NOTRE RADICALITÉ ASSUMÉE, JOYEUSE ET EXPLIQUÉE, OU POURQUOI FOUTRE LE FEU
Ce texte pour vous faire part de notre rage et de nos actions comme étant l'expression d'une position politique. Le mouvement social du printemps dernier contre la loi travail ne fut pas habituel. À Saint‑Étienne comme ailleurs, des tags et/ou autres actions illégales, mais légitimes à nos yeux, ont parsemés les trajets des manifestations. Nous savons l'étonnement, voire le rejet de ses actions chez une partie non négligeable des manifestants. Mais nous souhaitons continuer et de plus belle, voilà pourquoi ce texte.
Ces actions traduisent une volonté de combat radical. Radical, ça ne veut pas dire extrême, contrairement à ce qu'en dit la propagande médiatique, ça veut dire qui remonte à la racine. Nous ne voulons plus aménager les rejets d'un arbre en soit mauvais, nous cherchons à remonter à la source des problèmes, à leurs racines et à les mettre au feu, d'où émergera un terrain libre pour une belle repousse, un nouveau jardinage... Nous ne voulons plus gérer les nuisances, mais nous attaquer au système qui les produit. Nous mesurons l'aberration d'une existence asservie à la logique capitaliste et nous mettons notre indignation en acte.
En d'autres termes, la loi travail n'est pour nous qu'une occasion de plus de questionner la loi comme moyen légal d'oppression de la classe dominante et le travail comme esclavage moderne. En taguant et en attaquant banques, publicités et autres symboles similaires, nous pointons du doigt là où commence le problème. Nous affirmons notre puissance d'être à l'égard d'un pouvoir froid, nauséabond et mortifère. Nous sommes joyeux de repeindre en couleurs la violence que l'on injecte à notre émancipation. Nous n'en pouvons plus de voir le monde s'ankyloser dans sa propre mise à mort. C'est pour le vivant et l'imagination d'une société meilleure que nous nous permettons de mettre du désordre.
Nous entendons déjà et toujours que nos actions sont contre-productives, mais la politique ne doit pas à tout prix être efficace, sous peine de se transformer en simple gestion des choses et des hommes, gestion qui trouve d'ailleurs sa meilleure efficacité dans l'actuelle dictature du profit. Ce qui est urgent, c'est de retrouver la politique ailleurs que dans les mains des politiciens, des médias et des multinationales. Si nous voulons changer l'ordre des choses, il faudra bien un moment assumer le désordre créatif et constructif de notre réappropriation du politique.
Vous avez le droit et peut être même raison de dire que nous avons tord. Mais, s'il vous plait, n'écoutez pas la communication du pouvoir, nous ne sommes pas des casseurs débiles en manque de sensations fortes... Nous essayons de poser des actes politiques conflictuels. Pour la possibilité d'imaginer un monde meilleur, nous sommes convaincus de la nécessité de mettre à la casse ce qui nous casse.
Bien à vous.
(Tract distribué le 15 septembre à la manifestation de St-Etienne)
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Tous les parcours proposés par la CGT ont été refusés par la préfecture de la Loire pour ce 15 septembre, donc la manif a été sauvage partout à St Etienne.