POLLUTION PIÈGE A CONS ?

Publié le par Résistance verte

 

La plupart des révolutionnaires ont rapidement compris l’intérêt profond de la bourgeoisie lorsqu’elle s’empare du problème de la pollution. Ils ont bien vu qu’il s’agissait d’un nouveau moyen pour perpétuer le capitalisme et améliorer son image de marque. De là à conclure : « Pollution piège à cons, laissons les bourgeois se débrouiller seuls », il n’y a qu’un pas que beaucoup s’apprêteraient à franchir allègrement. Si la bourgeoisie parle de « changer la qualité de la vie » à propos de la pollution, c’est qu’elle sait, elle, pourquoi le prolétariat parle de plus en plus de la révolution. Il s’agit là d’une grossière récupération idéologique de la critique radicale de la vie quotidienne exprimée par l’I.S. (21) et reprise par tous les révolutionnaires. C’est parce qu’ils ont toujours négligé et saboté tout combat sur ce terrain que les vieilles gauches (des staliniens aux ultra-gauchistes compris), partis et syndicats restent désarmés devant la pollution. Prendre la pollution pour un piège à cons c’est oublier un peu trop vite que la pollution est un danger réel, immédiat, et qu’il va s’amplifiant. Elle est l’aboutissement mortel d’un système qui a dégradé tous les aspects de la vie.

(21) « Internationale Situationniste »

 

 

DOMINATION DE LA NATURE ET REBOISEMENT DE LA VIE

Le projet prolétarien ne sera pas seulement de changer la vie, il sera aussi de la conserver et de la redonner. Ce projet va devenir de moins en moins obscur pour un nombre toujours plus grand de prolétaires. La domination de la nature reste et restera toujours la base de l’émancipation humaine. Dominer la nature ne veut pas dire la piller et la gaspiller pour finalement la détruire, mais l’utiliser rationnellement et passionnément. Seul le prolétariat (23), en mettant fin au règne de l’économie du profit et du travail, mettra fin, par là même, à la destruction de la nature. Dans la société communiste (c’est-à-dire la société sans classe et sans État et non les caricatures totalitaires qui sévissent en U.R.S.S., à Cuba, en Chine et ailleurs...), les hommes ne produiront que ce dont ils auront besoin (23) et utiliseront harmonieusement et avec imagination tout l’espace (abolition des "réserves" et autres "parcs").

Avec l’ampleur que va prendre le problème de la pollution, de nombreux groupes et organisations vont se créer dans les années à venir. Aux U.S.A. certains de ces groupes deviennent naturellement des groupes révolutionnaires. Ici comme ailleurs, marchands, curés, bureaucrates, humanistes vont utiliser la pollution pour récupérations électorales et autres sottises (24). En France, le pouvoir a déjà mis en place ses propres organisations et groupes. Tous ceux qui vont engager le combat sur le terrain de la pollution sauront désormais que ce problème, comme tous les autres, est inséparable de l’urgence de la révolution. Les hommes qui viendront après nous ne pourront pas et ne devront pas se payer le luxe de l’héritage bourgeois de la pollution. La lutte contre la pollution sera révolutionnaire ou ne sera pas.

Montpellier, avril 1971.

(23) qui en s'émancipant lui-même émancipe l’humanité entière.

(23) Ils auront le pouvoir sur la production et sur la consommation. La séparation entre le producteur et le consommateur sera abolie.

(24) Il faut combattre également l’idéologie du mythe du retour à la nature que soutiennent les réactionnaires de tout poil et qui rêvent à un retour à la société pré-industrielle.

Extraits d'une brochure éditée en avril 1971 (il y a un demi siècle) intitulée "De la pollution considérée sous tout ses aspects".

Publié dans Histoire

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