SURVEILLANCE DE L’IMPACT DES RETOMBÉES RADIOACTIVES

Publié le par Résistance verte

SURVEILLER LA RADIOACTIVITÉ DE MANIÈRE INDÉPENDANTE

En cas de catastrophe nucléaire, il est important de disposer rapidement  d’une évaluation fiable de la nature et de l’intensité de la contamination afin d’évaluer la pertinence  des mesures de protection que les autorités  mettent en œuvre (ou pas) au niveau collectif et de pouvoir conseiller les citoyens sur les mesures individuelles.

En 1986, en réaction aux mensonges des autorités françaises sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl (http://www.criirad.org/tchernobyl/cp-tchernobyl-25avril2016.pdf), des  citoyens ont  créé  la CRIIRAD  (Commission de Recherche et  d’Information Indépendantes sur la RADioactivité). La CRIIRAD dispose de son propre  laboratoire d'analyse de la radioactivité et gère, avec le soutien de collectivités locales, un réseau de balises (http://balises.criirad.org/index.htm), dans la vallée du Rhône, afin d’être en capacité de détecter, dans les meilleurs délais, une contamination radioactive de l’atmosphère.

En complément de ces outils, la CRIIRAD a décidé de développer sur le territoire national, un réseau de préleveurs bénévoles. Il s’agit de citoyens, adhérents  à l’association CRIIRAD, formés par le personnel du laboratoire et capables d’effectuer des mesures radiamétriques  et des prélèvements  d’eau de pluie, du couvert végétal et du sol en cas de suspicion de contamination.

LA CONTAMINATION DURABLE DES SOLS PAR LE CÉSIUM 137

Entre février et avril 2017, 20 bénévoles ont collecté des échantillons de sol dans le quart sud-est de la France. Les analyses radiologiques effectuées au laboratoire de la CRIIRAD permettent de disposer d’un d’état des lieux qui servira de référence en cas de retombées futures.

Le césium 137, un élément radioactif artificiel est détecté  dans les 20 échantillons de sol prélevés entre février et avril 2017, à des niveaux de quelques Bq/kg à quelques dizaines de becquerels par kilogramme. Il s’agit de la contamination  résiduelle imputable aux retombées des essais nucléaires atmosphériques particulièrement intenses dans les années 50-60 et à celles de Tchernobyl en 1986. En effet, la période physique du césium 137 est de trente ans, c’est le temps nécessaire pour que sa radioactivité soit divisée par deux.

Il existe sur le territoire français des secteurs où la contamination par le césium 137 a pu s’accumuler de manière spécifique, comme le montrent les mesures effectuées par la CRIIRAD en 2015 au pied des hêtres (1 130 Bq/kg sec) et dans des fonds de  dolines du Vercors (8 000 Bq/kg sec — http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/Rapport_N_17-34_Sols_Rhône-Alpes.pdf) ou des  sols du Mercantour (plus de 100 000 Bq/kg — http://www.criirad.org/tchernobyl/cp-tchernobyl-25avril2016.pdf). Les études réalisées récemment  par le laboratoire de la CRIIRAD, avec le soutien financier du Conseil Régional Rhône-Alpes ont permis de montrer  que 80 % du césium 137 est présent dans les 20 premiers centimètres de sol et que certaines espèces de  champignons (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/etude-champignons.pdf) restent  contaminées par  le césium 137 à des niveaux significatifs (plus de 100 Bq/kg  frais pour des  bolets bais et des chanterelles en tube de la Loire). Si ces champignons avaient été cueillis au Japon, à ces niveaux de contamination, ils n’auraient pas pu être exportés ni franchir les frontières de l’Europe.

MISE EN LIGNE EN AVRIL 2017 DE L’ATLAS DE LA CONTAMINATION DES SOLS

L’ouvrage « Contaminations radioactives : Atlas France et Europe » publié en 2002 aux éditions le Souffle d’Or est accessible gratuitement sur internet depuis avril 2017. (http://www.yvesmichel.org/editions/wp-content/uploads/2017/01/Contaminations-radioactives-atlas-France-et-Europe-br.pdf)

La CRIIRAD y présente,  en première partie,  le dossier accablant qu'elle a constitué,  tout  au long des années, sur le mensonge de Tchernobyl, passant au crible les informations et les cartes publiées par les services officiels. La  carte  présentée page  20, basée  sur l’analyse au laboratoire  de  la  CRIIRAD de carottages de sol effectués entre 1987 et 1992 au niveau de 169 communes, montre l’intensité des dépôts de césium 137 de Tchernobyl. A cette époque, du fait de la persistance du césium 134, la CRIIRAD a pu distinguer la contamination imputable à Tchernobyl de celle, antérieure, liée aux essais nucléaires militaires.

Les services de l’Etat ont bien menti aux populations françaises, en 1986, sur les dépôts de radioactivité consécutifs à la catastrophe de Tchernobyl. Les niveaux de contamination, en particulier sur une bande Est, allant de la Corse à l’Alsace justifiaient pleinement que des mesures de protection soient mises en œuvre. La France fut à l’époque un des rares Etats à n’avoir mis en place aucune mesure de protection.

Entre 1999 et 2001, le géologue indépendant André Paris a réalisé plus de 3000 mesures dans toute  la France, et jusqu'en Ukraine, au coeur de la zone interdite. Les activités en césium 137 reportées  sur les cartes de l’Atlas, déterminées selon une méthodologie établie avec le laboratoire de la CRIIRAD, rendent compte de la contamination superficielle des sols dits « de bonne conservation ». Quatorze ans après la catastrophe, les sols restaient  contaminés par le césium 137 provenant essentiellement  du reliquat des retombées des essais nucléaires atmosphériques, particulièrement intenses dans les années 50-60 et des retombées de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Du fait de la disparition du césium 134, il n’était plus possible alors de discriminer les différentes contributions. La question des « points d’accumulation » est également abordée dans cet ouvrage.


Bruno CHAREYRON,
ingénieur en physique nucléaire, directeur du laboratoire de la CRIIRAD

BIBLIOGRAPHIE / RÉFÉRENCES

• Rapport CRIIRAD d’avril 2017 sur  la contamination des champignons en Rhône -Alpes. (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/Rapport_CRIIRAD_16-58_Champignons.pdf)

• Rapport CRIIRAD d’avril 2017 sur la contamination des sols en Rhône-Alpes (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/Rapport_N_17-34_Sols_Rhône-Alpes.pdf)

• Note CRIIRAD d’avril 2017 “Analyse de sol superficiel dans le cadre de la mise en place d’un Réseau de préleveurs bénévoles CRIIRAD” (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/Note_CRIIRAD_N_17 -36_Réseau_préleveurs.pdf)

• Video CRIIRAD de juillet 2015 montrant la forte contamination des sols du Mercantour (https://www.youtube.com/watch?v=xkbaIhCYqko&list=PL3IbOGKW-BxbdA2NLOAbFNKfSZSvDw6-Z)

• Synthèse CRIIRAD “Les preuves du Mensonge”, 2002 (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/atlasp7a27.pdf).

Ce document démontre l’écart entre l’intensité des retombées de Tchernobyl en France évaluées par les services de l’Etat en 1986 et la réalité mise en évidence par les carottages de sol effectués par le laboratoire de la CRIIRAD.

• Carte des retombées en césium 137 de Tchernobyl sur le territoire Français publiée par la CRIIRAD sur la base de carottages de sol effectués entre 1987 et 1993 (http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/atlascartep21.gif)

• Article en Anglais : “Chernobyl fallout over France, the specific situation of the Alpine (http://www.criirad.org/english/chernobyl-fallout.pdf)


http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/CP_CRIIRAD_2017_04_26_Tchernobyl.pdf

Publié dans Nucléaire

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