette direction ? Est-ce un problème de financement corporatiste derrière les groupes activistes, accompagné d’un problème d’activistes bien intentionnés qui « avalent la pilule » ?

Ozzie Zehner : Les groupes écologistes mainstream (grand public) troquent leurs principes contre du pouvoir à une vitesse suspecte. Les énergies alternatives ne sont pas les seules à dépendre des combustibles fossiles. Les groupes environnementaux aussi. Ils dépendent des financements qui proviennent de l’excès de richesses qui s’accumule comme de l’écume au sommet de l’économie des combustibles fossiles. Mais il ne s’agit pas que d’argent. Il y a aussi d’autres influences.

Les groupes écologistes mainstream semblent obsédés par les gadgets technologiques et ont succombé à la pensée fantaisiste les entourant. La dernière chose que vous voulez donner à une population croissante de gros consommateurs ce sont des énergies plus « vertes ». Même si elles fonctionnaient comme annoncé, qui sait ce que nous en ferions ; probablement rien de bien pour les autres espèces ou la planète, ou, en ce qui la concerne, pour la prospérité humaine sur le long terme.

En plus de l’argent et de la pensée magique, nous retrouvons des « effets silo ». C’est-à-dire, le fait de poser des questions limitées, s’inscrivant dans un cadre bien défini, auxquelles il est possible de répondre avec les méthodes disponibles. Nous avons observé, dans les sciences sociales et humaines, un déclin des manières d’appréhender notre monde, comme si l’esprit humain et le monde naturel n’étaient que des matériaux destinés à être titrés dans des tubes à essai. Nous avons peur de poser des questions auxquelles les méthodologies
savantes, que nous avons mises en place, ne pourraient pas répondre.
Et enfin, il y a l’influence des médias, que j’analyse dans un chapitre entier de mon livre « les illusions vertes ». Les médias « verts » deviennent une bataille médiatique — un concours de modèles à moitié-concluants et d’expériences scientifiques de salon glorifiées. Ça n’a pas à être ainsi. Nous pouvons changer tout cela si nous sommes prêts à penser et à enquêter différemment en tant que citoyens concernés.

A quoi ressemblerait la « décroissance » en tant que mouvement ? Y a-t-il des exemples de communautés/états-nations y participant en ce moment ? Et en voyez-vous des exemples aux USA, disons, dans le mouvement Occupy ?

Ozzie Zehner : Je ne peux pas vraiment dire à quoi la décroissance ressemblera, mais j’imagine qu’elle se basera sur un paysage conceptuel différent. Nous avons beaucoup extrapolé autour des technologies vertes et nous effectuons des comparaisons qui sont vouées à satisfaire ces préconceptions. En résultat nous nous retrouvons avec un mouvement écologiste qui pose les mauvaises questions sur la croissance, l’économie, l’équité et les risques globaux.

Prenez, par exemple, la pratique des groupes écologistes mainstream de dénigrement des voitures roulant au pétrole afin de promouvoir les voitures électriques. Évidemment, les voitures roulant au pétrole sont polluantes et chères. Elles tuent des dizaines de milliers de gens chaque année. Mais les utiliser comme seuil d’évaluation des technologies vertes c’est placer la barre bien bas. Même si les chercheurs des académies nationales se trompent — et que les voitures électriques dépassent ce seuil un jour — il y a un autre problème. Comment les voitures électriques supportent-elles la comparaison avec l’éventail complet des moyens de transport dont nous disposons, comme les transports en commun, le vélo et la marche ?

Les subventions pour les voitures électriques ne sont au final que des subventions pour la culture de la voiture (« car culture ») et pour les infrastructures qui l’accompagnent. La culture de la voiture n’est pas soutenable dans le cadre des limites à la croissance auxquelles nous faisons face. Les options de transport plus durables dont nous disposons sont le vélo et la marche. Mais le congrès des États-Unis a quasiment éliminé les subventions pour les pistes cyclables et les voies piétonnes — même s’il subventionne chaque acheteur de voiture électrique à hauteur de milliers de dollars. Et le congrès a mis en place cet embarras national tragique avec le soutien total des groupes écologistes les plus importants de ce pays.

Nous sommes tellement loin de la découverte de solutions. Nous devons d’abord changer nos questions. Nous devons cesser de faire l’apologie de la croissance verte, des emplois verts, des bâtiments verts, des business verts, et commencer à nous interroger sur ces préjugés qui sous-tendent que la croissance matérielle garantira la prospérité sur le long-terme. Le parti pour la diminution du travail de la Colombie britannique, aux côtés du mouvement français pour la décroissance, se tourne vers différentes sortes de questions. Occupy, en tant qu’idéal politique, commence aussi à construire de nouvelles fondations. A mesure que les illusions vertes se dévoileront, durant les années à venir, nous obtiendrons des opportunités pour mettre en place un nouvel environnementalisme, une nouvelle écologie, ou peut-être une écologie redécouverte, ce qui sera, je suppose, à la fois frustrant et exaltant.

Ozzie Zehner
Auteur du livre « Green Illusions » (en français : Les Illusions vertes).

http://partage-le.com/2015/03/les-illusions-vertes-ou-lart-de-se-poser-les-mauvaises-questions/

Publié dans Environnement

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